L'intelligence artificielle serait-elle déjà partout dans les plateformes de formation ? À voir… Dans sa récente étude, Fosway tempère cette affirmation : l'IA progresse, certes, mais elle est encore loin d'avoir transformé les usages. Au-delà des effets d'annonce, relativement rares sont les éditeurs qui tirent réellement parti de cette technologie pour améliorer l'efficacité de la formation. Retour sur quelques résultats.
L'IA dans toutes les bouches (marketing), pas encore dans toutes les lignes (de code)…
Il y a les mots, il y a les actes. Sur le papier, l'intégration de l'intelligence artificielle dans les systèmes de formation est acquise. Mais Fosway, en analysant en profondeur une quarantaine de fournisseurs référencés dans son 9-Grid, rétablit une vérité plus contrastée : dans bien des cas, l'IA n'est qu'un vernis marketing : la majorité des fournisseurs surestiment l’intensité d’usage de l’IA dans leurs solutions, tranche l’étude. Oui, l'IA est là. Mais trop souvent cantonnée à des démonstrations cosmétiques. Seule une minorité d’acteurs atteignent un niveau d’intégration réellement différenciateur. Moins encore sont à même d'en démontrer l’impact sur l’apprentissage. Sur les cinq grands domaines analysés (expérience utilisateur, gestion de la formation, développement des compétences, apprentissage en situation de travail, architecture des systèmes RH), seuls 10 à 15 % des fournisseurs se rapprochent du niveau « best in class ». Quand elle est bien intégrée, l’IA ne se contente pas de séduire les acheteurs. Elle change la donne pour tous les profils d’utilisateurs. Côté apprenants, on le sait, l’IA enrichit l’expérience par la personnalisation : recommandations plus pertinentes, tutorats virtuels, réponses instantanées aux questions. Pour les administrateurs de plateformes, on le sait moins, elle signifie gain de temps et réduction des tâches répétitives : affectation automatique de parcours, analyse des usages, génération d’alertes. En matière de stratégies de formation, l’IA devient un copilote : aide à la conception de parcours, prédiction des abandons, analyse des besoins. Et pour l’entreprise, elle ouvre la voie à une formation plus stratégique, connectée aux compétences critiques, mesurable en continu. Encore faut-il que ces promesses sortent du laboratoire pour s’ancrer dans des usages quotidiens. On en n'est pas pas systématiquement là, loin s'en faut.
Des fonctionnalités devenues incontournables
Le marché commence à converger vers un socle de fonctionnalités qui tendent à devenir des standards. C’est le cas des moteurs de recommandation intelligents, de l’auto-tagging des contenus, de la génération assistée de contenus pédagogiques, des copilotes pour administrateurs ou encore des chatbots d’assistance. Selon Fosway, certaines plateformes dépassent déjà de 500 % la moyenne du marché (le panel des solutions étudiées) sur l’adoption effective de l’IA. En moyenne, les solutions les plus avancées affichent un niveau d’intégration fonctionnelle de l’IA deux à trois fois supérieur à la moyenne du marché. Une leçon pour les acheteurs : ces fonctionnalités doivent désormais figurer dans les appels d’offres. Pas comme des gadgets, mais comme des exigences fonctionnelles à tester en situation. Il ne suffit plus que l’éditeur coche la case IA. Il doit en prouver l’efficacité, démonstration à l’appui. Le danger ne serait donc pas tant de manquer le virage de l’IA, que de croire qu’on l’a déjà pris ! À trop croire les promesses des éditeurs, les entreprises pourraient se retrouver avec des plateformes faussement intelligentes et, de fait, peu évolutives. L’étude Fosway invite à une vigilance stratégique : valider les cas d’usage, tester les fonctionnalités, questionner les données d’entraînement. C'est de bon sens. Et se rappeler que l’IA n’est pas une solution magique, car l’impact de l’IA dépend moins de la technologie que de la capacité à l’exploiter intelligemment. Une raison de plus pour muscler ses exigences dès la phase d’expression du besoin. Dans ce marché en mouvement, la maturité IA des plateformes devient un critère de choix central. Fosway introduit une notion éclairante : celle de différenciation par la profondeur d’intégration. Autrement dit, plus l’IA est invisible et utile, plus elle est efficace. Les meilleures plateformes ne mettent pas l’IA en vitrine. Elles la rendent indissociable de l’expérience utilisateur. Pour les responsables formation, cela signifie une nouvelle responsabilité : ne plus seulement acheter une plateforme, mais évaluer un niveau d’intelligence opérationnelle. Et refuser les solutions qui ne font que singer l’innovation.
Un marché français attentiste mais pas passif
Le marché français n’échappe pas à cette dynamique, mais avec une prudence marquée. Les grandes entreprises s’interrogent sur l’impact réel de l’IA sur l’engagement, la montée en compétences ou l’efficacité opérationnelle. Les attentes sont fortes, mais les projets restent souvent pilotes ou limités à quelques briques fonctionnelles. Les éditeurs hexagonaux, de leur côté, affichent des ambitions, mais peinent encore à rivaliser avec les leaders européens en matière d'intégration IA. C’est pourquoi les appels d’offres français (on y revient) gagneraient à expliciter clairement leurs exigences en matière d’IA, non seulement sur les fonctionnalités attendues, mais aussi sur les preuves d’usage, les modalités de test, et les indicateurs d’impact à suivre.
Lien d'accès aux principales conclusions du rapport Fosway
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