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Deux limites de l’autoformation en ligne à dépasser
08 DÉCEMBRE 2021 / pratiques
Michel Diaz
directeur associé
féfaur
Le vertige n’est plus celui de la page blanche, mais de l’écran trop rempli. L’individu s’est progressivement convaincu (on l’y a aidé) qu’il pourrait s’autoformer en profitant de l’abondance illimitée des ressources pédagogiques en ligne. Pour la majorité des apprenants, une illusion qui se heurte rapidement au réel. Curation et accompagnement doivent entrer dans le jeu.

#1 Trop d’abondance peut nuire

Exemple vécu : il y a 15 ans, l’opportunité d’intervenir dans une conférence à Londres me contraint à réviser sérieusement l’anglais. Direction YouTube où l’on ne compte plus les ressources pédagogiques en la matière, souvent séduisantes (de prime abord) ; plusieurs chaînes rapidement identifiées, puis choisies selon le nombre des abonnés et des vidéos disponibles (ces deux nombres sont souvent liés). Deux semaines passent, la satisfaction s’étiole : la qualité des contenus se révèle souvent décevante (le nombre d’abonnés n’est finalement pas une garantie), des contenus spécifiques manquent, qui sont difficiles à dénicher sur le Web même après des heures de recherche… La fatigue guette, l’abandon n’est pas loin.

J’ai constaté que cette expérience est largement partagée, et qu’elle est loin de se réduire au seul champ de la formation linguistique.

D’une certaine façon, l’abondance (liens, ressources) déclenchée par une requête sur le Web fait obstacle à la formation, pour plusieurs raisons :

  • Cette requête étant faite à un système, on l’exprime souvent moins clairement qu’on le ferait à une personne (on se lâche d’autant plus facilement qu’on n’a plus besoin de surveiller son orthographe : les moteurs de recherche la corrigent automatiquement !).
  • La vitesse à laquelle le moteur répond, sans jamais laisser l’internaute le bec dans l’eau, laisse penser qu’on peut faire l’économie du « cahier des charges » préalable : qu’est-ce qu’on attend de cette recherche ? comment contrôler la pertinence des résultats obtenus ? quel temps faut-il consacrer à cette recherche et à la validation des contenus proposés ?… Au reste, les fonctionnalités de recherche avancée de Google sont rarement utilisées (pourquoi s’embêter avec cette syntaxe quand on peut même dicter sa requête dans le langage courant ?). 
  • La déception éventuellement éprouvée en consommant ces ressources pousse à d’autres recherches — car on finit par se persuader que le « bon contenu » est à portée d’un nouveau clic — sans remettre en cause un processus (l’utilisation du moteur de recherche) fondamentalement paresseux et addictif, fort consommateur de temps, et qui peut nous éloigner du but qu’on s’était initialement donné, et du temps qu’on était prêt à lui consacrer.

Faut-il alors revenir à la rareté d’une époque où c’est du cours présentiel que procédaient l’identification et la mise à disposition des ressources pédagogiques par le formateur ? Bien sûr que non ! S’il n’est pas question de revenir en arrière, il n’en faut pas moins se doter des savoirs nécessaires au bon usage de cette infinitude de ressources. 

#L’autonomie : jusqu’à un certain point

L’autonomie est partout vantée ; dans le secteur de la formation : autoformation. Au tout début, l’e-learning ressemble à une tentative de désintermédier les systèmes de formation traditionnels en mettant directement en relation le consommateur de formation (« l’apprenant » se substitue au « stagiaire ») et la plateforme qui délivre les ressources pédagogiques (plateforme LMS ou Intranet). De fait, ces plateformes empruntent beaucoup au Web (le portail de formation est doté d’une partie des caractéristiques de toute home page digne de ce nom). La désintermédiation (apprenant-LMS) a fait long feu, parce que l’abondance des ressources offertes par la plateforme LMS n’a longtemps rien eu de comparable à ce que les salariés peuvent trouver sur le Web (autant retourner sur Google), et parce que l’autodidaxie n’est pas une compétence universellement répandue : la plupart des apprenants ont besoin d’être guidés, accompagnés, soutenus dans leur effort d’apprentissage…

Retour sur l’exemple déjà évoqué : c’est en prenant un coach d’anglais que j’ai vraiment commencé à préparer ma conférence londonienne. Coach, que je pourrais tout aussi bien qualifier de formateur.

Que peut-on attendre ici d’un coach x formateur ? D’abord, de revenir sur le besoin de formation, pour lui donner une expression aussi claire que possible, ainsi que sur les contraintes pesant sur la résolution de ce besoin (le délai pour se préparer, le temps raisonnable à y consacrer). Cette expression se présente très vite comme une négociation entre l’apprenant et le formateur : rien ne sert de viser un but irréaliste, mais un minimum devra néanmoins être assuré dans le temps imparti. Négociation aussi sur les moyens et les ressources : c’est la fonction « curation » du formateur : il pointe les ressources utiles (juste ce qu’il faut, en fonction de l’apprenant, de ses ambitions, de son besoin, de l’énergie et du temps qu’il est prêt à consacrer à sa formation). Cette guidance initiale, dont la curation est donc un aspect essentiel, se prolonge en accompagnement tant que le but n’est pas atteint ; dans cet accompagnement aussi, la curation joue un grand rôle, car le niveau de motivation de l’apprenant, la focalisation de ses efforts, les régulations nécessaires pour maintenir la pertinence du parcours de formation s’appuieront sur la qualité et l’opportunité des nouvelles ressources pédagogiques offertes.

On notera aussi — c’est peut-être là l’essentiel — que le processus d’apprentissage ressort toujours d’un « contrat », et que ce contrat est d’autant plus engageant pour l’apprenant qu’il est passé avec un tiers (le coach) plutôt qu’avec lui-même.

Curation et accompagnement 

Il ne faut pas en déduire que l’avenir de la formation repose tout entier sur une forme de blended learning réduite à la consommation de ressources pédagogiques en ligne mâtinée de coaching ou de monitorat. Mais, bien de pointer l’inanité d’un dispositif d’autoformation où l’apprenant serait laissé seul à lui-même devant l’infinité des ressources accessibles d’un clic.

Quelle que soit la forme que prend un dispositif moderne, il me semble confronté peu ou prou à la question de la curation des contenus.

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