Trop d'effet waouh tue l'effet waouh. Pas assez ? Il devient difficile de capter l'attention d'un apprenant contemporain gavé de digital. Il appartient aux professionnels de formation de trouver le bon dosage !
L’effet « waouh » ou « wow » désigne le fait qu’un produit ou service ou une campagne publicitaire puisse déclencher chez les consommateurs un effet de surprise, d’admiration ou d’appréciation pouvant notamment se traduire par l’expression « waouh! » ou « wow! ». L’effet « waouh » provoque l’adhésion des consommateurs confrontés au produit et également un fort potentiel de recommandations / viralité. Il peut être source d’un achat d’impulsion (source : www.definitions-marketing.com).
Docteur Jekyll and Mister Hyde
Deux apprenants coïncident en chacun de nous.
L'apprenant adulte (Docteur Jekyll ?) aux motivations plutôt constantes selon le modèle de l'andragogie (mais cela vaut aussi pour d'autres approches). En deux mots : ma motivation est conditionnée par le rôle qu'on me reconnaît d'être "co-stratège de mes apprentissages" (durée, rythme, conditions, modalités d'évaluation, etc.), par le fait aussi qu'on prenne en compte mon expérience (autrement dense que celle d'un enfant ou d'un adolescent) et que ma formation soit en lien avec un objectif personnel ou professionnel identifié.
L'apprenant contemporain, c'est le Mister Hyde qui passe beaucoup de temps à surfer sur le Web, jouer ou papoter sur son smartphone, regarder des vidéos ou se demander, via la consultation compulsive de son compte Facebook, s'il n'est pas en train de rater un "bon plan" (FOMO : fear of missing out).
De la nécessité de l'effet waouh
L'effet waouh vise directement cet apprenant contemporain : la formation craint de n'en faire jamais assez pour satisfaire cet sorte d'ogre jamais rassasié de nouveauté, et à la mémoire courte (il oublie souvent la nouveauté qui remportait tous ses suffrages la veille). La formation a beau s'en désoler, elle doit faire avec, sauf à adopter une stratégie de rupture / retour au passé (déconseillée dans le monde de l'entreprise) : l'abandon du digital, comme il semble que les cadres de la Silicon Valley s'y résolvent pour leurs propres enfants ! Servir l'apprenant contemporain, c'est donc servir un "consommateur de formation", ce qui suppose une nouvelle posture (sinon pour les organismes de formation, au moins pour la fonction formation en entreprise). Imaginer comment la formation, ces services, son plan de communication interne pourraient déclencher "un effet de surprise, d’admiration", provoquer "l’adhésion des apprenants"…
De la nocivité de l'effet waouh en formation
A contrario, ne jurer que par l'effet waouh, la dernière innovation, c'est une impasse assurée pour la formation. D'abord parce que cet effet tient d'une addiction : toujours plus de surprise, d'excitation, de nouveauté… C'est une règle pour maintenir durablement le haut niveau d'engagement et de "consommation pédagogique" de l'apprenant, ce qui suppose des moyens que le département formation ne possède pas, ou qui pourraient être mieux utilisés. Ensuite, l'effet waouh finit inéluctablement par mourir de ses excès : l'effet de surprise s'émousse, à la longue il lasse des apprenants qui prennent la formation trop au sérieux (performance opérationnelle, enjeu d'employabilité, de développement) pour accepter qu'elle se cantonne à la simple promotion de gadgets numériques. Avec le retour en force de l'humain dans la formation, on peut d'ores et déjà sentir les prémices d'un retour de balancier : les salariés ont commencé de faire la différence entre leurs pratiques digitales personnelles et professionnelles, même si elles ne peuvent être complétement étanches.
Aux professionnels de formation de trouver en permanence le bon dosage - juste ce qu'il faut d'effet waouh ! - pour s'assurer que leurs offres de formation soient à même de réconcielier le Docteur Jekyll et Mister Hyde !
Michel Diaz
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