L’offre de formation privée est-elle en mesure de servir l’énorme besoin en compétences et en qualification des salariés français dans leur adaptation aux disruptions digitales ?

Jean Wemaëre : L’offre de formation privée forme près de 86% de l’ensemble des stagiaires formés tous les ans, tous dispositifs confondus. Rappelons que 97% des opérateurs de formation sont des entreprises privées de formation. Ces dernières sont mobilisées pour répondre aux nouveaux besoins en compétences. Les adhérents de la FFP ont formé 4,1 millions de personnes en 2016 et nous font part d’un très bon taux de satisfaction de leurs stagiaires. Cette dynamique doit être encouragée car le système français de formation actuel souffre encore d’une forte complexité qui freine l’accès à la formation alors que les besoins sont immenses. La réforme amorcée par le Gouvernement doit favoriser le développement d’une offre de formation innovante et de qualité, et encourager l’investissement dans les compétences nécessaire pour relever les défis du XXIème siècle et notamment la révolution de l’IA. 

Le digital learning est-il un moyen de servir cette demande ?

Jean Wemaëre : Les nouvelles technologies permettent à l’offre de formation d’innover et de développer de nouvelles modalités pédagogiques, notamment alliant le présentiel et le distanciel, tel le blended-learning. Ces nouveaux outils offrent des opportunités pour individualiser et adapter l’offre de formation au plus près des besoins des bénéficiaires. Mais le digital n’est qu’un outil. Les neurosciences le prouvent, la relation avec le formateur reste un facteur essentiel à la réussite d’un parcours de formation. 

Où en est la digitalisation de l’offre de formation des organismes adhérents de la FFP ?

Jean Wemaëre : Les adhérents de la FFP offrent pour les ¾ d’entre eux des parcours de formation en blended-learning. Pour accompagner la transformation digitale de l’ensemble du secteur de la formation, la FFP en partenariat avec OPCALIA, a lancé en mai dernier un projet national intitulé « La formation digitale au service de l’employabilité et de la compétitivité » cofinancé par les pouvoir publics dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). Dans ce cadre, la FFP invite toute entreprise de formation à mesurer gratuitement sa maturité digitale via son diagnostic en ligne accessible sur www.ffp.org et à se rapprocher d’elle pour solliciter des accompagnements individuels. 

La FFP a-t-elle noué des partenariats européens sur ces questions ?

Jean Wemaëre : Un quart des entreprises adhérentes de la FFP développent leur activité à l’international. La FFP met en place un service auprès de ses adhérents à travers sa Commission Internationale pour les accompagner dans leur développement sur les marchés européens et internationaux. La digitalisation est un outil facilitateur de ce déploiement.

Quelles sont les perspectives du marché français de la formation ?

Jean Wemaëre : Dans une économie de la connaissance et de l’innovation où les métiers se transforment, les entreprises sont de plus en plus demandeuses de softskills, c’est-à-dire de compétences transversales. Environ 30% de nos adhérents développent ainsi des formations en compétences comportementales, et jugent que c’est un domaine porteur. Dans cette dynamique de transformation, les adhérents de la FFP diversifient leurs activités (formation, conseil, audit, etc.) et deviennent des accompagnateurs au changement. Concernant les résultats du marché, si le chiffre d’affaires des adhérents de la FFP a stagné en 2016, ces derniers sont pour 62% d’entre eux confiants dans une reprise en 2018. 

Quelle est l’actualité de la FFP ?

Jean Wemaëre : Parmi ses principaux chantiers, la FFP accompagne ses adhérents dans leur transformation digitale, dans le déploiement de leur offre de certification professionnelle ou encore dans leur démarche qualité. Surtout, la FFP sera particulièrement vigilante à la réussite de la réforme du secteur en cours. Il en va de la compétitivité des entreprises et de la cohésion sociale du pays. Notre capital humain est notre première richesse. La FFP porte depuis 2016 des propositions fortes et systémiques pour adapter notre système de formation au XXIème siècle.  Le Président de la République a saisi l’enjeu en plaçant la formation professionnelle au cœur de son quinquennat. Nous espérons que la réforme sera à la hauteur de cette ambition.

Propos recueillis par Michel Diaz