Décidément le Mobile Learning a des allures de ruée vers l’or : éditeurs de contenus e-learning, prestataires de classe virtuelle, fournisseurs de MOOCs… les annonces se succèdent et se ressemblent : la plupart des catalogues peuvent d’ores et déjà être joués sur smartphones ou tablettes numériques. D’ici 5 ans on peut se demander quelle part restera à la formation sur les PCs traditionnels, au bureau ou à la maison, alors que leurs ventes sont supplantées depuis des semestres par celles des terminaux mobiles.

Skillsoft n’échappe pas à ce mouvement : disponible dans les magasins en ligne Apple et Android, son application mobile veut tenir la double promesse d’une formation affranchie de l’espace et du temps (se former tout le temps partout) et de contenus répondant à tous les besoins couverts par  le catalogue Skillsoft : bureautique, formations commerciales, management leadership, formations financières, langues, informatique… Un catalogue certes vieillissant mais en cours de rénovation accélérée, grâce des acquisitions judicieuses (par exemple Vodeclic) qui aident ce leader mondial à tenir le cap de la vidéo et des apprentissages collaboratifs, l’offre délivrant une variété impressionnante de modalités : livres, livres audio, résumés, fiches techniques… Tout apprenant est censé trouver le contenu et les modalités adaptées dans cette sorte d’Amazon de la ressource pédagogique en ligne.

Pour Tim Hildreth, Vice-président en charge des produits, cette application prendra naturellement sa place dans le cadre d’un poste de travail de plus en plus digitalisé. Ce qui se dessine derrière la volonté de flexibilité de la formation (cette réponse juste à temps apportée dans le flux du travail), c’est la capacité de la formation à jouer son rôle dans la transformation digitale du travail, et à prendre en compte les enjeux de sécurité et de support multimodal dont on sait l’importance pour les directions d’entreprise. Les offres se multipliant, ces questions de gouvernance et d’organisation du poste de travail devenant cruciales, les entreprises se tourneront vers des fournisseurs dont la maturité et les moyens leur garantissent un service global hautement sécurisé.

C’est le pari de Skillsoft et de quelques autres (CrossKnowledge, LinkedIn…), fondé sur l’hypothèse implicite qu’ils ont encore une solide marge de manoeuvre, car la formation semble par nature moins menacée, sinon moins rapidement, que d’autres secteurs comme le transport (Uber) ou l’hôtellerie (Airbnb) pour ne citer qu’eux. De fait les acteurs de rupture ont bien du mal à émerger sur ce marché qui reste d’une grande complexité, et d’un potentiel énorme : 80% de la population mondiale devrait être équipée d’un smartphone à l’horizon 2020, et 10% seulement des entreprises ont mis en oeuvre le Mobile Learning dans leur politique formation selon une récente étude Bersin by Deloitte.

Michel Diaz