Quelle est votre vision stratégique du Digital Learning ?

Florent Grisaud-Verrier : Chez MBDA, nous sommes engagés depuis plusieurs années à transformer et à digitaliser les contenus de formation learning pour développer l'autonomisation des collaborateurs dans leur développement professionnel ainsi qu’une culture de l'apprentissage continu. Nos programmes de formation, sous forme de « voyages d’apprentissage », s'appuient sur un écosystème d'outils spécialisés pour procurer des expériences personnalisées et interactives, rendant chaque collaborateur acteur de sa montée en compétences dans un environnement professionnel en constante évolution.

Quelle est la place de l’IA dans celle-ci ?

Florent Grisaud-Verrier : Pour nous, comme entreprise de haute technologie à forte croissance et dans un contexte de transformation permanente, l’enjeu, c’est d’aider les collaborateurs à monter plus rapidement en compétences grâce à des solutions de Digital Learning « juste à temps ». Dans cette optique, l’IA générative s’est avérée être un accélérateur intéressant dans la conception comme dans la production du contenu d'apprentissage numérique, tout en renforçant l’impact des parcours de formation du point de vue des collaborateurs. De plus, cette stratégie souligne notre engagement à rester à la pointe de l'innovation technologique dans la formation et le développement professionnel.

Comment avez-vous structuré ce POC ?

Florent Grisaud-Verrier : Notre approche de l'intelligence artificielle générative s’est structurée autour de trois phases : exploration, prototypage et industrialisation. Cette démarche a donc commencé sous l’égide du « test & learn » (tester et apprendre) pour évaluer notamment les gains de productivité que l'IA pouvait apporter, tout en explorant de nouvelles méthodes pour l'ingénierie de la formation. Chaque phase visait à intégrer progressivement l'IA dans nos processus : prototypage puis passage à l'échelle plus large, pour confirmer la durabilité et l’efficacité de cette innovation. Les nombreux profils pluridisciplinaires et passionnés de nouvelles technologies de notre équipe Digital Learning & Innovation s’est astreinte à identifier, sélectionner et « prompter » les IA Génératives utiles à notre projet. Maxime Favero et Youssouf Mogalia, en particulier, ont réalisé ces interfaces génératives d’un point de vue technique, l’intégration d’un agent conversationnel dans un module de formation classique, par exemple, ou la génération de l’univers graphique.

Dans quels cas d’usage, ce potentiel peut-il s’exprimer ?

Florent Grisaud-Verrier : La capacité de l’IA générative à remodeler l'apprentissage et le développement s’est principalement illustrée dans trois cas d'usage. D’abord, l’IA générative permet d’améliorer la création de matériel d'apprentissage numérique, en adaptant le contenu aux modèles et aux besoins d'apprentissage individuels via l'intégration transparente de divers outils d'IA. Ensuite, l’apprentissage interactif fondé sur les avatars : l’IA générative enrichit grandement l'expérience d'apprentissage en proposant une présence virtuelle interactive et engageante qui surmonte les contraintes traditionnelles de temps et de lieu. Enfin, l’IA générative intègre des chatbots intelligents dans le contenu et les plateformes d'apprentissage, assistant les apprenants, répondant à leurs demandes de renseignements, commentant de façon personnalisée pour garantir une progression d'apprentissage ininterrompue.

Je n’oublierai pas de mentionner le défi de la sécurité, primordiale dans notre industrie, surtout compte tenu du caractère souvent confidentiel des informations que nous manipulons ni d’insister assez sur notre souhait d’une démarche expérimentale pour intégrer l'intelligence artificielle générative dans des preuves de concept (POC). Cette exploration nous a confrontés à des défis techniques significatifs qui ont stimulé notre innovation tout en renforçant notre vigilance sur les questions de sécurité et de confidentialité.

Avec le recul, quelle a été la vraie valeur ajoutée de cet usage ?

Florent Grisaud-Verrier : Trois POC ont donc été développés autour de l'intégration d’outils d’IA générative, dont l'API ChatGPT. Les résultats sont brillants… Nous avons fortement accéléré dans le développement des ressources pédagogiques : de 3 mois à 3 jours ! La création de contenu de chatbots embarqués a, par ailleurs, ouvert la voie à de nouvelles méthodes d'apprentissage et au déploiement d’une nouvelle plateforme Skillsoft. Autrement dit, l'intégration de l’IA générative dans nos initiatives d'apprentissage et de développement a ouvert la voie à une révolution dans notre manière de perfectionner la formation et de développer les compétences. Aujourd’hui, nous pouvons travailler différemment pour relever les défis RH actuels, en préparant nos collaborateurs pour l'avenir, mais également en établissant de nouvelles références pour le secteur.

Plus globalement, repousser les limites de l’innovation, c’est un défi permanent d’une entreprise de pointe comme MBDA ?

Denis Gardin : Ce Trophée souligne notre détermination à préparer l'avenir et à continuer d'innover avec et pour nos collaborateurs. MBDA utilise l'IA depuis plus de vingt ans pour augmenter les capacités de ses systèmes d'armes et intègre l'intelligence artificielle générative pour accompagner ses collaborateurs et leur permettre de donner le meilleur d'eux-mêmes et de développer les compétences de demain. Cette digitalisation innovante développée au sein de notre département Learning & Development pour tous nos collaborateurs leur permet d'apprendre plus rapidement et facilite la transmission des connaissances.

Michel Diaz (Président, Jury des Trophées du Digital Learning 2024)