Olivier Ghezi, (Senior Vice President, Saba) : L’e-learning fait avant tout référence au contenu alors que le Digital Learning est une évolution qui englobe l’e-learning et étend l’expérience de l’apprenant en intégrant un ensemble d’outils et de pratiques en ligne comme les blogs, wikis, forums de discussion, la collaboration et toutes ses dimensions « sociales ». La première évolution, technologique, c’est l’avènement du Cloud. Au-delà des économies évidentes pour les clients, le Cloud apporte avant tout l’agilité et la capacité d’innover constamment. La deuxième évolution, c’est que la formation n’est plus une fonction isolée. Dans la plupart des entreprises, elle fait maintenant partie d’une stratégie holistique de gestion des Talents. Je dois dire que je suis positivement surpris de voir que la plupart des organisations, même les plus conservatrices, sont demandeuses d’évolution et de solutions qui embrassent toutes les dimensions du Digital Learning. Les freins, s’ils existent réellement, ne sont donc que très rarement un obstacle au progrès.

Pascal Stievenard (Directeur général, Symetrix) : Dans une économie qui se digitalise, développer la part du numérique dans les dispositifs de formation devient un enjeu majeur de démocratisation de la formation. Le Digital Learning, comme désignation actualisée des usages du numérique dans la formation, marque une rupture technologique (e-learning) et écologique : elle s’inscrit dans le rapport entre les acteurs de la formation et leur environnement social, technologique et culturel. Individualisation des parcours de formation, animation de communautés d’apprenants, gestion des connaissances et des intelligences collectives… ces évolutions  dessinent un nouveau paradigme de l’apprentissage. Toute rupture engendre ses freins. L'utilisation d'un smartphone personnel au travail ou en formation par exemple (BYOD (Bring Your Own Device)) engendre son lot de questions et d'obstacles potentiels : la fracture numérique, la sécurité des informations, l’accessibilité des outils, les coûts d’investissement, le respect de la vie privée… Des objections légitimes qu’il convient d’adresser aujourd’hui pour bénéficier demain des promesses du Digital Learning.

Geoffroy de Lestrange (EMEA Product Marketing Manager, Cornerstone OnDemand) : Il est difficile d’imaginer comment la formation pourrait ne pas être digitale aujourd’hui. La rupture est dans la couverture fonctionnelle : le temps du e-learning ennuyeux est révolu. Désormais, les projets incluent l’apprentissage collaboratif, la génération dynamique de contenu de formation par les utilisateurs, et peuvent aller jusqu’au calcul prédictif de risque de conformité. Les freins peuvent être liés à des visions trop réduites dans lesquelles la formation serait isolée par rapport au reste de la gestion des talents. Pour les organisations qui font encore des entretiens annuels traditionnels (voire sur tableur), le lien entre évaluation et développement des compétences par exemple n’est toujours pas fait. Quant aux organismes de formation, il est plus facile d’avoir un catalogue présentiel et un catalogue e-learning que de réfléchir à une stratégie globale de formation incluant aussi des aspects collaboratifs, un suivi des apprenants et un accès à une base de connaissances…

Laurent Hayat (Directeur du Développement, Telelangue/Berlitz) : Le Digital Learning, c'est la généralisation du numérique dans la formation ; un numérique qui s’intégre dans toutes les modalités pédagogiques, pour être diffusé en multi-supports, ordinateur, tablettes et smartphones, et générer des nouvelles pratiques de formation comme le social learning. La formation en est rendue plus agile et instantanée ; l'apprentissage plus efficace. Le Big Data accélérera cette tendance : la formation, prédictive,  anticipera sur nos besoins avec des propositions personnalisées. Mais le Digital Learning est encore confronté à certains freins, dont la résistance d'une partie des apprenants à l’utilisation des technologies, et les nécessaires changements d’organisation / posture qui requièrent un plan d’accompagnement personnalisé à définir avant le démarrage du Digital Learning dans l'entreprise. Les organismes de formation ont d'autres freins : le manque de ressources pour investir dans les nouvelles technologies ou la mise à jour des compétences pédagogiques. Ceci dit on voit se dessiner l'avénement de profils doubles : compétence pédagogique et technologique.

Jacques Nico (Directeur général, Smartcanal) : Le Digital Learning n'est pas un effet de mode. Sa montée en puissance bouleverse la formation, notamment en multipliant les modalités d’apprentissages : gamification, formation informelle, social-learning, mobile-learning… Les comportements doivent s'adapter, et la pédagogie est à réinventer ! L'offre de contenus est potentiellement pléthorique, avec l'apparition de producteurs utilisant des outils simples et variés (vidéos, classes virtuelles…) ; le collaboratif et le "time to market" s'installent dans le paysage de la formation. Si les freins techniques sont à peu près derrière nous (sauf souvent pour le Mobile Learning), la culture française du présentiel constitue un obstacle - les apprenants restant attachés au cours en salle. On constate une grande disparité dans les entreprises et organismes de formation… Tout le monde y va, certes : certains enthousiastes, d'autres à reculons mais poussés par les plus éclairés ou tout simplement la perspective des bénéfices du Digital Learning qui ne sont plus mis en cause.

En marge du Séminaire Féfaur sur la Stratégie Digital Learning (19 novembre, Paris)