Pour la toute récente étude Occurrence - Smart Agence sur la transformation digitale, les entreprises ont le choix entre 3 types de pilotage - Aviateur, Skipper ou Chauffeur de bus - qui semblent en effet recouvrir la plupart des choix possibles… Aux responsables formation de se faire une idée sur leur propre pilotage du Digital Learning…
La transformation digitale est certes un nouveau poncif, mais il faudrait être hors sol pour échapper à ses effets très réels sur l’économie et la société toute entière : “ubérisation” de rigueur, pour des pans entiers de l’activité humaine.
Digital et informatique ne sont pas une même chose, la seconde ayant toutefois préparé le premier. L’étude le rappelle : e-mails, dématérialisation des documents, interaction renforcée avec les ressources humaines, recherche d’une offre sur-mesure pour le client via le CRM (Customer Relationship Management), qui appartiennent à l’informatique, annoncent déjà le digital, le CRM en particulier qui s’appuie sur la collaboration entre les équipes commerciales et le client.
Ce ne sont plus seulement les entreprises ou les salariés qui sont concernés, mais les personnes elles-mêmes : la première étape de la rupture digitale serait celle de l'avènement du micro-ordinateur et de la bureautique, puis l'extension des usages de la technologie à travers le Web, en quoi réside dans doute la deuxième révolution digitale, avant celle que nous connaissons maintenant : l'extension du digital au plus grand nombre grâce aux portables et à l'extension du Web.
C’est un constat de l’étude menée par Occurrence, un cabinet d’études dans l’évaluation de la communication, et Smart Agence, une agence digitale : l’idée qu’on se fait du digital varie d’une organisation à une autre. Professionnels interrogés : chief digital officers (CDO), directeurs de la communication, directeurs généraux, DSI/directeurs stratégiques, principalement dans de grandes entreprises français. On observera que les DRH et les responsables formation n’ont pas été interrogés - signe d’un retrait de leur part, ou considération que la transformation digitale n’est pas de leur ressort ? Étonnant, quand on sait la part que jouera l’acculturation digitale de l’ensemble des salariés dans le succès de cette transformation.
Si les formes de la rupture digitale varient, tous s’accordent sur quelques énoncés. D’abord, au sein de leur entreprise, la transformation digitale est considérée comme un sujet majeur ; en conséquence elle doit être pilotée, faire l’objet d’une véritable stratégie qui commencera par identifier les opportunités et les résistances soulevées. C’est sur ce point que l’étude innove, en proposant 3 types de pilotages - Aviateur, Skipper et Chauffeur de bus - pour éviter l’épuisement dans des actions ponctuelles et sans cohérence.
L’Aviateur, c’est le pilote d’une transformation digitale structurée, systémique et culturelle - rapide mais maitrisée ! On l’aura compris : feu vert de la Direction générale (tour de contrôle) et soutien des équipes au sol précèdent l’action. Mais l’aviateur est maître à bord : il dispose des moyens nécessaires, et sait quand il faut accélérer ou changer de couloir ! Clairvoyance stratégique visée, ce que confirme un répondant de l’étude : « Notre CDO nous aide à garder un cap stratégique pour la transformation digitale ». Il s’agit pour l’entreprise de rester leader sur les marchés d’avenir sinon d'éviter de sombrer. L’aviateur dispose d’un tableau de bord, forcément - toute une série de KPIs balisant le chemin.
Le Skipper est un tenant de la transformation digitale par l’outil “marquée par l’agilité et l’adaptabilité”. Course contre la montre, précise l’étude : dans ces entreprises, “la transformation digitale est un changement nécessaire caractérisé par un rapport fataliste à l’urgence : se transformer ou se noyer.”… “De toute façon, ajoute un répondant, il n’y a pas le choix, si tu ne saisis pas cette opportunité pour te transformer intégralement tu es mort.” Tout sera ici affaire de confiance placée dans les outils, et d’appropriation technique. Agilité, logique du “test and learn”… La formation n’est plus loin, mais une formation dont les offres répondent rapidement, en temps réel. Cette approche n’est pas sans danger : à privilégier l’outil, on passe souvent à côté de la culture digitale, et des bénéfices de la réflexion stratégique.
Quant au Chauffeur de bus, c’est le tenant d’une transformation digitale solide et “non-ostentatoire”, ciblée sur certains domaines clés. Il va moins vite qu’un Aviateur (forcément) et qu’un Skipper (pas d’embouteillages sur l’océan). La transformation digitale est incrémentale ; elle se fait avec une certaine lenteur, sans renier ce qui précédait ; changement après changement, même mineur, elle finit par s’étendre à l’ensemble de l’entreprise dont elle accompagne le rythme, sous réserve que le pilote ait su entrainer des co-pilotes avec lui. Doit-elle être préférée aux autres approches ? Pas sûr que les entreprises aient le choix : dans les secteurs économiques fortement disruptifs, par exemple, on manquera du temps nécessaire pour se confier à un chauffeur de bus. Mais il s’en faut de loin que tous les secteurs doivent agir dans la précipitation.
La question reste posée aux services formation : piloter le Digital Learning en Aviateur, Skipper ou Chauffeur de bus ? A chacun de choisir.
Michel Diaz
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