Quel est l’avenir du format stage - temps et lieu d'apprentissage encore peu digitalisés - alors que la formation semble miser de plus en plus sur l'analyse des données numériques (Learning Analytics) produites par les apprenants dans leurs interactions avec les nouveaux systèmes de formation. Déclin ou numérisation du stage ?
La formation devenue flux
Ces données numériques se multipliant, on parlera de Big Data : un flux (de données) plutôt qu’une photographie, car on ne voit pas ce qui pourrait arrêter une tendance que l’Internet des Objets va renforcer dans des proportions qu’on n’avaient pas imaginées. L’analyse de ces données permettra aux services formation d’améliorer leurs offres, dans le fond (les connaissances-clés que les apprenants doivent acquérir) et dans la forme (les designs de formation, modalités et parcours). La promesse des Learning Analytics, c’est donc celle d’une formation prenant mieux en compte les attentes des salariés et des métiers, étroitement connectée au travail, synchronisée avec lui, en amélioration continue. La formation devenue flux elle aussi, sous réserve donc qu’elle puisse se nourrir en permanence / quasi temps réel des données qui sont la matière première de sa transformation (et plus généralement de la transformation digitale de l’entreprise).
Le cours en salle : angle mort des "Learning Analytics"
Le cours en salle continue d'être une modalité de formation fort répandue dans les entreprises. Or il ne produit pas de données numériques. Ou bien dans des volumes très inférieurs à ceux du Digital Learning, quand on se mêle d’importer celui-ci dans la salle de cours. Ce ne sont pas les quiz de connaissances sommatifs saisis sur PC ni quelques tweets partagés pendant le cours (souvent d’ailleurs au détriment de l’attention à ce qui est essentiel) qui permettront d’égaler les possibilités de tracking numérique individuel et continu de la formation en ligne. De ce point de vue, le cours en salle peut être considéré comme un angle mort du tracking apprenant et des Learning Analytics. On peut faire la même remarque pour toute action présentielle : le coaching par exemple, même si un rapport numérique est renseigné à l’issue de l’action.
Déclin ou numérisation du présentiel
On voit mal comment la formation présentielle pourrait durablement échapper à une "loi des données" qui conditionne de plus en plus la valeur d’une transaction / d’un échange à sa possibilité d’être tracé numériquement. La première voie qui s’offre au présentiel, c’est celle de son lent et progressif déclin, déjà observable dans les entreprises de plus grande maturité digitale où il perd de son influence au profit de la formation en ligne. La seconde voie, c’est celle d’une numérisation du stage… À quand des caméras et systèmes de reconnaissance faciale pour tracker faits, gestes et paroles des apprenants en stage, à l’instar des nouveaux points de vente actuellement testés par Amazon ? Pas sûr que l’humain y gagnera !
Michel Diaz
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