En marge du Séminaire Évaluation Formation Féfaur qui se tiendra le 31 mars 2016 à Paris, deux questions de fond à des leaders de l'offre : l'évaluation est-elle un chantier prioritaire des responsables formation (réponse unanime : oui !) ? Quel est le degré de maturité des entreprises en la matière (réponse : peut mieux faire…). Geoffroy de Lestrange (Cornerstone, EMEA Product Marketing Manager) : Il est indispensable d’évaluer la formation, mais pour être plus précis il est surtout inévitable de vouloir en évaluer l’impact business, quel qu’il soit. En effet, une formation peut avoir plusieurs types de bénéfices : impact sur les compétences de l’apprenant, dont on mesurera la progression, sur sa motivation (la formation étant à la fois une fin (récompense) et un moyen (efficacité)), sur le travail d’équipe, avec une meilleure collaboration et la disparition progressive des “silos”, sur l’ensemble de l’entreprise, enfin, en cas de formation générale (baisse du risque de conformité par exemple). La maturité des entreprises est très variable. Tout le monde veut s’assurer que la formation a été utile, mais on se limite souvent au 1er niveau Kirkpatrick avec un questionnaire d’évaluation du présentiel. La vraie question est celle de la mise en place pratique et concrète des compétences acquises dans le cadre réel de l’entreprise.
Jonathan Pottiez (Formaeva, Consultant Senior) : Si la réforme de la formation de 2014 s’est focalisée sur l’enjeu de la qualité des prestataires de formation (via un décret spécifique), la suppression du 0,9 % et le contexte économique amènent les directions générales à questionner l’efficacité réelle des formations. Or, l’efficacité des formations est bien autre chose que le sourire des participants à la fin de la session, ponctué de quelques questionnaires d’évaluation des connaissances. Ce qu’attendent les commanditaires, ce sont des preuves de l’impact avéré des formations sur la performance des collaborateurs et de l’entreprise. Si l’évaluation a longtemps été, à tort, la cinquième roue du carrosse de la formation, force est de constater qu’il y a eu une prise de conscience. J’en veux pour preuve le nombre croissant de professionnels de la formation qui se forment au nouveau modèle de Kirkpatrick et au retour sur les attentes (ROE). Cela devient donc un sujet de préoccupation.
Pierre-Henri Amalric (Xperteam, Directeur) : La Réforme de la formation incite les employeurs à miser sur le capital humain et à envisager la formation comme un levier de compétitivité et de performance. Cependant le budget formation constitue un coût important pour les entreprises. Mesurer l’impact des formations et ce, bien au-delà de la traditionnelle mesure de satisfaction, est une nécessité : évaluer les connaissances et compétences ciblées par comparaison avec leur niveau initial, évaluer leur application sur le terrain, etc. La richesse créée pour les collaborateurs et l’entreprise doit être objectivée, et la formation finalement dotée d’une nouvelle ambition. Si tous les professionnels semblent s’accorder là-dessus, les pratiques d’évaluation en entreprise restent peu développées. Le questionnaire de satisfaction ne saurait suffire : quid par exemple de l’évaluation des apprentissages et du transfert des acquis en situation de travail ? La tendance devrait rapidement s’inverser grâce à l’usage d’un modèle de référence (Modèle de Kirkpatrick), et des outils opérationnels existant sur le marché.
Laurent Balagué (Formetris, Président) : Évaluer la formation est en effet devenu prioritaire. Au reste, dans la plupart des organisations où la formation est perçue comme une priorité, l’évaluation l’est aussi. Elle devient progressivement un réflexe dans les équipes Learning & Development, ce qui permet de l'intégrer plus en amont dans les projets de formation. Quant au niveau de maturité des entreprises en la matière, en France comme dans les autres pays d’Europe et aux Etats-Unis, les grandes entreprises ont pour la plupart mis en place des dispositifs en ligne d’évaluation de leurs formations. On constate aussi que le niveau d’exigence de ces entreprises s’accroît fortement : la possibilité de mesurer l’impact des formations à grande échelle, de pouvoir mettre en place des dispositifs plus élaborés pour les parcours stratégiques, des taux de réponse élevés à toutes les étapes pour que l’évaluation soit fiable, l’adaptation de l’évaluation en fonction des modalités pédagogiques…
Jean-Michel Demarly (Kacyonet, Directeur général) : Pour de nombreuses entreprises, l’évaluation de la formation s’apparente souvent à une simple mesure de la satisfaction des stagiaires post-session. Néanmoins, en inscrivant la pratique évaluative dans une démarche Qualité et dans le processus décisionnel, l’évaluation de la formation devient un levier d’action indispensable au pilotage des activités formatives des entreprises, grâce à laquelle les décideurs peuvent estimer le degré d’efficacité d’un programme, d’une activité ou de tout autre élément du processus de formation. Ils disposent également des moyens pour mesurer le degré de réalisation des objectifs ainsi que la pertinence et la qualité des efforts déployés en matière de formation. Enfin, ils peuvent s’appuyer sur un processus d’optimisation pédagogique systématique fondée sur des données empiriques. L’évaluation de la formation apparaît alors comme un moyen d’engager son organisation dans le cercle vertueux de la rationalisation de son QCD formation (qualité, coût, délai).
Le programme du Séminaire Féfaur 2016 : Construire et piloter votre stratégie d'évaluation de la formation
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