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Accessibilité numérique : bombe à retardement du digital learning
20 JUIN 2025
À partir de juin 2025, la loi européenne sur l’accessibilité pourrait bien bouleverser les pratiques du digital learning. Le compte à rebours est enclenché. Qui est concerné ? Comment transformer cette contrainte en avantage stratégique ? Pourquoi les outils ne suffisent pas ? Une chose est sûre : il est temps d’agir.
 

Une législation qui engage (presque) tout le monde

L’European Accessibility Act (EAA), transposée dans la législation des États membres d’ici au 28 juin 2025, change la donne pour l’ensemble des acteurs de la formation en ligne. Contrairement à ce que certains aimeraient croire, cette réglementation ne s’applique pas seulement aux institutions publiques ou aux géants de la tech. Elle vise directement — et explicitement — les services numériques, dont les plateformes de e-learning et les contenus pédagogiques en ligne. Traduction : si vous proposez des formations digitales dans un cadre commercial ou professionnel, vous êtes concernés. Qui porte la responsabilité ? L’organisation qui fournit les contenus, mais aussi celle qui les conçoit, celle qui les vend, celle qui les diffuse. Tous étant engagés, ce principe de responsabilité partagée est un nouveau paramètre que les donneurs d’ordre, prestataires et éditeurs auront à prendre en compte dans leurs relations contractuelles. On est loin du gadget réglementaire : des sanctions sont prévues, et des recours potentiels sont ouverts pour les apprenants lésés. Ne pas se préparer, c’est s’exposer. À des risques juridiques, d’image, mais aussi — et surtout — à un décalage croissant avec les attentes sociétales autour de l’inclusion. Le digital learning ne peut plus faire l’impasse.

L’accessibilité comme levier stratégique

On pourrait voir l’EAA comme un énième carcan administratif (de fait, il l'est aussi !). Une couche de plus à gérer. Mais ce serait passer à côté de son potentiel. Car l’accessibilité, quand elle est pensée en amont, améliore l’expérience de tous. Les formations inclusives sont souvent mieux structurées, plus claires, plus efficaces. Elles s’adressent à l’ensemble des apprenants, et pas seulement à une fraction d’entre eux. Le sous-titre, la navigation clavier, la compatibilité lecteur d’écran — autant de principes qui, bien appliqués, rehaussent le niveau général. Il y a aussi une dimension économique. En France, près de 12 millions de personnes sont concernées par une situation de handicap, qu’elle soit temporaire, permanente, sensorielle ou cognitive. Sans accessibilité, une partie significative du public est mise à l’écart. C’est un non-sens social… et commercial. D’autant que les appels d’offres intègrent de plus en plus souvent des critères d’accessibilité. Se conformer à l’EAA, c’est se rendre éligible — ou rester compétitif. Enfin, la réglementation peut servir d’accélérateur pour repenser les offres et initier un dialogue interne entre responsables pédagogiques, designers, développeurs, juristes, RH. L’accessibilité ne se décrète pas. Elle se construit. Et elle a ceci de vertueux qu’elle oblige à sortir des silos.

Des outils à disposition, mais pas magiques

Côté EdTech, l’offre progresse. Plusieurs outils permettent de faciliter la mise en conformité. Des lecteurs vocaux, des systèmes de sous-titrage automatisé, des éditeurs de contenus accessibles, des checkers d’accessibilité intégrés dans les LMS de nouvelle génération… L’arsenal technologique existe. Il serait absurde de ne pas s’en servir. Cela dit, attention à la tentation de la délégation technique. L’accessibilité n’est pas une fonctionnalité qu’on active en cochant une case. C’est un travail de conception, de production et de test. Un MOOC sous-titré mais aux visuels illisibles ou aux parcours déstructurés reste inaccessible. Un module SCORM compatible mais qui impose la souris exclut tous les apprenants avec un handicap moteur. Un quiz interactif impossible à lire sur mobile n’est pas plus acceptable. Autrement dit, les outils peuvent aider, mais ils ne remplaceront jamais une culture de l’accessibilité. Celle-ci repose sur des principes clairs, une formation des équipes, des critères d’évaluation, un pilotage rigoureux. Le meilleur LMS du monde ne sauvera pas une organisation qui refuse de changer ses pratiques.

Le digital learning face à ses responsabilités

La prise de conscience reste partielle. Trop d’organismes continuent de produire des contenus illisibles, inadaptés ou simplement inutilisables pour une partie du public. Trop de chefs de projet voient l’accessibilité comme un « plus si affinité », un élément facultatif qu’on regarde à la fin. L’EAA oblige à renverser cette logique. Il ne s’agit plus seulement de cocher une case pour faire bonne figure. Il s’agit d’intégrer l’accessibilité dans les briefs, les appels d’offres, les budgets, les tests utilisateurs. De mesurer l’expérience réelle, pas celle fantasmée dans les spécifications. De poser la question de la compatibilité, de la sobriété cognitive, de l’alternative textuelle — dès le départ. La responsabilité est collective, mais elle commence quelque part. Et souvent, elle commence chez le responsable formation. Celui qui choisit, qui prescrit, qui oriente les pratiques. C’est là que se joue une bonne part de la bascule. Attendre que les fournisseurs soient prêts ne suffira pas. Il faut initier, exiger, vérifier.

Une échéance qui ne laisse plus le choix

Juin 2025, c’est demain. Ceux qui n’ont encore rien anticipé seront en retard. Les autres auront transformé cette obligation en levier. L’histoire récente du digital learning regorge de rendez-vous manqués avec la qualité, l’usage, l’efficacité. Il ne faut pas rater pas celui de l’accessibilité. L’EAA ne demande pas la perfection ; elle exige de faire sérieusement, de considérer tous les apprenants, pas seulement les plus favorisés. Et d’inscrire l’égalité d’accès au cœur des pratiques de la formation. Ni un gadget ni obéissance à l'air du temps, une nouvelle norme.

One more thing…

L’accessibilité numérique ne se contente pas de cocher la case de l’inclusion : elle épouse aussi les exigences croissantes d’écoresponsabilité. Un contenu bien structuré, compatible avec les lecteurs d’écran, peu gourmand en animations inutiles et conçu pour tous types de terminaux, c’est aussi un contenu plus léger, plus sobre, plus durable. En imposant une logique de conception raisonnée, l’EAA favorise une approche frugale du digital learning — qui limite le poids des modules, prolonge la durée de vie des contenus, et réduit leur empreinte environnementale. Autrement dit : faire accessible, c’est souvent faire mieux, plus sobre, plus juste.

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