Abondance de formation ne nuit pas

L'inverse d’une formation frugale, ce serait donc une formation en abondance, voire en excès. Mais, peut-il y avoir trop de formation, dans un monde où l’on admet que le développement des compétences conditionne grandement la capacité individuelle et collective à affronter les grands enjeux, par exemple, de transition environnementale ou digitale.

Il semble qu’au contraire, la formation doive être abondante, pour « passer à l’échelle », c'est-à-dire être accessible à tous, tout le temps, pour que chacun puisse s’adapter au #newnormal. En jeu : l’actualisation incessante des compétences techniques ainsi que le développement massif des soft skills nécessaires au travail collaboratif dans l’économie du savoir et de l’IA.

La formation pourrait-elle devenir excessive ? Par exemple dans l’exercice de « art pour l’art » (se former pour se former, en oubliant que, dans l’entreprise, la formation sert des externalités concrètes : performance du business, mise en conformité, rétention des collaborateurs, nouvelles organisations du travail, etc). On retiendra toutefois que l’attention apportée à l’apprentissage est une caractéristique des entreprises les plus compétitives : ces « organisations apprenantes » qui cherchent à faire de leurs employés des « infinite learners » (Reid Hoffmann, LinkedIn).

La formation frugale

Le concept de formation frugale est-il, dès lors, compatible avec ce souci d'abondance ? Deux pistes : simplicité, sobriété :

Viser la simplicité : formation frugale, formation simple. Les Directions learning & development ne voient pas d’un mauvais œil la complexité croissante de leur métier (complexité aussi en œuvre dans les autres fonctions de l’entreprise). Mais, distinguant entre complexité et « complications », elles veulent faire plus simple (réduire les complications). Simplifier est un véritable mot d’ordre qui peut être « opéré » par divers leviers : réduire, par exemple, le nombre de fournisseurs ; simplifier l’écosystème digital dans lequel s’empilent, année après année, de nouveaux outils qui entraînent plus de complications qu’ils ne créent de valeur ; simplifier les processus de formation (conception, production, distribution, évaluation, gestion), etc. 

Des formations plus sobres. La sobriété, c’est la recherche systématique de la solution qui économisera le capital financier et la charge de travail des concepteurs et des formateurs. Illustration : on optera, quand c’est possible, pour le recyclage de contenus de formation déjà existants, afin de consacrer son temps à la création de compléments utiles ou à l’actualisation de l’existant ; on s’appuiera sur un nombre raisonnable de technologies de formation bien maîtrisées qui finiront par être largement amorties plutôt que de référencer systématiquement un nouvel outil.

Formation abondante et frugale

Frugalité et abondance se réconcilient dans l'optimisation des coûts unitaires de la formation :

Avec des budgets de formation stables dans 62 % des entreprises (source : Féfaur, automne 2022), les entreprises doivent former un plus grand nombre de collaborateurs, aussi souvent que nécessaire… La possibilité de cette abondance est conditionnée par la sobriété du coût unitaire des actions de formation ; optimisation rendue possible par la généralisation du Digital Learning. À cette aune, la formation frugale n’est pas une lubie, mais une vision sur laquelle construire une stratégie spécifique passant les actifs (assets) de formation existants, processus inclus, au crible des besoins et des moyens ; la Direction Formation devant intimer silence, au passage, à son ambition d’être systématiquement  « moderne » ou « populaire » pour privilégier les plus solutions les plus utiles.

L’intelligence injectée dans l’objectif d’une formation frugale sera renforcée par l’usage de l’IA (adaptive learning) ; preuve, s'il en faut, que l’innovation doit toujours être considérée avec attention. Pour aboutir à ce qu’on qualifiera de « learning intelligence » par analogie avec le « business intelligence ». On notera enfin que la fonction formation peut aussi compter sur un contexte porteur : la « sobriété heureuse » est dans l’air du temps, pour les particuliers comme pour les entreprises, même si les obstacles ne manquent pas.

La table ronde (en ligne) du 30 mars

Ces sujets, complétés par des considérations pratiques (les leviers pour s’engager et suivre une politique de formation frugale), seront traités par Anne Grjebine (Air France), Loïc Cordon (Apave), Florent Grisaud Verrier (MDBA) et Mathieu Heidsieck (Xperteam) dans leur table ronde du 30 mars à 11:00 (animation par Féfaur).

Parmi les points traités : 

• Les conséquences des contraintes budgétaires de la formation sur les choix des directions formation ? Comment s’assurer que la formation est plus que jamais être utile ?
• Autres tendances militant en faveur d’une formation frugale (transition environnementale, attentes d’une nouvelle génération d’apprenants sensibles à ces questions, etc.)
• Comment démarrer dans une stratégie de formation frugale

Pour s’inscrire au webinaire : La Formation Frugale, un nouvel enjeu pour les directions formation