L’Apave, en quelques mots ?

Pierre Beaufils : L’Apave est le leader de la formation sécurité et santé au travail. Nous sommes au 2ème rang des organismes de formation privés en France avec environ un chiffre d'affaires d’environ 105 millions d’euros rien qu’en France, plus de 1000 références de formation, 350 000 stagiaires formés annuellement, 1000 sessions par semaine.

Pourquoi accordez-vous autant de soin à évaluer la formation ?

Pierre Beaufils : D’une façon générale, nous considérons qu’une action de formation doit impliquer la validation des acquis de l’apprenant. À l’Apave, le processus d’évaluation est d’autant plus stratégique que nos formations techniques s’inscrivent souvent dans un cadre soumis à une certification ou à une norme, et qu’elles permettent de délivrer des avis, titres ou diplômes (par exemple le CACES©) dans des divers domaines comme l’habilitation électrique, le nucléaire, le traitement de l’amiante… 

Comment ces évaluations étaient-elles effectuées avant leur digitalisation ?

Pierre Beaufils : Nos évaluations sont principalement fondées sur deux volets, théorique et pratique. Avant leur digitalisation, tout se fait en format papier : l’apprenant réalise une évaluation théorique en répondant à un QCM papier pendant que le formateur projette des diapositives avec les questions ; le formateur réalise ensuite une évaluation pratique avec une grille d’évaluation papier lors d’une mise en situation de l’apprenant sur un plateau technique interne Apave ou chez le client - cette deuxième évaluation, essentielle, peut se dérouler dans des contextes variés en extérieur, en usine… ; enfin le formateur rédige un avis (toujours papier) pour délivrer le titre / diplôme. Toutes ces données sont finalement saisies dans notre outil de gestion pour produire les documents.

Pourquoi avoir digitalisé ces évaluations ?

Pierre Beaufils : Trois raisons principales nous y ont conduit. D’abord nous souhaitions améliorer la performance opérationnelle de notre dispositif en supprimant la ressaisie du papier dans les outils de gestion. Ensuite nous voulions réduire le délai de remise des divers documents à nos clients en visant une intégration des résultats de l’évaluation à J+1 dans les outils de gestion, ce qui répondait à leurs attentes. Enfin, la digitalisation devait garantir l’homogénéité du processus d’évaluation. Nous avons démarré avec la gamme des formations générant les volumes les plus importants, à savoir l’habilitation électrique. L’objectif est de rapidement déployer la solution sur les autres gammes. 

En quoi a consisté cette digitalisation ?

Pierre Beaufils : La digitalisation du processus se traduit de façon concrète par le déploiement d’une application mobile et d’une « valise formation ». Cette valise contient des tablettes et un routeur 4G pour permettre de se connecter à Internet dans nos locaux ou chez nos clients. Lors de l’évaluation théorique, le formateur remet une tablette au stagiaire pour qu’il puisse répondre aux questions dans l’espace qui lui est dédié. Le formateur utilise l’application sur son smartphone pour visualiser les résultats en direct, puis remplir l’évaluation pratique et rédiger son avis, toujours sur son smartphone.

Cette digitalisation est-elle bien acceptée ?

Pierre Beaufils : Les retours des stagiaires sont très positifs : ils s’approprient facilement la tablette qui est un produit maintenant largement démocratisé et utilisé dans la vie de tous les jours. Les seuls problèmes qu’il nous arrive de rencontrer sont plutôt d’ordre technique dans des lieux d’évaluation où la faiblesse du débit de connexion peut ralentir le chargement des questions. 

Quant aux formateurs, la digitalisation du processus ne leur permet plus d’intervenir pour aider ou guider les apprenants lors de l’affichage des questions de l’évaluation théorique - c’est plutôt une bonne chose ! En effet chaque stagiaire répond de façon autonome à son rythme et les questions peuvent s’afficher de façon aléatoire. Le formateur se retrouve donc dans une position qui s’apparente plus à celle d’un surveillant d’examen à laquelle il n’était pas habitué jusqu’alors.

Quel bilan en tirez-vous ?

Pierre Beaufils : Nous en sommes au début du déploiement de la solution dans une dizaine de centres de formation sur la gamme habilitation électrique. Les clients à qui nous présentons cette solution sont impatients de la voir déployée plus largement, cette innovation devant leur permettre, je le disais plus haut, de réduire les délais de remise des documents généralement nécessaires pour qu'ils puissent continuer de travailler. La prochaine étape, c’est de déployer la solution au plus vite sur l’ensemble de nos 145 centres de formation, toujours dans le champ de l'habilitation électrique. Puis de déployer ensuite la gamme CACES© et Amiante d’ici la fin de l’année. 

Propos recueillis par Michel Diaz

Actualité : Pierre Beaufils interviendra au Séminaire Évaluation Formation Féfaur 2020+, le 24 mars 2020 dans les salons du Saint James Albany à Paris.