La réflexion stratégique n’est pas seulement réservée aux entreprises qui démarrent dans le e-learning. Si celles-ci peuvent en tirer le plus grand profit, les autres - y compris les plus avancées - ont tout intérêt à mettre à jour leur stratégie Digital Learning chaque année… Une périodicité qui semble raisonnable, compte tenu de l’accélération des offres (technologies, contenus, dispositifs…) et de l’évolution rapide des attentes des apprenants et des métiers.
Les entreprises qui veulent démarrer dans le e-learning / Digital Learning ont en effet tout à gagner à commencer par l’approche stratégique, c’est-à-dire l’inventaire des questions relatives à l’intégration du numérique dans les offres, dispositifs, process et missions de la fonction formation.
Ces questions sont nombreuses (plusieurs centaines d’importance variable) mais elles peuvent être regroupées dans une dizaine de champs (analyse SWOT, modélisation Blended Learning, production des contenus, plateformes digitales et portails de formation, évaluation, conduite du changement, marketing, business plan…), identifiés et traités de façon approfondie dans la méthodologie Schéma Directeur Digital Learning (Féfaur) utilisée par de grandes organisations françaises et européennes. Ces questions interagissent : impossible de répondre pertinemment, par exemple à celles qui portent sur l’organisation interne de la formation, si l’on n’a pas arrêté une position sur le choix et la normalisation des contenus, l’ingénierie de l’évaluation ou le périmètre fonctionnel de la plateforme LMS (pour ne citer que ces domaines) !
En se dotant d’une véritable stratégie à 3-5 ans incluant un budget complet et détaillé et le plan d’actions, les entreprises qui démarrent dans le Digital Learning économisent le coût souvent énorme des erreurs débutantes. Il peut s'agir du coût direct (celui des projets dont le budget aura sans cesse été revu en hausse) ou de coût indirect. Ce dernier est encore plus élevé car un ratage éloignera durablement de nombreux salariés de ce nouveau mode de formation. Rappelons qu'un stage de formation raté, c’est une dizaine de mécontents, alors que le fiasco d'un dispositif e-learning peut impacter des milliers de collaborateurs. Bref, on comprendrait mal qu’en 2017, vingt ans après l’apparition du e-learning, une entreprise ne veuille pas profiter de toutes les informations et savoirs accumulés pour s’éviter les affres supportés par ces prédécesseures.
Mais le cercle des bénéficiaires possibles d’une réflexion stratégique s’étend bien au-delà. Pour les entreprises déjà investies de longue date dans le Digital Learning, l’intérêt sera tout aussi grand d’une remise à plat des pratiques. Car on constate fréquemment que le e-learning s’y est introduit de façon opportuniste, pour répondre à des besoins divers de lignes métiers ou de géographies sans liens réels, et sans que le département formation soit toujours bien informé. Dans ces entreprises, l’élaboration d’une stratégie pourra partir d’un audit - qualité des contenus, process, usages de la plateforme LMS, satisfaction des métiers et des apprenants, etc. - riche d’enseignements pour les équipes formation-RH. Le terme d’audit, s’il est jugé désagréable, pourra être avantageusement remplacé par ce “retour d’expérience” sans lequel on est destiné à répéter les mêmes erreurs. Réconcilier passé et futur, en montrant quels progrès les réalisations e-learning existantes ont permis dans l’entreprise, et comment elles pourraient évoluer pour prendre en compte les nouvelles attentes des salariés et du business, c’est l'une des tâches que se fixe ce retour sur la stratégie Digital Learning dans des entreprises déjà expérimentées.
Si le niveau de maturité Digital Learning de l’entreprise conditionne l’effort qu’elle doit accomplir dans l’élaboration de sa stratégie - “partir de rien” ou “mettre à jour” -, celle-ci se révèle en revanche une exigence pour tous les responsables formation, qu’elle se présente comme un volet du plan de formation (pour les entreprises qui poursuivrait l’exercice malgré la disparition du 0,9%) ou comme un plan à part entière (ce qui est souhaitable). Par ailleurs, cette pratique inscrite dans l’agenda annuel permettra à la formation de se synchroniser avec les meilleures opportunités d’une offre qui ne cesse d’avancer de son côté.
Michel Diaz
Actualité :
Féfaur délivrera son Séminaire annuel sur la Stratégie Digital Learning le 24 novembre à Paris. Une centaine de décideurs formation-RH sont attendus sur la thématique “Construire et piloter votre stratégie Digital Learning” en partenariat avec le Garf, la FFP, Focus RH et e-learning Letter.
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