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Sora2 change tout… sauf la pédagogie
20 OCTOBRE 2025
Michel Diaz
directeur de la rédaction
e-learning letter
L’arrivée de Sora2, dernière création d’OpenAI, propulse la vidéo générée à un niveau de réalisme inédit grâce à l’apparition des *cameos* — ces acteurs numériques capables de parler, bouger et interagir comme de véritables humains. En quelques secondes, un texte devient un film, un scénario se transforme en scène, un visage virtuel prend vie. Pour le monde de la formation, cette révolution bouleverse la production, les rôles et les repères. Reste une question essentielle : comment préserver le sens, quand tout peut être simulé ?

Le jour où les acteurs ont disparu ?

Fin septembre 2025, OpenAI a lancé Sora2, une version profondément améliorée de son générateur de vidéos à partir de texte. L’outil ne se contente plus de produire des images animées : il crée de véritables scènes, avec décors, mouvements de caméra, dialogues et émotions crédibles. Le rendu est si fluide, si cohérent, qu’il devient difficile de distinguer la simulation du tournage réel. Les séquences peuvent désormais durer jusqu’à deux minutes, en qualité haute définition, avec une gestion des visages et des regards d’une précision stupéfiante. Mais l’innovation qui a le plus marqué les observateurs s’appelle “cameo”. Les cameos sont des acteurs numériques, des personnages synthétiques capables de parler, de réagir, d’exprimer des émotions à partir d’un script écrit en langage naturel. Ils peuvent être générés à partir d’un simple prompt, ou créés à partir de la photo d’une personne existante. Une fois le cameo défini, il joue son rôle sans répétition, sans éclairage, sans caméra. Il parle, il sourit, il improvise même un geste de la main pour ponctuer une phrase. Ce réalisme bouleverse tout le cycle de production vidéo. Le formateur n’a plus besoin d’un tournage : il écrit son scénario, choisit le ton, le décor, les personnages, et obtient une vidéo prête à l’emploi. Les coûts chutent, les délais fondent, les barrières techniques s’effacent. Là où il fallait hier une équipe, un budget, un studio, il ne faut plus qu’une idée. Pour la formation, c’est un séisme comparable à l’arrivée du PowerPoint ou du e-learning dans les années 2000 : une simplification radicale du processus de création. Un risque se dessine aussitôt. Si tout le monde peut produire des vidéos professionnelles, que restera-t-il du savoir-faire, du regard, de la mise en scène humaine ?

Les concepteurs pédagogiques entrent dans le champ

Les professionnels de la formation ne vont pas disparaître, mais ils doivent changer de rôle. Avec Sora2, ils deviennent des metteurs en scène d’intentions. Le cœur de leur métier se déplace vers l’écriture, la scénarisation, la narration visuelle. Il ne s’agit plus seulement d’organiser des modules ou d’intégrer des quiz, mais de concevoir des histoires qui déclenchent l’attention et la compréhension. L’enjeu n’est plus de tourner, mais de raconter. Le champ des possibles s’élargit. Un concepteur peut aujourd’hui créer en quelques heures une simulation de vente, une négociation, une situation managériale, ou une intervention de sécurité industrielle, sans acteur ni décor. Sora2 exécute ce que l’auteur imagine. Demain, la personnalisation ira plus loin encore. Les concepteurs pourront adapter chaque vidéo à un métier, à un profil, à un public précis. Mieux : grâce à la fonction de capture vidéo, l’apprenant pourra s’insérer lui-même dans le scénario. Il deviendra acteur de la formation, confronté à ses propres réactions, à ses propres gestes. Une simulation de réunion pourra inclure son visage et sa voix, analysés en temps réel. L’apprentissage se fera dans le miroir : on n’observe plus un rôle, on le joue. Cette immersion radicale promet une efficacité accrue, mais soulève des questions de mise en scène et de respect de la vie privée. Plus l’expérience devient réaliste, plus il faut veiller à ce qu’elle reste bienveillante, éthique et maîtrisée. Le concepteur, demain, sera un scénariste de comportements humains, un régisseur de vérité pédagogique.

La tentation du tout-visible

Cette puissance technique ouvre une période d’euphorie créative… et de grand danger. Tout devient possible, rapide, séduisant. Les responsables formation pourraient être tentés de produire toujours plus : des capsules, des témoignages, des micro-situations, des messages internes. Le risque est évident : la profusion sans intention. Trop de contenus, pas assez de pédagogie. L’attention des apprenants est déjà saturée ; ajouter des vidéos artificielles sans cohérence ne ferait qu’aggraver la fatigue cognitive. Sora2 change la nature du travail des équipes formation : il ne s’agit plus seulement de produire, mais de choisir. Choisir ce qui mérite une vidéo, ce qui doit rester un échange, ce qui demande une interaction humaine. Le vrai enjeu devient la gouvernance : qui valide ? qui contrôle ? qui mesure ? Les directions devront créer des chartes d’usage, des critères de qualité, des lignes éditoriales. S’ajoute un autre risque : la confusion. La frontière entre réalité et fiction s’efface. Un cameo peut ressembler à un formateur réel, à un collègue, voire à un dirigeant. Sans transparence, la confusion est inévitable. Les apprenants doivent savoir quand ils regardent un contenu synthétique. La confiance se construit sur la clarté. Si le message est flou, l’efficacité s’effondre. À l’inverse, un usage maîtrisé de Sora2 peut devenir un levier de performance considérable : produire des modules actualisés, cohérents, contextualisés, sans attendre la prochaine session de tournage. Le pouvoir n’est pas dans la vitesse, mais dans la rigueur.

La pédagogie à l’épreuve de la vraisemblance

Les cameos posent des questions inédites qui dépassent la technique. Peut-on créer le double d’un formateur sans son consentement ? Peut-on reproduire la voix d’un expert disparu ? Peut-on inventer un personnage qui n’existe pas pour donner plus de poids à un propos ? Ces questions éthiques et juridiques, déjà présentes dans le monde de la communication, deviennent centrales dans celui de la formation. L’objectif n’est pas d’émouvoir, mais d’apprendre. Un apprenant trompé, même involontairement, perd confiance dans le message. À l’inverse, une transparence assumée — mentionner qu’un contenu est généré — peut renforcer la crédibilité du dispositif. Le défi est de taille : maintenir l’authenticité dans un univers où tout peut être fabriqué. Les entreprises devront définir des règles : quand l’IA remplace-t-elle la caméra ? quand faut-il garder un visage réel ? quels usages sont légitimes ? quelles limites fixer ? Cette gouvernance est aussi culturelle : il s’agit de redonner un sens à la présence humaine. La pédagogie ne repose pas sur la perfection visuelle, mais sur la relation, l’empathie, la confiance. L’avenir de la vidéo dans la formation dépendra moins des algorithmes que de la capacité des acteurs du learning à s’en servir avec lucidité. Automatiser tout serait une faute. Sora2 n’est pas un substitut de pédagogie, mais un formidable amplificateur d’idées. Entre des mains éclairées, il peut démocratiser l’accès au savoir, renouveler les formats et replacer la créativité au cœur de l’apprentissage. Il impose un changement de posture : ne plus produire pour montrer, mais produire pour comprendre.

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