Près de 400 inscrits, responsables formation et RH, intéressés par ce que les MOOC révèlent en creux des dispositifs de formation dont ils ont la charge dans leur entreprise… Philippe Delanghe (UnI Learning) et Michel Diaz (Féfaur) ont donné leur point de vue…
Le webinaire du 17 octobre était attendu : les MOOC - ces cours délivrés gratuitement en ligne ayant vocation à toucher des dizaines de milliers d'apprenants - ont toute l'apparence d'une "révolution attendue" pour reprendre une expression utilisée dans le webinaire, même si certains peuvent contester l'idée que les MOOC soient une innovation "car on n'a pas attendu 2013 ou 2014 pour disposer de ressources pédagogiques gratuites sur le Web - la preuve, par exemple avec Wikipedia ou avec les chaînes de formation linguistique à distance qu'on a vu se développer sur YouTube" comme l'a rappelé Michel Diaz. La nouveauté résiderait dans l'émergence de grands acteurs - marques mondiales d'éducation comme Harvard, Polytechnique et autres, et investisseurs de poids à l'instar de Bill Gates ou Google - bien décidés à faire du marché de l'éducation et de la formation professionnelle un nouvel El Dorado, au moment où les pouvoirs publics français semblent conscients qu'il faut prendre ce train avant qu'il ait filé (le plan "FUN" (France Université Numérique)).
Philippe Delanghe a commenté quelques mots clés autour de la notion de MOOC, notamment cette rupture dans les pratiques de formation, alors que "l'on continue d'enseigner à l'université à peu près de la même manière qu'il y a 50 ans", et que, au grand regret du Directeur général d'UnI Learning France "le e-learning reste une modalité de formation encore marginale dans les entreprises". Une rupture dont les résultats doivent cependant être relativisés : 5 à 10% seulement des étudiants vont au bout de leur parcours de formation MOOC, jusqu'à la délivrance d'une certification qui ne vaut en général pas diplôme, ce qui n'empêche pas les marques d'éducation d'exercer un fort pouvoir d'attraction sur le marché.
A travers quelques exemples issus ou non du monde de l'entreprise - les MOOC gestion de projet, passeport pour entreprendre, Sorbonne Droit des Entreprises, Khan Academy - les intervenants ont pu fixer quelques traits caractéristiques. D'abord l'omniprésence du format vidéo, que les vues soient capturés sur le vif ou prises en studio, un phénomène qui commence à s'étendre dans les entreprises : "J’ai tiré quelques leçons des MOOC suivis sur Coursera : découpage très rapide (5 à 7 minutes), peu de médiatisation mais enseignants très brillants…" Pour Philippe Delanghe, un média d'avenir, d'autant que les catalogues correspondants contiennent des milliers de ressources, bien au-delà des maigres patrimoines e-learning dans les entreprises. Deuxième trait : la certification par quoi les apprenants qui ont suivi un MOOC peuvent donner de la visibilité aux connaissances acquises. Enfin et surtout la dimension sociale : sur Coursera toute question posée sur un forum reçoit sa réponse en moins de 20 minutes 7 jours sur 7, 24 heures sur 24… Qui dit mieux !
La liberté n'est toutefois pas totale, les MOOC lancés en France, en particulier, s'intégrant dans de stricts calendriers de suivi. Quant à la gratuité, si elle est bien réelle, il faudra souvent payer de sa poche les certifications ou l'assistance individualisée apportée par l'enseignant ou le formateur, pour amortir des coûts de conception qui restent élevés. Une diversification pour les organismes de formation ? Le danger est là : le MOOC gestion de projet, par exemple, a délivré près de 2.000 certifications depuis 2 ans… Ce qui correspondrait à des revenus de 2 millions d'euros pour les acteurs traditionnels.
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