Plébiscitées par les utilisateurs, jouées sur PC ou smartphone, les vidéos de formation sont appelées à prendre beaucoup d’importance - ce qui n'est pas sans poser de mutiples questions… Celle en particulier de la capacité des systèmes et des acteurs à affronter cette rupture…
YouTube : 2ème moteur de recherche le plus utilisé au monde (après Google, dont il est une division). Vidéos lues sur PC, tablette, smartphone (2 milliards d’utilisateurs disposent d’un mobile capable de lire des vidéos). Il suffit par ailleurs d’avoir un compte YouTube, pour se voir proposer des vidéos spécifiquement profilées pour vous… La télévision n’a qu’à bien se tenir ! Et l’on ne s’étonnera pas que la consommation de ces vidéos bondisse de 60% par an, ni qu’elle représente près de deux tiers du trafic Internet. Devant un tel plébiscite comment imaginer que la formation puisse longtemps encore rester à l’écart ?
Au moins, si la question se résumait à la consommation de vidéos, et aux aspects techniques de sa diffusion ! Il s’en faut de loin, car ces vidéos sont produites par les utilisateurs de smartphones eux-mêmes (vous et moi), c’est-à-dire, demain, les apprenants (user content generation). L’enjeu, c’est aussi celui de l’intégration des savoirs directement produits par les utilisateurs, les experts de terrain, dans les dispositifs formels ou 70.20.10 de l’entreprise. Enjeux multiples : techniques (ce sont pas les plus délicats), culturels et organisationnel : de l’alignement hiérarchique aux distributions transverses.
L’impact de ces tendances se fait d’ores et déjà sentir sur les technologies de la formation. Par exemple sur les plateformes LMS, car les entreprises veulent aujourd’hui se doter de portails de formation capables de diffuser des vidéos. Concrètement : doivent-elles utiliser leur LMS ou créer une chaîne privée sur YouTube (après tout, c’est ainsi que les MOOC ont commencé, avec la Khan Academy)… ou les deux ? Comment s’assurer alors de la mise en cohérence ? Nombre de fournisseurs, parmi les leaders (Skillsoft) ou les nouveaux venus (Udacity), investissent massivement dans les vidéos de formation pour se hisser au sommet d’un marché très prometteur. Parmi les nouveaux acteurs, on n’oubliera pas de citer Workday, bien décidé à entrer sur le marché des plateformes LMS (3 milliards de dollars par an), justement à travers un positionnement vidéo original. Impact aussi sur les outils auteurs, dont l’avenir semble s’assombrir avec le développement de la prise de vidéo ou de photos, et les possibilités de montage offertes par les smartphones évolués.
Quant aux activités de conception pédagogique, elles risquent aussi d'être bouleversées. Par exemple en matière de granularité des savoirs, car l’apprenant devra pouvoir jouer les quelques secondes qui l’intéressent dans une vidéo de dix minutes et plus (Ted Talk, par exemple) : question de tagging des contenus, pas toujours bien supporté actuellement. Autre choise : nous mentionnions la vidéo comme format à part entière d’une approche 70.20.10, et donc du Social Learning : les formations à venir seront conçues comme des expériences sociales, sans doute largement centrées sur des vidéos qui donneront lieu à de multiples échanges et recommandations… sans oublier que storytelling et design video devront prendre en compte les avancées de la Web TV et la référence universelle (au moins pour les générations Y et Z) aux séries TV.
Vous avez dit rupture ?
Michel Diaz
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