Pourquoi sommes-nous accros aux emails et comment s’en désintoxiquer ? Diagnostic et remèdes pour bien commencer 2016 Quand avez-vous vérifié votre boîte mail ? Il y a quelques minutes ? Un tiers des américains vérifient continuellement leurs emails durant la journée, 47% s'en déclarent dépendants, 25% ne supporte de vivre sans pendant plus de trois jours, 60% les consultent régulièrement en vacances et 59% dans leur salle de bains (enquête AOL) ! Les chiffres français ne sont sans doute pas très éloignés.
Conséquence cette dépendance (tout a été déjà dit) : perte de temps, moindre productivité, source de frustration et de stress pour les professionnels. Mais au fait pourquoi sommes-nous accros ?
3 théories psychologiques pour expliquer l'addiction aux emails…
Première théorie invoquée par les psychologues : le "conditionnement opérant", ou plus spécifiquement encore «le renforcement à intervalles variables»… Un concept défini comme une méthode d’apprentissage venant façonner notre comportement, laquelle "nous apprend à nous attendre à des conséquences spécifiques à la suite d’une action donnée" Ouf ! Renforcement à intervalles variables veut dire que l’action est couronnée de succès quand nous la menons, mais pas à chaque fois, et à des intervalles variables. Une méthode d’apprentissage somme toute normale, qui ne devient un problème que lorsque le comportement appris est contreproductif. Application aux emails : vérifiant nos emails, nous nous attendons à avoir reçu un nouveau message. Comme ce n’est pas toujours le cas, nous répétons l’opération en espérant que la prochaine fois sera la bonne. Répétition de clics, souvent à quelques secondes d'intervalles, dans l'attente d'être récompensé par un nouveau message. Bien plus, ce comportement est renforcé à chaque fois que nous répondons à un email, car nous en attendons une réponse à notre tour.
Une autre théorie lie directement cette addiction à notre propre soif de reconnaissance. Malgré ce qu'on en dit, beaucoup d’entre nous adorent recevoir des emails. Garder un œil sur sa boîte mail, surtout dans l'attente de recevoir des messages importants, c'est se dire qu'on a besoin de nous, se gonfler de sa propre importance, une façon aussi de considérer qu'on passe utilement le temps.
La troisième théorie repose sur le fait que nous, être humains, aimons progresser dans ce que nous accomplissons. Ce sentiment de progression, même pas à pas, catalyse notre motivation au travail et alimente notre moral. Chaque fois que nous récupérons un message, nous avons fait un pas en avant ; chaque fois que notre boîte de réception est à nouveau vide, nous avons accompli avec succès la tâche qui nous était assignée : gratifiés de cet accomplissement, nous n'avons de cesse d'y retourner encore et encore même s'il faut pour cela repousser des tâches vraiment importantes.
5 bonnes pratiques pour s'en désintoxiquer
Fermez le logiciel de messagerie et contrôler le nombre de fois où il est réouvert dans la journée : Combien de fois avez-vous vérifié votre boîte mail dans la journeé ? Notez-le, car plus on "mesure une action", plus on en prend conscience, et plus il est facile de la modifier. Notez si cette vérification a été couronnée de succès (avez-vous effectivement reçu des emails importants depuis votre dernière vérification ?). Au fait, faut-il que vous consultiez votre messagerie plus de 10 fois dans la journée ?
Utilisez aussi d’autres modes de communication : Par exemple des modes de communication qui vous délivreront des spams et des cohortes de messages sans intérêt. Une partie de vos échanges peuvent être basculés sur une plateforme de travail collaboratif : moindre dépendance aux emais pour les communications sur les tâches ou les projets les plus importants.
Fixez-vous votre objectif d'indépendance (écrivez-le !) : Si vous notez un objectif sur une feuille de papier et le partagez avec un tiers, vous avez 33% de plus de chances de l’atteindre… Inscrivez votre objectif : "Je ne vérifierai ma boîte mail qu’à 11h et 15h ou bien "Pas plus de 3 fois dans la journée"… Dressez aussi la liste des raisons qui vous poussent à réduire votre dépendance aux emails : "Je veux récupérer du temps durant ma journée de travail" ou "Je veux travailler plus efficacement"… Cela fait, informez vos collègues de cet engagement pris vis-à-vis de vous-même, et faites ainsi en sorte qu’ils comprennent que l’email n’est pas la meilleure façon de vous joindre en cas de problème urgent !
Bloquez l’accès à votre boîte mail ! Vous voulez vraiment vous désintoxiquer ? Si vous accédez à votre messagerie via le Web, téléchargez une extension pour votre navigateur (StayFocus pour Chrome, par exemple) qui vous empêche de passer plus d’un certain temps quotidiennement à consulter votre boîte mail ; lorsque ce temps est écoulé, l’accès est bloqué jusqu’au lendemain.
N’abandonnez pas. Consolider une nouvelle habitude peut prendre jusqu’à 9 mois ! C'est encore plus difficile pour ancrer une nouvelle habitude qui vient en en remplacer une autre, bien enracinée. Cela ne doit pas vous arrêter. Si au bout d’un mois, vérifier votre boîte mail seulement trois ou quatre fois par jour continue de vous rendre nerveux, pas de découragement ! Remotivez-vous avec la liste des bonnes raisons qui vous incitent à modifier votre comportement ; affaire de volonté avant tout ! Vous échouez aujourd’hui, réessayez demain.
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