À l’heure où les entreprises redéfinissent leurs stratégies de formation, la nouvelle édition de « La Grande Enquête du Digital Learning » (Féfaur, Innovative Learning by eLearning Expo) compare les attentes des Directions Formation et les réponses de leurs fournisseurs : convergences, mais également des écarts notables. Si l’optimisation de la performance opérationnelle et la transformation digitale apparaissent comme des priorités communes, d'autres enjeux, comme la transition environnementale et sociétale, ainsi que la conformité réglementaire, sont perçus de manière différente. Implications de ces divergences pour le secteur de la formation professionnelle continue ?
La transformation des métiers et des entreprises s'accélérant, la formation contribue à la compétitivité et à l’adaptation des organisations. Donnant la parole aux Directions Formation et à leurs fournisseurs, la nouvelle édition de la Grande Enquête du Digital Learning n'en révèle pas moins des perceptions différentes quant aux besoins réels des entreprises. « Quels sont les principaux domaines d’action de la formation depuis deux ans ? » (question aux entreprises)) et « À quels domaines de formation se rattachent principalement vos projets clients ? » (question aux fournisseurs) : ce que les réponses disent de la relation entre entreprises et prestataires de formation.
Performance opérationnelle et transformation digitale : deux priorités communes… de poids différents
Directions Formation et fournisseurs s’accordent sur deux axes majeurs : la performance opérationnelle des métiers et la transformation digitale. 67,23 % des premières soulignent l'importance de la performance opérationnelle comme domaine d’action prioritaire. Un chiffre très proche des 66,67 % rapportés par les fournisseurs. L'adéquation est réelle entre la demande et l’offre en matière d’optimisation des compétences techniques et métiers.
La transformation digitale est placée, par deux collèges, au second rang, mais dans des proportions différentes : 63,03 % des Directions Formation, 39,64 % des projets liés à cette thématique selon les fournisseurs. L’écart peut sans doute s'expliquer par le fait que la transformation digitale, bien qu’identifiée comme stratégique par les entreprises, est souvent intégrée dans des initiatives plus larges, et ne représente ainsi qu’une partie des projets de formation.
La conformité réglementaire : une divergence relativement légère, mais…
L’écart est faible sur la question de la mise en conformité réglementaire. Pour 31,93 % des Directions Formation, c'est un domaine prioritaire de formation ; 25,23 % des fournisseurs relient leurs projets clients à cette thématique. Une (légère) divergence dans la perception du rôle de la formation dans l’adaptation aux exigences légales ? Pour les entreprises, la mise en conformité réglementaire (normes de sécurité, protection des données, autres régulations spécifiques) est un enjeu stratégique nécessitant des compétences à jour. Les prestataires de formation ne doivent pas sous-estimer l’importance croissante des réglementations dans des secteurs comme la finance, la santé ou les technologies, et plus généralement dans tous les secteurs où les normes s’imposent progressivement.
Développement des talents : on est d’accord !
Quant à l'enjeu de fidélisation et de développement des talents, il est cité par 31,09 % des Directions Formation et par 30,63 % des fournisseurs. La rétention et le développement des talents restent une préoccupation des Directions Formation comme de leurs fournisseurs de Digital Learning ; la traduction en est patente dans des programmes de formation qui se font l'écho de la pénurie de compétences prévalant dans nombre de secteurs d’activité. Les Directions Formation voient dans le développement des talents un levier pour renforcer leur attractivité et maintenir l'engagement des employés, en particulier là où la concurrence pour les profils qualifiés est intense. Les fournisseurs perçoivent bien ce besoin, conscients, semble-t-il, de l’urgence pour leurs clients de s’assurer que leurs employés disposent des compétences pour évoluer en interne.
Transition environnementale et organisation apprenante : des préoccupations minimisées
Au contraire, les écarts sont frappants lorsqu’on examine les thèmes de la transition environnementale et sociétale, ainsi que de l’émergence d’une organisation apprenante. Seulement 14,41 % des projets clients des fournisseurs se rattachent à la transition environnementale et sociétale, alors que 29,41 % des Directions Formation placent ce thème parmi leurs priorités… Mise en lumière d'un fossé entre les engagements des entreprises en matière de développement durable et la réponse des prestataires de formation, encore peu positionnés sur ces enjeux (faute que les entreprises les consultent à ce sujet ?).
Quant à l’émergence d’une organisation apprenante, l’écart est tout aussi significatif : 16,22 % des projets fournisseurs contre 27,73 % des Directions Formation. Alors que les entreprises accorderaient une importance accrue à la création d’un environnement propice à l’apprentissage continu, les fournisseurs sont en peine de répondre à ces attentes dans leurs offres. De fait, un seul fournisseur ne peut endosser à lui seul cette question de l’organisation apprenante : c’est le collectif des prestataires qui doit se mobiliser (sous une gouvernance qui reste à inventer).
Une relation Direction Formation-fournisseur à redéfinir
Un constat mi-figue mi-raisin. Des divergences révèlent un besoin pour les entreprises et les fournisseurs de formation de mieux aligner leurs visions et leurs priorités. Si la convergence est réelle autour de la performance opérationnelle, les écarts sur d’autres enjeux comme la transition environnementale suggèrent que les prestataires de formation devront adapter leurs offres pour répondre plus précisément aux besoins actuels des entreprises. Les Directions Formation, de leur côté, gagneraient à communiquer plus explicitement leurs attentes et à travailler plus étroitement avec leurs fournisseurs pour construire des solutions adaptées. La clé réside probablement dans une collaboration renforcée et une meilleure anticipation des évolutions réglementaires, technologiques et sociétales qui affectent l’ensemble des secteurs d’activité.
Michel Diaz
Menée par le cabinet Féfaur pour le salon Innovative Learning by eLearning Expo, La Grande Enquête du Digital Learning a interrogé 373 professionnels de la formation à l’été 2024. Les regards des Directions Formation d’entreprises utilisant le Digital Learning (51,5 % des réponses) et de leurs fournisseurs de solutions (48,5 %) ont été croisés pour obtenir une vision comparée.
(Source d'inspiration : La Lettre Innovative Learning, Salon Innovative Learning by eLearning Expo)
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