C'est un livre qui surfe sur la vague de la transformation digitale des organisations, afin d'attirer utilement l’attention sur les nouveaux outils et méthodes que les formateurs se doivent d’utiliser pour mettre en oeuvre le blended learning, présenté comme un assemblage de modalités de formation. Le projecteur est largement braqué sur l’évolution des métiers de la formation, sur les compétences et "l’état des esprit" qui sont nécessaires aux professionnels désireux de se saisir des opportunités du Digital Learning. De ce point de vue, l'ouvrage remplit son office, la réussite du blended learning passant par le développement d'une culture digitale chez les formateurs (et les apprenants) - ce que les entreprises s'efforcent de faire aujourd’hui à marche forcée.

La première des 5 parties que compte l'ouvrage traite des nouvelles façons d’apprendre. Elle est bienvenue (même si le lien entre formation et physique quantique semble un peu forcé) : les formateurs doivent renforcer leurconnaissance des apprenants, de leur motivation à se former, dans des dispositifs maintenant centrés sur eux. Il y est aussi question de l’apprentissage "où je veux quand je veux", des communautés d’apprentissage, du feed-back immédiat, qui sont des notions / passages obligés de tout discours actuel sur le Digital Learning.

La deuxième partie intéressera plus particulièrement les formateurs : déplacement du rôle et des missions : "learning developer" en vue ! Le formateur se mue en coach des apprenants. Nécessité du coup de développer de nouvelles compétences notamment en matière de didactique et de gestion du capital de connaissance (knowledge management). Le métier ne disparaît pas, il s’enrichit : ce constat raisonnable fait par un(e) expert(e) du blended learning devrait rassurer ceux qui en doutent encore.

Un tableau utile dans la partie suivante : les solutions formatives (9 sont recensées), ou modalités de formation, et la place que chacune tient avant la formation (explorer), pendant (intégrer) et après (enrichir) ;  puis les spécificités des différentes solutions : par exemple en quoi consiste une classe virtuelle, à quoi sert-elle, quand et comment l’utiliser, quels facteurs de succès. Rien de neuf, mais synthétique, efficace (la pédagogie, c'est de la répétition).

Il faudra attendre la 4ème partie pour en savoir un peu plus sur la méthode Learning Assemblage permettant de combiner les modalités de formation dans des parcours blended learning. Une méthode "propriétaire" (affectée d'un trademark, preuve de l'avenir commercial que lui voit l'auteur) séquencée en 4 moments -  explorer, intégrer, enrichir, questionner et partager -, une sorte d'actualisation de la structuration traditionnelle "avant-pendant-après" (le stage).

Ce cycle n’est-il pas déjà dépassé par l’accélération du business et des réponses que la formation tente d'apporter (quand une ressource de formation d’une dizaine de minutes sert aussi bien de support à la performance qu'à l'apprentissage à proprement parler) ? Le blended learning ici décrit reste bien linéaire et finalement plutôt centré sur le formateur ou le concepteur. En particulier il semble en retrait des nouveaux modèles intégrant les apprentissages expérientiels et sociaux.

Quant aux plateformes numériques / portails de formation vers lesquels convergent aujourd'hui une grande partie des efforts de formation, il n'en est guère question : un prochain ouvrage ?

Michel Diaz