Transformations, compétences et learning : ce sont les sujets clés du baromètre européen Cegos édition 2019*, qui donne de nouveau la parole aux collaborateurs et aux responsables RH (RRH)… Ces regards croisés font l’originalité et la richesse de l’étude… Quelques chiffres qui attirent l'attention…
Une inquiétude partagée : l’obsolescence des compétences
Le baromètre révèle qu’un salarié sur trois se sent “dépassé” par la technologie ; ce sentiment a un impact : 51% (39% en 2018) craignent que leur emploi disparaisse avec la transformation digitale. Selon les RRH, 42% des emplois présentent un risque d’obsolescence des compétences à trois ans… Lueur d’espoir : 47% des RRH français (15% de plus qu’en 2018) anticipent des créations d’emplois dans les cinq ans qui viennent.
La transformation : défi individuel et collectif
Pour la moitié des RRH, le principal défi consiste à associer formation et transformations… Un défi relevé en collaboration avec les Directions métiers (pour 78% des RRH, elles s’impliquent toujours plus dans le développement des compétences des équipes)… Un défi relevé aussi par les salariés français, 93% se disent prêts à se former par eux-mêmes pour s’adapter aux transformations digitales . 44% (55% au niveau européen) sont même prêts à financer eux-mêmes une partie de leur formation (l’ouverture enfin de l’introuvable marché de la formation des particuliers ?), ou, version plus soft : 72% (78% au niveau européen) sont prêts à suivre une formation en dehors de leur temps de travail. Encore parle-t-on surtout ici des managers.
La prise de conscience est réelle - 90% des RRH français disent se préparer à ces changements profonds, un peu moins qu’au niveau européen (94%). Ils se sentent reconnus (86%) et “bien armés” (83%) dans leur organisation pour assurer cet accompagnement.
Les compétences à privilégier… déjà là ?
Pour les RRH français, organisation efficace du travail, agilité et esprit d’initiative sont les trois compétences que les salariés de leur entreprise devraient maîtriser en priorité.
Salariés français et européens pensent avoir une “parfaite” maîtrise des compétences transverses comportementales : 57% se disent agiles, 52% ont l’esprit d’initiative et d’entreprise ; 49% des salariés français disent avoir une maîtrise parfaite de la compétence “apprendre à apprendre” ; 48% de la communication au travers du numérique ; 45% de la collaboration à distance ; 42% de la créativité et du sens de l’innovation… (Suggestion pour le baromètre 2020: poser sous une forme ou une autre la question socratique du "connais-toi toi-même", car on est étonné du bel élan généralisé d'optimisme individuel que traduisent ces réponses…)
Le rôle de la formation et des RH
71% des salariés français considèrent que les solutions de formation proposées par leur entreprise sont “pertinentes” et “efficaces”… Toutefois, 39% pensent que la formation en situation de travail et la mise en application devraient être favorisées en même temps qu’individualisées ; 38% estiment que les dispositifs de formation devraient être plus interactifs et plus ludiques.
Les RRH français ont quant à eux des préférences plus marquées pour la formation en situation de travail (50%) et pour l’individualisation des parcours (50% également). Par ailleurs, face au constat alarmiste de l’obsolescence des emplois et compétences, les RRH français envisagent la formation d’abord comme un moyen de se préparer à une évolution de son poste de travail (dans 45% des cas), puis d’accéder à un nouveau métier (33%) et enfin de mieux maîtriser les compétences de base (lire, écrire, compter ; 22%).
Leviers d’engagement : Comment inciter l’apprenant à suivre une formation et favoriser son engagement ? Pour les salariés français, il est nécessaire de privilégier l’ancrage de la formation en situation réelle de travail, puis l’aspect ludique et interactif de la formation et l’accompagnement par un tuteur. Quant aux RRH, le levier le plus puissant reste l’accès aux ressources pédagogiques à tout moment sur tous les supports, puis les dimensions ludiques et interactives, ainsi que la facilité d’accès aux contenus de la formation. Intéressante cette dichotomie, et grosses d'incompréhensions entre les RH et leurs clients internes, si l'on n'y prend garde.
La réforme de la formation à la rescousse
62% des RRH pensent renforcer leur politique de formation certifiante ; 78% sont incités à innover pédagogiquement par la nouvelle définition de l’action de formation. Notamment 93% déclarent qu’elle les incitera à développer l’accompagnement des apprenants par des tuteurs, mentors, coaches… 92% y voient une occasion de développer la formation en situation de travail 82% estiment que le passage du "plan de formation" au "plan de développement des compétences" va faire évoluer significativement le contenu de ce plan.
Michel Diaz
*1780 salariés et 240 Responsables RH d’entreprises de plus de 50 collaborateurs en France, Allemagne, Italie et Espagne.
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