Le stage est forcément synchrone : tous les acteurs, apprenants et formateurs, sont simultanément en scène (dans la salle de cours), dans un jeu de rôle bien ficelé. Unité de temps, de lieu, d’action : c’est en quoi le stage s’apparente au théâtre classique. Pour autant, on le sait, le synchrone n’est pas réduit au stage : un Webinar, une classe virtuelle, ou un cours de langue par téléphone : du synchrone – souvent confondu avec le concept de Live, bien pratique car recouvrant des formes variées, dont certaines distancielles, permettant d’échapper à la dichotomie stérile entre stage et autoformation e-learning.

Synchrone et Live diffèrent

Au moins pour le Larousse...

« Live (adjectif invariable) (anglais live, vivant) : Se dit d’un spectacle, d’une émission ou d’un disque enregistrés non pas en studio mais sur une scène devant un public. » Extension à la formation : une classe virtuelle ou la capture vidéo d'un cours magistral en amphi, ce serait du Live ; ce que ne serait pas ce même cours « joué / simulé » par le professeur / le formateur dans un studio spécialement aménagé à cet effet, et a fortiori un module e-learning.

Le Live peut être « consommé » en différé (autant de fois qu’on le souhaite) : il n’est pas nécessairement synchrone. La classe virtuelle ou le Webinar auxquels on n’a pu participer, et qu’on visionne plus tard, ce serait du « Live Learning ». Notons au passage que Live et direct (stage), se distinguent eux aussi ; question de montage : la plupart des émissions de télévision enregistrées en public étant diffusées en différé, une partie du direct peut disparaître... au montage. L’émission y gagne en cohérence et concision, ce qu’elle peut perdre en spontanéité. Cette opération est rarement sinon jamais appliquée dans un Webinar ou une classe virtuelle, sans doute parce que leur objet – un contenu de formation – est moins risqué, par exemple, qu’un sujet de société !

Live : formation vivante et sociale

Live, vivant... Vif, « pris sur le vif ». Le contenu, le script d’un spectacle, d’une émission, d’une formation « live » diffèrent souvent en effet de ce qui était strictement prévu. Avec la possibilité du hors sujet : une opportunité quand on veut apprendre à penser « en dehors de la boîte ». Ce qui suppose un animateur talentueux pour tirer parti du potentiel de cette situation. Le Live s’opposerait ici à ce qui est figé, à des connaissances qu’on voudrait gravées dans le marbre des manuels, des modules e-learning, des processus. De fait son avenir semble assuré par la nécessité d’une formation qui doit coller toujours plus étroitement au rythme des affaires. Une raison qui explique pourquoi on réduit souvent à tort le Live au synchrone : il est censé répondre instantanément aux besoins des salariés et des métiers.

Il n’y a pas de Live sans public réagissant. Le Live est social. Il se joue à deux a minima. Entre le formateur et l’apprenant, dans un cours particulier en salle ou par téléphone (formation linguistique) ; entre le salarié et le tuteur qui va l’aider à appliquer ses savoirs au poste de travail. Plus de deux, c’est bien aussi – stage traditionnel, classe virtuelle, communautés d’apprentissage. Réagissant ? Interactif ! Le Live s’oppose, même si la définition n’y fait pas obstacle, au principe éculé d’un public passif. Des interactions entre les participants à un stage vont naître des nouveaux points de vue, émerger de nouvelles connaissances... Une raison qui explique la faveur des MOOC dont on sait l’usage abondant qu’ils font des interactions entre les apprenants.

Une dernière remarque : le lien qui vient d’être fait entre formation et « TV » n’est pas artificiel, comme le montre la vague des Corporate Web TV à usage de communication et de formation dans les entreprises et chez les offreurs de formation.

Michel Diaz

Tribune initialement parue dans Formaguide