Les plateformes LMS sont friandes de tableaux de bord… A qui et à quoi ces reportings sont-ils utiles ?

Elodie Primo : D'abord il faut noter que les plateformes stockent beaucoup d'informations dans leur base de données, notamment le contenu du catalogue (parcours, activités, documents, ressources), des informations sur les utilisateurs (rôles, inscriptions, connexions…), sur le suivi des formations, questionnaires et évaluations (tentatives, objectifs, résultats…), des informations sur la collaboration (messages, articles, notifications...).

Ces informations sont présentées dans des états synthétiques regroupés en tableaux de bord qui concernent diverses cibles pouvant avoir des objectifs et des indicateurs spécifiques.

Commençons par l’apprenant (au sens large), qui peut être un collaborateur, un partenaire ou un client. A cet apprenant qui veut progresser pour être plus performant, la plateforme va proposer des indicateurs permettant de se repérer dans son parcours de formation - ce qu’il a fait, ce qu’il a en cours, ce qui lui reste à faire. Pour le stimuler à poursuivre ou aller plus loin, le portail de formation offre plusieurs leviers de motivation comme le radar de ses compétences comparées à celles d’autres groupes, ses crédits et badges, des leaders board ou autre « Top » formations ou apprenants. Autre possibilité : les boosters de connaissances : des évaluations ciblées et paramétrées pour recommander à l'apprenant juste ce qu’il lui faut de formation. Pas besoin d’algorithme ici, juste des objectifs au sens "Scorm 2004" bien utilisés et qui constituent déjà des prémices de ce qu'on appelle "adaptive learning".

Le manager tient un rôle important dans la motivation de son équipe à se former. Son besoin majeur : une vue globale pour suivre la progression générale du groupe, et pour chaque collaborateur une vue des inscriptions et objectifs atteints pour piloter son activité business.

Côté Responsable Formation et Digital Learning Manager, le besoin concerne des indicateurs plus globaux pour synthétiser les résultats d’ensemble, mais il faut aussi pouvoir entrer dans le détail afin de déclencher éventuellement une action, par exemple un graphique montrant la répartition des activités de formation par typologie et permettant d'évaluer la part de présentiel versus celle du digital. Le tuteur va suivre quant à lui la progression des apprenants pour mieux la soutenir en contactant par exemple un apprenant qui peinerait dans son parcours. Le formateur et le concepteur regardent les résultats et les appréciations sur les parcours de formation pour mieux les adapter aux attentes des apprenants…

Les tableaux de bord LMS ont donc beaucoup de clients !

Quelle est, dans la formation, la part de ce qu'on appelle la BI (Business Intelligence) ?

Elodie Primo : L’informatique décisionnelle (ou Business Intelligence) met en avant les informations pertinentes, les ICP-KPI Iindicateurs Clés de Performance - Key Performance Indicators), par exemple pour sélectionner des données relatives à une période, un secteur ; trier, regrouper ou répartir les données selon des critères variés ; réaliser des calculs facilement, tels que totaux, écarts, moyennes, comparatifs… Cette informatique décisionnelle arrive progressivement dans le champ de la formation, notamment grâce au développement des plateformes LMS compatibles avec le standard xAPI.

Quel est l'apport de cette norme ?

Elodie Primo : Rappelons que l’apprenant est aujourd'hui placé au cœur du dispositif de formation, que son apprentissage est ATAWAD, c'est-à-dire n’importe quand, n’importe où et depuis n’importe quel support : plateformes sociales, mobile, ordinateur, tablette, livre. Du coup, on voit apparaître de multiples activités qui ne sauraient être seulement tracées par "a suivi ou a réussi ou a achevé", mais par des "partage, joue, regarde, construit, lit, écrit…". Par ailleurs les contenus de formation peuvent être "classiques", il peut aussi s'agir d’une App mobile, d’un réseau social, d’un programme installé sur son PC, d’un simulateur, d’un objet connecté, etc. Toutes ces expériences sont stockées dans un Learning Record Store (LRS) et viennent finalement créer des données quantifiables, partageables et traçables. Contrairement à Scorm, la norme xAPI n’est donc pas limitée dans ce qu’elle peut tracer. C’est un langage flexible. Du coup, on avance vers un reporting beaucoup plus qualitatif par la collecte de données de formation plus fines.

La possibilité pratique, donc, de l’Adaptive Learning…

Elodie Primo : Exactement ! En fonction des souhaits, des styles d’apprentissage, des résultats, le processus d’apprentissage est personnalisé. Le système propose automatiquement des parcours sur mesure, adaptés à chaque individu. Vos données d’apprentissage sont comparées à des échantillons de population. Des algorithmes ingurgitent des données de plus en plus fines pour en extraire une cartographie des connaissances acquises, nécessaires, une vraie "roadmap" de celles qui doivent être développées et adaptées à chaque profil. Demain, les dispositifs vous proposeront des activités de formation en fonction de votre mode de mémorisation et d’apprentissage. De nouveaux standards techniques sont en train d'apparaître, pour supporter des changements, certes progressifs, mais à bien des égards révolutionnaires !

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