Malgré des milliards investis, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Selon Josh Bersin, c’est l’ensemble du modèle de la formation qu’il faut jeter aux orties. L’IA ? Un catalyseur, pas une fin. Ce qui compte, c’est de remettre l’humain au centre… en changeant les règles du jeu.
De la formation à l’enablement : oser la rupture
Pour Josh Bersin, le temps des « learning programs » bien ficelés et fièrement déployés est révolu. Ce n’est pas qu’une question de technologie : « On ne parle plus de formation, mais de rendre les collaborateurs capables d’agir, de décider, d’évoluer en temps réel. C’est une logique d’enablement, pas d’acquisition de connaissances. » Il ne s’agit plus de transmettre un corpus figé, mais de développer la capacité d’agir dans un environnement mouvant, souvent flou, parfois brutal. L’effort n’est plus sur le contenu, il porte sur le contexte : pertinence, timing, granularité. « Le vrai enjeu, c’est d’abattre le mur entre savoir et action. L’IA rend cela possible sous réserve d’une réécriture du rôle de la formation.” Le LMS devient une pièce du puzzle. Ce qui compte, c’est la disposition à injecter du sens, au bon moment, dans le flux du travail. Ni plus, ni moins.
L’IA ? Personne n’est vraiment prêt…
Le constat est brutal : seuls 7 % des responsables L&D se disent compétents sur les outils d’IA. Ce n’est pas une simple statistique, c’est une alerte ! Pour Josh Bersin, ce déficit de compétences est le premier obstacle à la transformation : « Les directions formation attendent trop souvent que la vague passe. Or, on a affaire ici à une lame de fond. Il faut se former, expérimenter, prototyper. Surtout, cesser d’attendre des réponses toutes faites. » L’IA bouleverse les pratiques à une vitesse qu’aucun prestataire, aussi innovant soit-il, ne peut pas absorber seul. « Ceux qui avancent sont ceux qui bricolent, qui prennent des risques, qui font évoluer les rôles dans leurs équipes. Pas ceux qui attendent le bon outil. » Selon lui, la responsabilité est partagée : aux RH de s’autoformer, aux entreprises de dégager du temps et du budget, aux éditeurs de rendre l’IA utilisable par des non-spécialistes. La clé, comme souvent, tient au courage managérial. Celui de se confronter au réel.
Le périmètre RH ne suffit plus
À force de vouloir maîtriser les contenus, la fonction formation a peut-être raté le virage. L’heure n’est plus à la propriété des parcours, mais à la mise en mouvement des compétences. Josh Bersin est catégorique : « On ne peut plus séparer les enjeux de L&D de ceux de l’organisation du travail. Il faut repenser les rôles, les missions, les outils, et cela dépasse largement le périmètre RH. » L’avenir de la formation passe par la transformation des postes eux-mêmes. Cela suppose d’associer étroitement managers, les équipes métiers, et, éventuellement, les partenaires sociaux, car « Quand vous introduisez une IA générative dans un service client, par exemple, ce n’est pas une formation qu’il faut prévoir. C’est une redéfinition complète des attendus. » L’erreur serait de croire que tout cela peut s’orchestrer depuis une plateforme. Le changement passe par le design organisationnel, et la formation n’en est plus qu’un levier parmi d’autres.
Le marché investit, mais dans le mauvais sens
Alors que les budgets explosent, les effets concrets se font attendre. Josh Bersin n’est pas tendre avec les stratégies actuelles : « On continue de dépenser des fortunes dans des catalogues, des LMS complexes, des programmes qui cochent les cases. L’impact réel sur la performance reste cependant très faible. » C’est que l’obsession du contenu tue la dynamique d’apprentissage. Pour lui, l’avenir n’est pas dans l’offre, mais dans la capacité à répondre aux besoins émergents, à nourrir l’expérience au fil de l’action, à individualiser sans standardiser : « Le bon KPI aujourd’hui, ce n’est pas le taux de complétion. C’est la vitesse à laquelle une équipe devient capable de faire face à un imprévu. » Une approche exigeante, mais incontournable, et que l’IA, bien utilisée, peut puissamment accélérer. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de Galileo Learn, sa dernière création : une plateforme IA-native qui promet une personnalisation radicale de l’expérience apprenant. « Ce n’est pas juste une couche d’IA sur un LMS. C’est un système pensé dès l’origine pour adapter l’apprentissage à la personne, à son rôle, à son contexte. C’est un changement d’architecture, pas une mise à jour. »
À suivre…
Pour en savoir plus : "It's time for an L&D Revolution…"
|