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Peut-on (doit-on) formaliser l’informel ?
17 JUIN 2021
Michel Diaz
industry analyst
féfaur
Jean-Roch Houllier
head of operations, learning & digital
groupe safran
L’informel en formation, il en est beaucoup question, notamment dans le modèle 70-20-10 ou dans « l’action de formation en situation de travail » (AFEST)… Des approches qui montrent que les services formation sont parfois tentés d’encadrer, voire de « formaliser l’informel »… Est-ce possible ? Est-ce seulement souhaitable ?

On peut se demander ce que le modèle 70-20-10 et l’AFEST ont en commun, et là où, au contraire, ils divergent - ne serait-ce que pour faciliter le choix d’une approche par le service formation.

La formation, ce n’est pas seulement… de la formation (formelle) !

Le modèle « 70-20-10 » rappelle aux professionnels de formation qu’il y a une forte dimension d’informel (70+20) dans tout processus d’apprentissage. On apprend essentiellement par expérience (70) - « Rien ne remplace l’expérience » - et au contact des autres (20) - notamment par imitation (pour nombre d’anthropologues, à commencer par René Girard, tout apprentissage est imitation).

On apprend donc « au fil de l’eau », « comme sans y penser », ce qui permet à chacun de construire l’édifice de ses compétences au gré de ses expériences et rencontres. On y revient toujours : l’individu est bien le premier acteur de sa « formation », ou, plus justement, de son propre développement.

Au contraire de ce processus « naturel », une démarche de formation est forcément intentionnelle : elle se fixe des externalités qu’elle traduit en objectifs x jalons pédagogiques auxquels sont alloués des ressources pour les atteindre. De ce point de vue, une AFEST est intentionnelle : elle partira d’une analyse de la situation de travail pour concevoir (ingénierie pédagogique) l’itinéraire d’apprentissage adapté et le dispositif d’accompagnement associé à son déploiement.

L’intentionnalité : ligne de partage entre le 70-20-10 et l’AFEST

On voit bien ce qui réunit le 70-20-10 et l’AFEST : leur volonté de ne pas cantonner la formation au seul « territoire » formel, mais au contraire de prendre en compte l’immense territoire des apprentissages informels.

On voit bien aussi ce qui les différencie.

Le 70-20-10 n’est guère sous-tendu par une « intention de formation » qui pousserait les responsables formation à structurer l’articulation du 70-20 (informel) avec le 10 (formel) ; ceux-ci considérant souvent que l’informel et le social leur échappent, parce qu’essentiellement de la responsabilité de l’employé, de l’équipe et du manager. Leur réticence à suivre, post formation (10), la mise en pratique (qui ressort du 70) des connaissances acquises par les apprenants privent les responsables formation de la possibilité d’estimer, voire de monétiser, l’impact réel de la formation sur les opérations et le capital humain.

Au contraire, l’AFEST veut étendre son terrain de jeu hors la seule salle de classe traditionnelle, en intégrant des activités de plus en plus sociales et, surtout, en connectant la formation plus étroitement au terrain. L’AFEST s’ouvre ainsi un champ fermé au 70-20-10 : on peut en attendre de sérieuses avancées en matière de calcul de rentabilité des investissements - ce retour s’appuyant sur une « intention » préalable : l’obtention d’un avantage économique et humain initialement fixé au déploiement d'une formation. 

On y revient : ce qui distingue l’AFEST du modèle 70-20-10, c’est l’intentionnalité inscrite dans une démarche construite et raisonnée faite d’itérations partant et revenant à l’apprenant en situation de travail, dressant des ponts entre les diverses façons d’apprendre (formelle, expérientielle, sociale), mobilisant et articulant les diverses capacités de l’apprenant (la boucle infinie : je fais, j’apprends, je fais).

Peut-on et doit-on formaliser l’informel ?

Cette question n’est pas anodine au moment où les algorithmes arrivent dans le monde de la formation et des RH. Les responsables formation-RH peuvent être tentés d’extraire automatiquement un ordre, une structure formelle, des données que le salarié-apprenant ne manque pas de produire dans ses interactions avec tous les systèmes de l’entreprise). L’IA formaliserait ainsi l’informel.

Ceux que cette évolution n’enchante pas (nous en faisons partie), c’est-à-dire ceux qui ne veulent pas s’en remettre complètement aux seuls algorithmes, placeront l’intention des acteurs au cœur de la démarche de formation ! Des acteurs - apprenant, ingénieur pédagogique, formateur, tuteur, manager - dont la négociation des buts x moyens conditionne la pertinence et l’impact de la formation ; des acteurs sans le libre arbitre desquels, la porte s’ouvre à l’automatisation et l’appauvrissement de la formation (il suffit d’observer le système de recommandations de Youtube pour entrevoir cette perte).

Le dilemme serait le suivant : choisir entre d'une part le 70-20-10 qui, laissant en friche les territoires 70 et 20, les abandonne à terme au bon soin de l’intelligence artificielle ; et d'autre part l’AFEST qui s’appuie sur l’intentionnalité des acteurs… Est-ce vraiment un dilemme ?

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