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Passage en revue des mérites comparés de l'HTML5 et du Flash, avec Xavier Voilquin, eLearning Manager EMEA chez Covidien, l'un des principaux experts français du domaine… |
E-learning Letter : Les entreprises ont-elles intérêt à miser sur le HTML5 ?
Xavier Voilquin : Elles ont en effet plein de bonnes raisons d’y investir… Au nombre desquelles : la capacité de tous les navigateurs actuels à lire ce format, l’annonce récente faite par Adobe de l’abandon du Flash pour terminaux mobiles, le fait que le HTML5 n’est au fond rien d'autre qu’une évolution du HTML et qu’à ce titre il est à la portée de n’importe quel développeur ou presque ; aussi sa large adoption qui le met en bonne position pour devenir rapidement un standard, ainsi que la capacité de la plupart des outils auteurs récents à publier en HTML5… Même Adobe, pourtant propriétaire de Flash, le propose ! Cela fait beaucoup…
Attention cependant au rythme d'adoption de cette technologie… Quid de l’entreprise qui continue d'utiliser un navigateur moins récent tel que I.E 7 ou de celle qui ne trouvera pas d’intérêt particulier à diffuser des terminaux mobiles à ses salariés ? Le risque, en choisissant une stratégie "full HTML5", c'est de se couper d’un nombre important de ses utilisateurs non seulement dans l'entreprise elle-même, mais aussi dans l'entreprise étendue à ses partenaires, ou dans les entreprises qui la rejoignent par exemple dans le cadre d'opérations de croissance externe… L'hétérogénéité des parcs IT est une constante ! Enfin, n'oublions pas que le plug-in Flash est installé sur 90% du parc PC.
En réalité, ces deux technologies - Flash et HTML5 - en sont à un stade de développement différent, la première en fin de cycle, la seconde émergente. Aussi le choix en faveur de l'une ou l'autre, voire des deux, ne doit pas résulter d'une posture a priori mais de l’analyse du projet de formation concerné et, plus largement, de la stratégie de formation mise en place… Une stratégie de formation qui n'est pas menée "en solitaire", on l'aura compris, et qui doit prendre en compte tous les acteurs, dont les opérationnels et l’IT.
E-Learning Letter : Le HTML5 est-il aujourd'hui aussi performant que le Flash ?
Xavier Voilquin : L’utilisation de l’HTML5, mais aussi de Javascript par exemple, permet de faire aujourd’hui tout ce que propose Flash. Donc du point de vue de l’apprenant, l’utilisation de l’un ou de l’autre en termes d’expérience utilisateur est neutre. Quant à la possibilité de déployer un contenu HTML5 sur un terminal mobile, c'est justement un intérêt majeur de cette technologie, qui possède là un avantage indéniable !
Comme je l'ai mentionné précédemment, les développeurs devraient sans doute l'adopter rapidement… En tant qu'évolution du HTML4, il leur est très accessible ; l'apparition de nouvelles balises, un Doctype simplifié, notamment : ce sont des éléments qui vont renforcer cette adoption par la communauté des développeurs. Par ailleurs, sa légèreté - comparée à la relative lourdeur du Flash - permet potentiellement de construire des contenus plus sophistiqués en y insérant du Javascript sans se heurter aux contraintes de bande passante encore prégnantes dans les entreprises.
E-learning Letter : Quelle solution pour l'entreprise : migrer son patrimoine e-learning existant du Flash vers le HTML5, ou bien redévelopper les modules ?
Xavier Voilquin : Le "one size fits all" (NDLR : la solution universelle) n’existe pas en la matière. Ce choix repose vraiment sur l’analyse que fait l’entreprise de sa situation actuelle et de sa vision à 5 ans et plus.
Ceci dit, entreprendre la migration de la totalité de son portefeuille de modules Flash vers l'HTML5 me semble une belle hérésie dans la mesure, en particulier, où le portefeuille de modules doit se renouveler : autant s'assurer alors de la migration au moment de ce renouvellement. Plus important encore : dans le cas où les modules e-learning doivent être joués sur des Smartphones, il faudra vraisemblablement procéder à une refonte complète des modules ! La durée d’attention est tellement restreinte sur un Smartphone, et les distractions potentielles si nombreuses, qu’il y a peu de chance que l'apprenant arrive au bout d'un module e-learning de 45 minutes ! Par essence, le module destiné aux mobiles se doit d’être bien plus bref qu’un module e-learning traditionnel… Ce qui est moins vrai si l’outil mobile est une tablette.
D’ailleurs, ce dernier point fait écho à une autre question : un module e-learning a-t-il vocation à être lu sur des mobiles ? La réponse que chacun y apportera selon sa situation permettra de sortir du dilemme HTML5 Vs. Flash…
E-learning Letter : Est-ce le moment pour les entreprises d'investir dans des modules e-learning en HTML5 ?
Xavier Voilquin : Certes le HTML5 est un langage mature ; certes il a remporté la bataille des terminaux mobiles face au Flash. Mais celui-ci est encore très solidement implanté dans le monde des PC, et il est tout à fait possible d’y recourir sur les mobiles si on opte pour la transmission de la connaissance via des applications.
Là aussi, difficile de généraliser. Par exemple, on peut penser qu’une petite structure qui n’a pas pour stratégie de déployer des contenus mobiles pourra rester en "full Flash", alors qu'une grande entreprise qui possède des populations nomades et donc des outils mobiles aura tout intérêt à considérer l’adoption équilibrée de l’HTML5. Question de stratégie, comme on le constate de nouveau ! On ne peut que donner des clés qui permettront à chacun de faire les bons choix.
Propos recueillis par Michel Diaz
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