Imaginons par exemple une plateforme LMS sans contenu de formation… Son ROI ? Sans objet bien sûr, car la plateforme resterait inutilisée (un cas de figure qu'on trouvait parfois encore au début des années 2000) ! Donc il faut au moins étendre le périmètre du calcul à l'investissement "LMS + contenus"… Ce qui suppose au passage une claire vision de l'investissement à réaliser dans les contenus à 1, 2 et 3 ans (au moins), vision qui implique elle-même d'avoir décidé au fond (par exemple : sous-traitance des contenus ou production interne ?) et d'être particulièrement bien informé sur les pratiques tarifaires des prestataires de service (e-learning, rapid learning, serious game, etc.).

Est-ce que la prise en compte de l'investissement dans les contenus règle définitivement le problème que nous soulevions ? Ce serait supposer qu'il n'y a pas d'autres coûts attachés à la nouvelle stratégie de formation… Ce qui est approximatif : il en existe d'autres, loin d'être accessoires (en particulier en lien avec toute la question du déploiement pays ou métiers) ; sans même prendre en compte que le coût unitaire des contenus et celui de "l'acquisition apprenant" (coût pour l'entreprise d'un salarié fidélisé à la plateforme LMS) diminuent fortement en proportion inverse du nombre de contenus disponibles.

Admettons cependant qu'on ait réussi à déterminer l'ensemble des coûts (scénario haut, bas, moyen). Est-on alors en mesure de calculer le ROI de cette stratégie (technologie, contenus, services) ? La plupart des responsables formation évitent de s'y risquer : ils procèdent par simplification : "Si nous devions mener à bien tous ces projets de formation dans le cadre actuel (principalement présentiel), le coût en serait "x fois plus élevé" (x = 3, 4, 5 ou 10, c'est selon) que celui du nouveau dispositif dans lequel nous envisageons d'investir." Pourquoi pas ? Mais on parlera plutôt ici d'économie que de ROI à proprement parler. Une démarche inachevée, certes, mais un discours déjà qui commence à parler aux financiers de l'entreprise.

Le calcul du ROI va plus loin… Il ne peut être fait qu'au niveau d'un projet de formation, en lien avec la valeur que celle-ci va créer dans ce projet. Une valeur forcément externe (à chercher et calculer avec les métiers / le business) : c'est bien le piège qui attend tout responsable formation qui veut calculer un ROI, celui d'oublier que la valeur est forcément créée pour un tiers (un travers qui s'exprime notamment dans le calcul d'un ROI réduit à l'économie que le département formation réaliserait grâce Digital Learning).

Calculé projet par projet (quand ce calcul a du sens et reste économiquement raisonnable), le ROI peut être prolongé globalement par l'agrégation des ROIs des différents projets. Rien n'empêche aujourd'hui les responsables formation de se doter d'un modèle de ce type (projet, global) : un outil qui servira aussi à se faire comprendre de la direction et des opérationnels.