Quels sont les principaux enseignements du Baromètre Afinef e-learning en France 2015?

Christian de Veyrac : L’édition 2015 du Baromètre Afinef atteste que les outils d’e-learning sont désormais bien ancrés dans le monde de la formation professionnelle. Si les formations métiers, la bureautique et les langues correspondent toujours aux domaines de prédilection pour le e-learning, on observe notamment des progressions importantes dans les thématiques marketing/commerce, efficacité personnelle,  management, RH… En parallèle, on observe un développement des usages sur de nombreux outils. Parmi les changements les plus importants, on note les serious games, les réseaux sociaux d’entreprise, le mobile learning, les outils d’enquête en ligne ou les classes virtuelles. Enfin les entreprises affichent leur optimisme dans leur prévision d’achats d’outils d’e-learning pour les cinq prochaines années. Ainsi à l’horizon 2020, 30% des entreprises (contre 6% aujourd’hui) prévoient que les outils numériques représenteront plus de 50% de leur plan de formation.

La principale motivation (63%), conforme à ce qu’on trouve dans d’autres études, est l’optimisation des coûts de formation : est-ce bon ou mauvais signe pour le marché de la formation ? Faites-vous le même constat dans le domaine des formations linguistiques ?

Christian de Veyrac : Les entreprises cherchent avant tout à optimiser leur dispositifs de formation en tentant soit de former plus à budget constant, soit de réduire les coûts. Que le e-learning permette de répondre à cette attente du marché est positif. Néanmoins, l’étude montre que l’amélioration de la qualité, de l’efficacité des formations (56%) et le déploiement à plus large échelle (54%) représentent aussi des éléments clés dans la mise en place des solutions d’e-learning.

Les formations linguistiques répondent à ces mêmes attentes. La pression sur les coûts est souvent importante sur ces prestations. Chez Rosetta Stone, nous accompagnons nos clients dans cette démarche par un meilleur diagnostic des besoins afin de cibler au mieux la modalité de formation. Nous venons d’ailleurs de lancer un nouvel outil de diagnostic des besoins de formation en anglais.

Les principaux freins (45%) sont culturels… Cela corrobore votre expérience ?

Christian de Veyrac : Le présentiel reste encore fortement ancré en Europe dans la culture formation des entreprises. Aux Etats-Unis par exemple, la culture numérique est bien plus développée.  L’étude Afinef montre néanmoins que plus de 90% des entreprises utilisent déjà le e-learning et qu’elles prévoient d’augmenter fortement à l’avenir l’utilisation d’outils numériques, autant de résultats très prometteurs pour notre industrie. Traduction chez Rosetta Stone : une équipe dédiée de consultants en formation est en charge d’accompagner nos clients dans leurs projets de digital learning.

Entre 2015 et 2020, les entreprises prévoient une forte augmentation de la part du e-learning dans les actions de formation…

Christian de Veyrac : L’augmentation est cohérente par rapport aux retours marchés avec des taux de croissance moyens annuels de 5 à 20% en Europe selon les pays. Par ailleurs, la baisse de certains budgets formation contribue aussi mécaniquement à augmenter le poids en pourcentage du e-learning dans la dépense totale de formation. Concernant le CPF, s'il est encore trop tôt pour apprécier son impact, 55% des entreprises sondées estiment que cette réforme aura un impact positif sur l’utilisation des outils numériques. Peut-être parce qu’il permet de former plus à budget constant…

Concernant la formation linguistique, il faut constater qu'elle utilise déjà une grande variété de modalités pédagogiques : outils d’évaluation, de diagnostic, cours individuels, collectifs, en face à face, en classe virtuelle, cours par téléphone, coaching … Tout l’enjeu est de calibrer le bon niveau de services de formation afin d’assurer un bon retour sur investissement. Si le blended learning avec du présentiel reste la principale modalité de formation mise en œuvre dans les langues, on note aussi un fort développement des modalités d’e-learning qui associent des cours en classe virtuelle. En effet, cette modalité de formation présente une réelle proximité avec le format pédagogique du face à face.

On a l’impression à lire l’étude que les entreprises du panel utilisent en effet beaucoup d’outils…

Christian de Veyrac : Oui ; on note aussi des évolutions significatives : serious games, outils d’enquêtes en ligne, classes virtuelles, sites de partage d’information, réseaux sociaux et le mobile learning clairement mis en avant, cette année : un signe de maturité du marché, à la recherche de solutions plus complètes. Même constat dans les langues, notamment pour le mobile learning et les classes virtuelles, ce que nous illustrons avec Rosetta Stone® Advanced English for Business, notre nouvelle offre en anglais professionnel.

En même temps on a l'impression que les entreprises ne sont pas totalement satisfaites ?

Christian de Veyrac : Le e-learning peut certes faire mieux, mais le score moyen reste bon ! Il correspond à un taux de satisfaction moyen de 78%. Nous sommes sur un secteur où il faut constamment innover et anticiper les usages futurs pour progresser. Quand de nouvelles solutions sortent sur le marché, il y a forcément une période d’adaptation… mais globalement, les promesses sont tenues et les clients souhaitent développer, d’une année sur l’autre, le digital learning.

Propos recueillis par Michel Diaz