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France Travail, laboratoire national de l’acculturation à l’IA ?
18 JUIN 2025 / pratiques
Michel Diaz
directeur de la rédaction
e-learning letter
Tandis que l’attention se porte sur les impacts futurs de l’IA sur le monde du travail, France Travail avance à petits pas concrets. Assistants intelligents pour les conseillers, formation massive des demandeurs d’emploi, micro-apprentissages ciblés : l’opérateur public montre la voie d’un déploiement pragmatique, progressif, mais ambitieux. La démarche mérite notre attention.

Une stratégie publique d’appropriation de l’IA par la formation

D’ici fin 2025, France Travail prévoit de former 300 000 demandeurs d’emploi à l’usage de l’intelligence artificielle générative. Pas à la conception d’algorithmes, pas à la théorie des modèles de langage, non. À l’usage. Comment écrire un prompt efficace, comment améliorer son CV, comment préparer un entretien avec l’aide d’un chatbot. Derrière l’ambition numérique affichée, c’est une tout autre logique qui se dessine : une logique d’appropriation par les actes. Cela fonctionne. Les premiers résultats confirment que la demande existe : 77 % des personnes formées disent avoir utilisé l’IA dans leur démarche, 62 % estiment que cela a amélioré leur recherche d’emploi (source France Travail). Loin des grands débats sur l’éthique ou la déshumanisation du travail, cette approche modeste, mais déterminée repose sur une conviction simple : l’IA est là, les publics en ont besoin, et il est temps d’agir.

Former pour ne pas laisser décrocher

Former massivement à l’IA pour protéger. D'un côté l’automatisation, la recherche effrénée de productivité, l’enthousiasme technologique des directions générales ; de l'autre, les moyens donnés à chacun de comprendre, de manier, d’exploiter ces outils. Sinon, les salariés subiront. Certains finiront par sortir du jeu. C’est l’utilité de ces courts parcours, ciblés, "orientés usage", qui fleurissent ici ou là sous des appellations variées : acculturation IA, littératie algorithmique, culture numérique appliquée. Ce que met en place France Travail relève d’une logique de bouclier parce qu'on ne prépare pas à l’employabilité avec des discours généraux, mais en accompagnant, en donnant des clés concrètes. Les services formation peuvent s’engager sur cette voie : dispositifs sobres, ancrés dans le quotidien, immédiatement utiles. Apprivoiser l’IA ne passe pas par la théorie, mais par un peu de pratique.

Des assistants IA pour mieux soutenir les conseillers

France Travail déploie des assistants IA pour ses conseillers. Il ne s'agit pas de les remplacer, mais de les soulager. Les outils (Match FT, Chat FT Écoute) qualifient les profils, rédigent la synthèse des entretiens, procèdent à des envois automatiques. Mantra : libérer du temps aux conseillers qu'ils pourront consacrer à l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Une démarche qui peut être transposée dans les entreprises, où l’IA est trop souvent encore perçue comme un levier de remplacement. Alors qu’elle peut, dans le champ de la formation, jouer un rôle d’assistant pédagogique : rédaction des synthèses de formation, génération des trames de modules, analyse des questionnaires de satisfaction (pour ne citer que ces exemples). À l’instar de l’exemple donné par France Travail, l’automatisation ciblée permet à la fonction formation de se recentrer sur la conception, l’animation, la relation. Elle renforce au lieu de fragiliser, même si l’on ne peut garantir que tous les emplois de la formation seront préservés. Certains métiers évolueront, d’autres disparaîtront peut-être. D’où l’urgence d’anticiper plutôt que de subir.

Explorer les différences d’usage pour mieux former

L’enquête réalisée par France Travail fournit également une photographie utile des usages de l’IA dans la population active. Les jeunes s’en emparent largement (83 % chez les moins de 25 ans) ; les seniors un peu moins (69 %, ce qui n'est pas si mal), sans qu’on sache si la qualité des prompts s’en ressent : l’enquête ne dit rien de l’influence de l’expérience professionnelle sur la capacité à mobiliser l’IA avec discernement ! (L’esprit critique, souvent affiné par les années, pourrait, en effet, jouer un rôle décisif dans l’usage raisonné de ces outils). On notera aussi que les femmes utilisent l’IA plus que les hommes (79 % contre 74 %). Ces résultats pourraient-ils inspirer les services formation dans la construction des parcours segmentés, adaptés aux niveaux de maîtrise, aux attentes, aux réticences qui ressortissent de l’étude ? Éviter la diffusion d’un discours unique, pour penser une stratégie d’acculturation différenciée ? Proposer une approche inclusive et personnalisée, capable de faire monter en compétence l’ensemble des salariés, quels que soient leur métier ou leur niveau de familiarité avec ces technologies ? C'est possible.

Un mouvement déjà lancé dans les entreprises

L’étude met en lumière une autre réalité, moins commentée : celle des PME qui intègrent l’IA sans attendre. Agents conversationnels pour le support client, génération de devis, automatisation des newsletters, veille concurrentielle… Les usages sont multiples, et l’impact est réel. Quant aux grandes entreprises, si certaines attendent encore que la stratégie IA descende du comité exécutif, les nombreuses success stories que nous relayons régulièrement témoignent au contraire de démarches déjà en cours dans de grands groupes, engagées, concrètes. Cette approche pragmatique peut être répliquée dans la formation. Inutile d’attendre une feuille de route officielle : un test, un outil, un atelier suffisent pour enclencher une dynamique. Montrer l’utilité, produire un premier résultat, puis déployer progressivement.

L’inclusion au cœur du projet

L’autre grande leçon de l’initiative France Travail tient, on l’a laissé entendre, à son ambition inclusive. Il ne s’agit pas uniquement de former les plus adaptables, les plus connectés, les plus qualifiés. L’objectif est d’éviter l’exclusion de ceux qui risquent d’être laissés au bord du chemin, la fracture numérique menaçant d’ajouter à la fracture sociale. En formant aux usages de l’IA, on limite cette casse. Les entreprises doivent prendre la question au sérieux. Former à l’IA n’est pas un luxe pour cadres en reconversion. C’est un enjeu de solidarité interne et de cohésion d’ensemble. La fonction formation peut porter cette exigence, à condition d’y mettre les moyens. Du présentiel pour les publics éloignés du digital. Du tutorat. Des formats simples, adaptés, utiles. L’inclusion n’est pas un mot. C’est une volonté.

Ce que l’exemple France Travail permet de voir, c’est que la transformation par l’IA est déjà en cours. Elle n’a pas attendu les résolutions stratégiques ni les grands plans de transformation. Elle s’installe silencieusement dans les pratiques, les outils, les formations. Elle avance sans bruit, mais avec détermination. Il revient aux directions formation de se positionner explicitement. Pas dans un rapport d’attente, mais dans une logique de construction. La formation est une fonction en capacité d’agir. Elle peut piloter, proposer, déployer. L’IA, au fond, n’est pas une menace. Elle est une matière à façonner.

 

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