Carte d’identité de Fifty ?

Alexia Cordier : Fifty est une solution de eDoing fondée en 2018 par Clément Lavollé, Jérémy Salmon et moi-même, qui permet l’adoption rapide et mesurable de nouvelles habitudes professionnelles. En accompagnant les collaborateurs non pas dans l’acquisition de connaissance, mais dans la mise en action individuelle, « à l’échelle », elle permet de multiplier par trois l’adoption de nouveaux comportements.

À quels besoins répond le eDoing ?

Alexia Cordier : Les directions L&D comme les collaborateurs font face à un enjeu majeur dans la formation : seulement 12 % des connaissances acquises sont effectivement mises en pratique (source : Harvard Business Review). Les sciences comportementales l’ont d’ailleurs démontré : apprendre, même de manière engageante, ne signifie pas que l’on réussit à changer dans la vie réelle ! Fifty s’attaque donc directement au problème : comment développer de nouvelles habitudes dans son quotidien ? En combinant les travaux de deux prix Nobel sur les sciences comportementales (dont le « nudge ») à la technologie, le eDoing va favoriser et mesurer un changement pragmatique et source d’autonomie pour chacun.

Comment cela fonctionne concrètement ?

Alexia Cordier : La solution recommande aux collaborateurs des actions personnalisées réalisables dans leur quotidien professionnel, pour atteindre leur objectif de montée en compétence. Par exemple, le comportement « Responsabiliser et Engager les équipes » peut se traduire en plusieurs micro-actions dont « Proposez à vos collaborateurs de mener la réunion d’équipe à tour de rôle ». La réalisation de ces actions dans la vie de tous les jours du collaborateur est facilitée par des fonctionnalités comportementales uniques (choix actif, planification, engagement social, etc.) et l’intégration aux outils du quotidien (Microsoft Teams, SMS, Agenda). Les collaborateurs peuvent alors mesurer ce qu’ils réussissent à instaurer ou non, de manière entièrement confidentielle.

Notons aussi que le « moteur de passage à l’action » que l’on vient de décrire est utilisé sur l’ensemble des compétences transverses : le management, l’agilité des équipes, les softskills, le D&I, l’incarnation des valeurs d’entreprise, etc. 

Quels bénéfices pour les Directions formation des entreprises françaises ?

Alexia Cordier : Les directions L&D sont, quant à elles, pour la première fois en possession d’un indicateur de changement comportemental au niveau collectif : quelles sont les habitudes adoptées le plus facilement dans l’entreprise et l’inverse… Une vision claire de la fin (le changement) plutôt que du moyen (le temps de connexion sur la plateforme).

Où en est Fifty de son développement ?

Alexia Cordier : La moitié des entreprises du CAC40 utilisent déjà Fifty, ainsi que des grandes entreprises publiques et des entreprises en forte croissance de 2 000 à 10 000 collaborateurs. La solution étant disponible en cinq langues, elle est utilisée dans le monde entier. Les déploiements se font autant sur de la mise en action directe, qui permet une montée en compétence rapide et opérationnelle, que sur de la mise en pratique de formation, séminaires…

À quoi vont servir ces fonds ?

Alexia Cordier : Ce nouveau financement de 10 millions de dollars a été réalisé auprès d’investisseurs de premier plan, français et internationaux : Eurazeo en France, Signals en Allemagne et Acadian (spécialiste du Future of Work) aux États-Unis. Ils rejoignent les investisseurs du premier tour que sont Xavier Niel (Kima Ventures), Olivier Sibony, Steve Fiehl (CrossKnowedge). 

En triplant ses effectifs, ce tour de table va permettre à Fifty d'accélérer encore sa croissance en France et de s’imposer au niveau européen, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. L’investissement permettra aussi de continuer à développer le produit, en particulier l’algorithme de personnalisation des micro-actions, l’intégration à l’écosystème IT des entreprises, pour pousser la bonne action au bon moment à la bonne personne, ainsi que des nouvelles fonctionnalités pour modéliser encore le changement dans les organisations. 

Propos recueillis par Michel Diaz