Maîtriser les contenus dans un monde éclaté

Le digital learning s’est imposé comme la colonne vertébrale de la formation dans les grandes organisations. Mais cette colonne se fragilise dès lors que les contenus sont diffusés hors du périmètre direct de l’entreprise. Quand on diffuse des contenus sur des LMS qui ne nous appartiennent pas, on perd complètement la visibilité : qui utilise quoi, comment, et quand ?, alerte Pierre-Henri Amalric, directeur d’XPERTEAM. Les grandes entreprises, comme Safran, jonglent avec des enjeux d’industrialisation des contenus, d’homologation technique et de conformité. On a 100 000 collaborateurs dans 30 pays, 12 filiales et des besoins de formation massifs. La centralisation à outrance est impossible, mais si on laisse tout se faire dans les filiales sans cadre, on se perd, explique Jean-Roch Houllier, directeur de Safran University. Le modèle mis en place chez Safran repose sur une production internalisée massive — 8000 contenus digitaux, dont 2/3 réalisés en interne — mais avec une gouvernance rigoureuse. Nous avons 400 auteurs formés, un réseau de 1200 référents, et chaque contenu est validé et suivi. Mais sans outils adaptés, cette gouvernance serait illusoire. Chez Poma, ETI française spécialisée dans le transport par câble, le constat est similaire. Nous devons former des clients, des partenaires, des filiales dans le monde entier. Mais je suis seule à faire de l’ingénierie pédagogique, alors il faut prioriser, arbitrer, et surtout, garder la main sur la mise à jour des contenus, souligne Adeline Anfreville, ingénieure pédagogique.

La problématique cachée : un modèle économique à réinventer

Derrière la question de la sécurisation des contenus se cache un enjeu financier tout aussi stratégique : comment répartir les coûts entre l’entité centrale et les filiales, entre l’éditeur de contenu et le client ? Quand tu perds la maîtrise des contenus, tu ne peux plus savoir qui consomme quoi. Tu finis par facturer au forfait, mais ce n’est jamais juste. C’est une estimation qui peut coûter cher à tout le monde, explique Pierre-Henri Amalric. Jean-Roch Houllier décrit un système de « poche à poche » : L’université Safran est un centre de coût, pas de profit. On porte les licences du LXP et des outils d’innovation, mais chaque filiale contribue au prorata des usages. Quand une filiale crée un contenu qui peut servir aux autres, il faut aussi penser à la rétribution. Ce n’est pas simple, mais c’est vital pour pérenniser le modèle économique.Adeline Anfreville abonde : Chez Poma, on réfléchit à la manière de rétribuer nos filiales qui créent des contenus, et à la façon de mutualiser des modules tout en respectant l’identité pédagogique et la réglementation de chaque entité. Ce sont des questions que nous n’avons pas encore tranchées.

LMS Dispatcher : un outil pour reprendre le contrôle

C’est dans ce contexte qu’est née la technologie LMS Dispatcher, conçue par XPERTEAM. Le principe est simple : permettre de diffuser des contenus SCORM sur des LMS tiers tout en conservant le contrôle centralisé. LMS Dispatcher n’est pas un LMS. C’est une couche qui se greffe au-dessus des plateformes existantes, une marketplace où l’on référence les contenus et où l’on gère les droits d’usage : durée, nombre d’utilisateurs, règles spécifiques, détaille Pierre-Henri Amalric. En dissociant la communication SCORM des médias et en centralisant ces derniers, LMS Dispatcher permet non seulement de suivre en temps réel qui consomme quoi, mais aussi de garantir la mise à jour des contenus. Un contenu est mis à jour une fois, et la version à jour est automatiquement déployée sur tous les LMS où il est consommé. C’est un gain de temps, de qualité et de sécurité considérable, insiste Pierre-Henri Amalric. Pour Adeline Anfreville, l’apport est évident : Avant, on se retrouvait avec des SCORM A sur une plateforme, SCORM B sur une autre, et impossible de savoir si les mises à jour étaient appliquées partout. Avec Dispatcher, on sait exactement qui a quoi, et on est sûrs que tout le monde a la dernière version du module. Jean-Roch Houllier y voit aussi un levier stratégique : C’est une vraie innovation. Ça peut aider à structurer un business model clair pour la formation dans l’entreprise étendue. On ne peut plus se contenter de bricoler, il faut des solutions robustes pour piloter à l’échelle.

L’entreprise étendue : un terrain de jeu et de risque pour la formation

Former au-delà de l’entreprise, c’est former dans des environnements hétérogènes, sur des LMS multiples, à des publics variés, avec des niveaux de maturité et des contraintes réglementaires différents. Il faut une signature pédagogique commune, tout en respectant les spécificités locales. Chez Poma, nos contenus doivent être adaptés aux réglementations des 22 pays où nous opérons. C’est un casse-tête sans outils adaptés, confie Adeline Anfreville. LMS Dispatcher se présente comme une réponse technique à ces défis. Mais il ouvre aussi des perspectives nouvelles : monétisation des contenus, traçabilité des usages, contractualisation précise des droits d’usage, et surtout, sécurisation des savoirs de l’entreprise. Le chemin reste ouvert. Pour Jean-Roch Houllier, le modèle de la formation doit évoluer vers plus de souplesse, plus de collaboration, et surtout plus de rigueur dans la gestion des contenus. Les outils comme Dispatcher nous y aideront, mais c’est toute une organisation qu’il faut repenser.

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