Le Baromètre Cegos 2017 témoigne d'une convergence entre l'entreprise, sa DRH et son département formation d'une part, et les salariés d'autre part. Tout le monde pousse à la digitalisation des formations… pour des raisons différentes ! Grosso modo : l'entreprise veut optimiser ses coûts de formation unitaires et les salariés se former quand ils en ont besoin. Le digital y pourvoit, mais le présentiel et plus généralement l'échange continuent d'avoir la préférence des salariés. Un équilibre pas toujours simple à trouver.
Réforme de la formation 2014 ? Finalement elle sera passée comme une lettre à la poste : 57% des DRH et des Responsables formation considèrent qu'elle simplifie le droit à la formation, 60% des répondants estimant qu'il s'agit d'une bonne loi pour réformer la formation. Plus étonnant du côté des salariés (puisque le baromètre, c'est son originalité, sonde les professionnels RH et leurs "clients") : ils sont 70% à connaître le CPF, 62% à avoir ouvert un compte et 61% considèrent qu'il est facile à mobiliser dans leur entreprise.
La formation comme moyen de s'adapter aux transformations en cours ne fait plus débat : 99% des salariés considèrent qu'il faut se former tout au long de sa vie professionnelle. Pour autant 27% seulement sont prêts à financer une partie de leur formation. Est-on si loin du discours aux actes ? Non si l'on prend en compte que 64% des salariés sont prêts à se former en dehors de leur temps de travail. Le contrat qui semble pouvoir se dessiner : une formation financée par l'entreprise (ce n'est pas nouveau) pour des salariés dont l'investissement consistera à se former en dehors du temps de travail. Une forme de co-investissement. Reste à se mettre d'accord sur les formations concernées !
Les modalités de formation sont interrogées. Point de vue de la fonction formation-RH pour commencer : le présentiel continue d'être placé en tête du palmarès : 72% - l'humain encore et toujours, en ces temps où le lien social doit se renforcer, ce qu'on voit aussi à l'oeuvre dans le tutorat et le coaching qui peuvent servir aussi la formation à distance (47% des citations). Les modalités de formation à distance continuent de faire la part belle au e-learning (53%) toutefois dépassé par les vidéos (60%) : conforme à la place que la vidéo est en train de prendre sous l'influence des grandes plate-formes (YouTube, Facebook, etc.) et des capacités de production et de montage offertes par les smartphones. Perdant : le serious game (13%) malgré ses quinze ans d'âge, doublé par des approches plus récentes (MOOC : 32%). La classe virtuelle obtient un score honorable (41%) et étonnant, sauf si on considère que le concept a évolué en intégrant les webinaires, conférences en ligne, etc., bref : le "live" à distance.
Du point de vue des apprenants, le classement diffère : ils plébiscitent le présentiel : 97% considèrent que c'est la modalité de formation la plus satisfaisante ; s'il ne tenait qu'à eux, c'est avec la classe virtuelle (97%) la modalité qu'il choisirait, ce qui est une pression réelle sur la fonction formation-RH, et qui explique que les dispositifs présentiels ne survivent pas si mal.
Résultat : la digitalisation de la formation gagne du terrain : dans les entreprises de plus de 2.000 salariés 46% de l'offre de formation est d'ores et déjà digitalisée, 68% prévus à 3 ans. Parce que les avantages perçus sont réels et importants pour la fonction formation-RH (à commencer pour l'optimisation des coûts et la possibilité de former le plus grand nombre) et les salariés qui apprécient la disparition du papier, l'utilisation du numérique en salle et l'accès à des ressources sur une plate-forme en ligne.
Michel Diaz
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