Résumé un peu abrupt de cette étude menée par Lumesse, l'un des leaders européens dans le monde des Talent Management Systems : "Développement des compétences : le "casse-tête" des DRH… On s'en doutait un peu…
Un tiers des responsables formation / RH ayant répondu à l'enquête de Lumesse admettent qu'ils préparent mal les salariés de leur entreprise aux changements en cours ; 50 % estimant que les besoins de formation et d'acquisition de nouvelles compétences sont insuffisamment ou mal couverts. Voilà qui offre une belle marge de progrès compte tenu de la taille de l'échantillon interrogé à l'été 2012 : 800 professionnels formation / RH dans 24 pays (principalement européens).
Une confirmation de ce que l'on observe sur le terrain : la "formation / RH" a des difficultés à suivre le rythme accéléré du business lui-même tenu de s'adapter en quasi temps réel au mouvement brownien des marchés et de la concurrence.
Ces changements, les professionnels formation / RH les subissent à double titre. D'abord en tant que fournisseurs internes du business qui leur demande d'apporter des contenus et des services allant à l'essentiel, utiles, toujours plus rapidement, toujours plus loin, au moins dans les entreprises globales… Toujours moins chers aussi, au moins ramenés au ratio coût / apprenant.
Comme si cela ne suffisait pas - mais les deux sont liés - cette pression s'accompagne d'une profonde remise en cause de l'exercice des métiers de la formation, en relation (comme le montre justement l'étude) avec l'intégration des nouvelles technologies dans le champ de la formation, alors que les DRH ni les départements formation ne forcent l'admiration pour leur technophilie. Un cocktail dont les effets seraient distrayants si un tiers des employés, toujours selon l'étude, ne se sentaient pas "menacés professionnellement par ce manque de formation".
Face à ce constat les solutions pourraient émerger plus vite qu'on s'y attend. La prise de conscience est en effet bien là, pour Eric Gellé, Directeur général de Lumesse France : "75% des responsables RH reconnaissent que les structures organisationnelles changent bien plus vite qu'il y a cinq ans. Les RH doivent donc être plus performants, tout en ayant moins de ressources". C'est dit : le manque de ressources explique en partie cette forme d'attentisme, 50% des responsables RH s'estimant incapables de répondre à tous les besoins de formation de leur entreprise…
Du coup, 70% des salariés sont convaincus que leur département formation / RH ne leur offre que des possibilités limitées de formation ou les compétences minimales pour réussir. Même constat des professionnels RH : "40% d'entre eux pensent que les salariés ne s'adresseraient pas en priorité au département RH s'ils avaient besoin d’une formation", ceci valant plus encore dans les grandes entreprises de plus de 10.000 salariés que dans les PME…
Un autre chiffre que ne désavoueront pas les tenants du modèle 70/20/10 et des apprentissages informels : "40% des salariés considèrent que leurs collègues sont plus à même de les aider à assimiler de nouvelles compétences que les systèmes de gestion de formation de l’entreprise" (sous-entendu : le plan et les dispositifs de formation structurés).
Ce que ne dit pas l'étude : il appartient aux responsables formation / RH de communiquer leurs réussites, car elles existent, et elles sont nombreuses, auprès des salariés, des managers et de la Direction de l'entreprise. Sans doute y-a-t-il une part de méconnaissance de leurs clients internes dans la sévérité d'un jugement qui peut sembler excessive.
Michel Diaz
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