Les directions générales (respectivement les DRH) sont en effet à l’origine de 60% (respectivement 40%) des projets d’externalisation formation-RH de leur entreprise, dont les principaux motifs sont la complexité de la législation (33%), le besoin de créer de la valeur (32%) et la crise (16%). L’externalisation formation-RH apparaît donc comme une réponse à des besoins structurels, permanents, certes exacerbés par la crise mais non limités à sa conjoncture. Cette part des directions générales devrait pousser les responsables formation à anticiper. D’autant plus que les dirigeants sont 37% en 2013 (contre 19% en 2009) à considérer la formation comme une fonction stratégique… Une sorte d’appel implicite aux responsables formation : prière de se concentrer sur la stratégie de formation ! Ce qui tombe bien, car ce sont des missions non externalisables (normalement).
Autre constat, d’importance : les entreprises font appel de façon croissante à l’externalisation - 24% en 2013 contre 15% en 2009. Confirmation : ce sont surtout les fonctions de type « back office » - logistique (80%), administratif (70%), gestion du DIF (50%) - qui ont été externalisées. Avec, dans l’ordre, les objectifs suivants : réduire les coûts tout en augmentant la productivité (70%, très loin devant), se concentrer sur la stratégie pédagogique, bénéficier de conseils d’experts et améliorer la qualité des services. Primauté au « cost killing » et à la productivité de la formation. Ce qui n’est pas fait pour étonner : ce sont aussi les raisons invoquées par les responsables formation au développement du e-learning (Cf. étude le baromètre européen Crossknowledge-Féfaur-Ipsos). Un constat à mettre en relation avec les gains de productivité des « Learning Departments » aux États-Unis, dont l’effectif moyen pour 1.000 salariés est passé de 6,7 à 5,2 entre 2006 et 2011 selon une étude Bersin.
L’inquiétude de la fonction formation n’est sans doute pas étrangère au fait qu’un peu moins d’un quart des entreprises externalisent une partie des activités de formation. Inquiétude causée par la peur de dépendre du prestataire (51%), de devoir payer des coûts cachés (47%) ou de perdre ses compétences (35%). Largement irrationnelles, au moins pour les professionnels sensibles aux opportunités qu’offre ce temps libéré, et qui ont eu la curiosité d’aller plus loin dans les tenants et aboutissants de l’externalisation.
Ces chiffres dessinent une fonction qui s’interroge sur sa finalité, son environnement interne / externe et ses conditions d’exercice. Mais la croissance du marché de l’externalisation (demande et offre) témoigne que l’heure est déjà à l’action pour un quart des entreprises, dont les responsables formation sont bien déterminés à consacrer le meilleur de leur temps à ce qui fait le sel du métier !
Tribune initialement parue dans Focus RH sous la signature de Michel Diaz
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