Faire adhérer massivement à une formation obligatoire sur le Code de Conduite sans recourir à la contrainte : c’est le pari relevé par François Hélouët, Directeur Talent et Engagement chez Europcar Mobility Group. Grâce à une scénarisation immersive, une personnalisation poussée et une communication multicanal soigneusement orchestrée, l’entreprise a atteint un taux de complétion record de 98 %. Un modèle d’appropriation collective, à l’échelle internationale, qui redéfinit les standards de l’engagement apprenant dans la formation réglementaire.
Quels ont été les principaux leviers pour mobiliser 8 800 collaborateurs autour d’une formation obligatoire, souvent perçue comme contraignante ?
François Hélouët : Notre objectif était clair : faire d’une « formation compliance », généralement jugée rébarbative, une expérience engageante et mémorable pour l’ensemble de nos collaborateurs. Pour cela, plusieurs leviers ont été activés. Le premier, c’est l’expérience apprenante. Nous avons transformé le sujet en une aventure immersive, en nous appuyant sur un concept de road trip à bord d’un van – un clin d'œil à notre métier. Ce choix a permis d'ancrer la formation dans un imaginaire collectif positif et ludique, favorisant l’engagement dès les premiers instants. Second levier : la personnalisation. La formation a été conçue de manière non linéaire, offrant à chacun la liberté de construire son propre parcours, dans sa langue, à son rythme, avec des contenus adaptés à son contexte (siège ou station, contact client ou non). Cette flexibilité a permis une meilleure appropriation des contenus. Enfin, une communication à double niveau – globale et locale – a permis de mobiliser efficacement l’ensemble des pays concernés, via des kits prêts à l’emploi, des newsletters, des relais managériaux et des vidéos inspirantes, notamment celle de notre CEO. Résultat : un taux de complétion de 98 % en trois mois. Ce projet a été porté par notre valeur We move as one : une dynamique collective où chaque entité du groupe a su collaborer au service d’un objectif partagé.
Comment avez-vous articulé l’aspect immersif et ludique du « road trip » avec les exigences de conformité d’un Code de Conduite ?
François Hélouët : L’enjeu était de ne jamais sacrifier la rigueur sur l’autel de la gamification. Pour cela, nous avons opté pour un format qui rend l’apprentissage actif tout en conservant une exigence de fond. Chaque étape du road trip permettait d’explorer une thématique du Code de Conduite, via des contenus interactifs validés par nos équipes Compliance et illustrés par des exemples issus du terrain. L’univers visuel et les mécaniques de jeu – comme la collection de stickers validant la progression – ont été pensés pour renforcer l’ancrage mémoriel, sans caricature. Le réalisme des situations rencontrées et la précision des quiz, assortis d’un taux de réussite requis de 80 %, garantissent l’acquisition des connaissances attendues. C’est un bel exemple de notre valeur We embrace change : oser une approche audacieuse, créative, sans perdre de vue les exigences réglementaires. À ce titre, notre partenariat avec Skillsday a été déterminant : leur expertise en conception pédagogique innovante et leur agilité ont grandement contribué à faire de ce projet un succès, dans un délai particulièrement contraint.
Quels enseignements tirez-vous du taux de complétion exceptionnel et du NPS élevé ?
François Hélouët : Ce projet a été un révélateur. Le taux de complétion (98 %) et le NPS de +40 sont bien au-delà des standards observés dans notre organisation ou sur le marché. Ces résultats valident plusieurs choix stratégiques : la collaboration transverse dès l'amont, l’adaptation aux contraintes terrain, le soin apporté à la scénarisation, et l’investissement dans une communication interne puissante. Cela nous encourage à inscrire durablement ces pratiques dans notre feuille de route learning. Nos futurs projets intégreront systématiquement cette dimension expérientielle, avec des parcours centrés sur l’apprenant, multimodaux, ancrés dans les réalités du terrain, et portés par une communication inspirante. Nous souhaitons tirer profit de cette dynamique pour promouvoir un apprentissage continu, aligné sur notre valeur We take responsibility — chacun est acteur de sa montée en compétences et de l’adhésion aux règles éthiques.
Quels défis avez-vous rencontrés dans le déploiement multilingue et multiculturel de cette formation ?
François Hélouët : Former 8 800 collaborateurs dans 14 pays, avec 10 langues, en trois mois, représentait un défi majeur. Nous avons mis en place un dispositif agile, structuré autour de parcours uniques, automatiquement personnalisés selon la langue et la fonction de l’utilisateur via notre LMS 360Learning. L’utilisation de l’IA pour l’assistance à la traduction, couplée à une validation par les équipes locales, a permis de concilier qualité, gain de temps et adaptation culturelle. Nous avons également travaillé avec des ambassadeurs pays et des responsables L&D locaux pour valider les contenus et ajuster les modalités si nécessaire. Cette capacité à surmonter les barrières linguistiques, culturelles et opérationnelles reflète notre valeur We act with respect. Le respect passe aussi par la compréhension des réalités locales et l’adaptation de nos dispositifs à chacun.
Qu’est-ce qui fait réellement la différence aujourd’hui pour susciter l’engagement des collaborateurs dans un dispositif de formation à grande échelle ?
François Hélouët : L’engagement ne se décrète pas, il se construit. Ce qui fait la différence, selon nous, c’est d’abord l’alignement sur l’identité de l’entreprise : en reprenant les codes visuels, les valeurs, et même une métaphore directement issue de notre activité, nous avons créé une proximité immédiate avec l’apprenant. Par ailleurs, nous devons respecter le quotidien des collaborateurs : formats courts, accessibles sur mobile, parcours adaptés aux contraintes terrain… On apprend mieux quand la formation s’intègre naturellement dans le flux de travail. Enfin, mobiliser le levier de la fierté et de la reconnaissance : cette formation a été vécue non comme une obligation, mais comme une aventure collective. Les retours positifs des collaborateurs, relayés sur nos canaux internes, ont nourri ce sentiment d’appartenance. À travers cette initiative, nous avons également incarné We are happy to help, en concevant une expérience utile, concrète et humaine, pensée pour faciliter la vie de nos collaborateurs et soutenir leur performance.
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