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Quand on préfère "parler" avec l'IA qu'avec ses collègues… De l'urgence de se former à être ensemble
20 MAI 2025 / ia
Michel Diaz
directeur de la rédaction
e-learning letter
Entre collègues impatients, peur d’être jugé et course à la performance, l’intelligence artificielle devient le confident préféré des salariés. Pour les responsables formation, l’heure est venue de contrer l’évitement des relations humaines : coopération, sécurité psychologique et droit à l’erreur doivent être placés au cœur même de tout apprentissage. Question de culture, non de technologie ! 

L’IA : le (faux) refuge dans un monde professionnel tendu

Le rapport publié fin avril par Microsoft sur les tendances du travail constitue à sa manière une sorte de petit séisme dans le paysage RH. Pas pour ses chiffres sur la productivité ou l'automatisation, mais pour ce qu’il révèle, en creux, des relations humaines au travail. On y apprend que si tant d’employés se tournent vers l’IA, ce n’est pas tant pour sa rapidité ou sa disponibilité sans faille, que pour sa neutralité émotionnelle ! Concrètement : exit les soupirs exaspérés, regards condescendants ou autres jugements sur une question posée. Résultat : un salarié sur six préfère interroger ChatGPT plutôt que son collègue, simplement parce que ce dernier « ne s’agace pas ». Tableau cruel qui pointe un environnement de travail où la demande d’aide ressemble à un aveu de faiblesse, où les compétences techniques sont le paravent d’un malaise relationnel… où la formation, pourtant vecteur naturel de lien, se voit parfois (souvent ?) réduite à sa dimension instrumentale. Il ne s’agit donc pas, pour la fonction formation, d’ajouter une couche de digital de plus, mais de s’atteler à un chantier autrement exigeant, sinon plus complexe (ce qui explique la propension naturelle à penser outil plutôt que finalité) : celui de la « réhumanisation des apprentissages ».

Le savoir ne s’épuise pas dans les contenus : il est aussi un échange

Le réflexe de se tourner vers l’IA témoigne, à sa manière, d’un déficit de sécurité psychologique dans de nombreux collectifs de travail. Quand poser une question devient risqué, l’apprentissage devient clandestin. Ce n’est pas une nouveauté. Depuis des années, la formation informelle – celle qui se nourrit notamment des interactions entre collègues – recule dans les organisations, étouffée par la pression du temps et des résultats. L’IA, omniprésente et silencieuse, s’engouffre dans cette brèche. Pour autant, aucun chatbot, aussi avancé soit-il, ne remplacera la richesse d’une confrontation bienveillante. Le désaccord, le doute exprimé, le regard croisé sur une situation de travail sont autant d’opportunités de développer une compréhension fine et contextualisée des enjeux. Là où l’IA génère des réponses, l’humain produit collectivement du sens. Une différence qui est tout sauf anecdotique. Les départements formation ont ici un rôle décisif : redonner au savoir sa dimension sociale, restaurer des espaces où l’on peut apprendre ensemble, où les erreurs sont autorisées, discutées, comprises. Loin d’une lubie de psychologue, cette nécessité stratégique s’impose dans un environnement où l’agilité repose d’abord sur la capacité des équipes à apprendre les unes des autres.

Repenser les formats : pour une ingénierie de la coopération

« Content is king » ? Echanger et partager l’est tout autant ! L’ingénierie pédagogique ne peut plus se contenter de délivrer des contenus. Elle doit orchestrer des interactions. Cela suppose de repenser en profondeur les formats de formation. Finis les modules en solo sur plateforme qui isolent davantage qu’ils n’enseignent. Place aux ateliers collaboratifs, aux classes virtuelles où l’on débat, aux communautés de pratiques animées par des experts internes. Pourtant, le compte n’y est pas tout à fait, car ces formats doivent également être animés dans un esprit d’ouverture. Une classe virtuelle, par exemple, n’est pas un espace de collaboration si les prises de parole sont rares, si les questions gênent, si les regards sont fuyants. Le rôle du formateur – ou de l’animateur – n’est pas tant de transmettre un contenu que de créer les conditions d’un échange sincère et respectueux, ce qui suppose des compétences spécifiques que trop peu d’organisations identifient encore comme critiques.

La responsabilité managériale dans les dynamiques d’apprentissage

Les travers de l’IA révélés par l’étude Microsoft ne peuvent être analysés indépendamment du contexte managérial dans lequel ils s’inscrivent. Quand le management valorise uniquement la performance individuelle, il décourage naturellement le recours aux autres. Quand il sanctionne l’erreur, il incite à se réfugier dans les silences et les automatismes. L’IA devient alors le partenaire idéal : jamais critique, toujours disponible, et surtout, discrète ! Pour inverser cette tendance, la fonction formation doit s’allier aux managers pour les aider à faire de leurs équipes des communautés apprenantes (et non pour leur imposer des parcours à dérouler). Le manager comme facilitateur de savoir, créateur de liens, éclaireur de sens ? La tâche est ardue, qui nécessite d’échapper au mythe de l’expert omniscient et d’accepter de montrer, parfois, ses propres vulnérabilités. C'est à ce prix que l’on pourra restaurer une dynamique d’apprentissage durable. 

Former à être ensemble ?

Répondre à la montée de l’IA par plus de maîtrise technologique passerait à côté de l’essentiel. Le défi n’est pas seulement de former aux outils d’IA, ni même de réguler leur usage. Il est plutôt d’interroger ce qu’ils révèlent de nos pratiques de travail. Si les collaborateurs préfèrent dialoguer avec un modèle statistique qu’avec leur voisin de bureau, c’est bien que quelque chose s’est brisé dans la relation humaine au travail. Les responsables formation seraient bien avisés de prendre cette question à bras-le-corps. En osant former autrement. En valorisant l’intelligence collective plutôt que l’expertise solitaire. En développant des compétences relationnelles – écoute, retour, assertivité – qui ne relèvent pas du « soft », mais du stratégique… Ce qui suppose d’adopter un nouvel angle de vue sur les compétences comportementales) : le « savoir-être ensemble » non pas considéré comme « supplément d’âme » mais comme socle de performance. Parce qu’à force de s’en remettre à l’IA pour éviter les autres, on voit bien la perte encourue par l’entreprise : capacité de dialoguer, de se contredire, de s’entraider, ce qu’aucune IA ne saurait enseigner.

Pour en savoir plus : l’étude Microsoft : Work Trend Index Annual Report

 

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