Pour aider les PME genevoises à relever les défis du numérique, l’État de Genève a lancé un projet de formation hybride pensé comme une boîte à outils évolutive. Capsules vidéo courtes et dynamiques, ancrage narratif autour de personnages proches des dirigeants, contenus validés par des experts et approche progressive permettent de vulgariser des thématiques complexes telles que cybersécurité, e-commerce ou intelligence artificielle. Objectif : transformer le numérique, souvent perçu comme une contrainte, en véritable levier d’opportunités pour les entreprises. Un projet piloté par Samuel Mellot, attaché aux affaires économiques pour l’État de Genève.
Comment est né ce projet de formation hybride sur les thématiques numériques, destiné aux PME genevoises ?
Samuel Mellot : Ce projet est né d’un constat simple, les PME genevoises, qui représentent l’essentiel de notre tissu économique, se trouvent face à des défis majeurs liés au numérique. Certaines disposent déjà de compétences solides, mais beaucoup n’ont ni le temps, ni les moyens, ni les connaissances pour suivre le rythme des transformations technologiques. Nous avons observé un besoin urgent d’outils pratiques et accessibles, capables d’accompagner les dirigeants dans la compréhension et la mise en œuvre de solutions numériques adaptées à leur réalité. L’idée n’était pas de créer une formation académique, mais un dispositif hybride, pensé comme une boîte à outils « vivante », où chaque entreprise puisse trouver des réponses concrètes à ses propres enjeux. Ce projet s’inscrit dans la stratégie cantonale de soutien à la transition numérique, à travers le programme Entreprises & Numérique, qui vise à démocratiser l’accès aux connaissances et à stimuler la compétitivité de notre économie.
Pourquoi avoir choisi d’ancrer le dispositif autour de personnages comme Julien et Isabelle ?
Samuel Mellot : Julien et Isabelle ne sont pas de simples personnages fictifs : ce sont des figures dans lesquelles de nombreux dirigeants de PME peuvent se reconnaître. Ils incarnent les préoccupations quotidiennes des entrepreneurs : comment gérer une petite structure tout en restant compétitif, comment intégrer de nouvelles technologies sans perturber son organisation, ou encore comment saisir les opportunités du numérique sans perdre de vue son métier premier. L’ancrage narratif autour de ces personnages permet de raconter une histoire, de susciter de l’empathie et de rendre les concepts abstraits beaucoup plus concrets. Plutôt que de présenter des définitions ou des schémas théoriques, nous montrons comment Julien ou Isabelle font face à une situation précise, et quelles solutions numériques peuvent les aider. Ce choix introduit une dimension humaine et émotionnelle qui est que l’on retient mieux une histoire qu’un cours magistral.
Quels formats ou choix éditoriaux ont été déterminants pour vulgariser des sujets complexes sans nuire à la rigueur des contenus ?
Samuel Mellot : La clé a été de trouver un équilibre entre simplicité et exigence. Nous avons choisi des courts formats, visuels et dynamiques, inspirés autant des MOOC que des web-séries. Chaque capsule vidéo est conçue pour durer quelques minutes, avec des animations, des exemples et des mises en situation. Cela permet de capter l’attention, tout en gardant un haut niveau de rigueur grâce à la validation systématique des contenus par des experts. Le choix éditorial le plus fort a été de travailler avec un fil rouge narratif clair, en gardant une cohérence de ton et une progression pédagogique. Les thématiques abordées que sont, la cybersécurité, intelligence artificielle, protection des données, e-commerce sont parfois complexes. Nous avons donc adopté une approche graduelle, en partant de situations simples pour amener progressivement les dirigeants à comprendre les enjeux stratégiques et réglementaires. Cette pédagogie active, appuyée sur la narration et la vulgarisation visuelle, a été déterminante. Il est à noter que nous nous sommes appuyés sur les contenus des guides entreprises et numériques, ainsi que différents experts dans les domaines concernés pour établir et scénariser les « MOOC ».
Quels impacts avez-vous observés en matière de visibilité, d’inscriptions aux formations et d’appropriation des contenus par les entreprises ?
Samuel Mellot : Les résultats ont dépassé nos attentes. D’abord, en termes de visibilité, car le projet a circulé largement sur les réseaux sociaux, dans les chambres professionnelles et les associations sectorielles. Ensuite, sur le plan des inscriptions, nous avons constaté une augmentation significative du nombre de PME qui se sont engagées dans les formations proposées en complément des capsules. Mais au-delà des chiffres, ce qui nous a le plus marqué est l’appropriation des contenus. Plusieurs entreprises ont utilisé les capsules en interne pour sensibiliser leurs équipes, certaines les ont intégrées dans leur plan de formation, et d’autres les ont utilisées comme support de discussion avec leurs conseils externes. Nous avons aussi observé un changement de posture : au lieu de percevoir le numérique comme une contrainte ou une menace, beaucoup de PME y voient désormais une opportunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour faire vivre et évoluer ces capsules, notamment dans un contexte technologique et réglementaire en constante évolution ?
Samuel Mellot : La transformation numérique est un processus continu, ainsi ce qui est valable aujourd’hui peut être obsolète demain. C’est pourquoi nous concevons ces capsules comme un dispositif évolutif. Les prochaines étapes sont multiples. D’abord, l’intégration de nouvelles thématiques émergentes, comme l’intelligence artificielle générative, la cybersécurité renforcée face aux menaces croissantes, ou encore les questions de souveraineté numérique. Ensuite, l’adaptation aux évolutions réglementaires, particulièrement dans le domaine de la protection des données et des normes sectorielles. Nous travaillons également à développer des déclinaisons sectorielles telles que : industrie, commerce de détail, services, afin de coller encore davantage à la réalité des entreprises. Enfin, nous souhaitons enrichir l’interactivité, avec des quiz, des parcours personnalisés, des outils d’auto-diagnostic permettant aux PME de situer leur niveau de maturité numérique et de définir des priorités d’action. Notre objectif est clair : faire de ces capsules un véritable compagnon de route pour les entreprises, un outil agile et accessible, capable d’évoluer au rythme des innovations technologiques et des besoins du terrain.
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