Première de son genre, la récente enquête des partenaires sociaux de la Branche des organismes de formation privés traduit une réelle prise de conscience que le digital est en train de transformer les métiers de la formation. Une raison d’être rassuré : responsables et formateurs sont mûrs pour cette diversification.
Les partenaires sociaux de la Branche - FFP (employeurs) et CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO (salariés) - ont mené leur double enquête sur les impacts du digital dans les métiers de la formation ; enquête dont l’intérêt principal est de montrer que les dirigeants de ces organismes et les formateurs ont le même diagnostic sur les changements en cours et qu’ils sont partants pour jouer le jeu.
La première question portait sur l’irréversibilité de cette transformation : 31% des responsables d’organisme de formation et 26% des formateurs sont tout à fait d’accord avec le constat d'irréversibilité. Si l’on y ajoute les réponses « Assez d’accord » (37% des responsables et 41% des formateurs), on se dit que le secteur est sur la bonne voie : pas moyen de rester immobile devant ce qui est irréversible ! À noter cette curiosité : pour faciliter les réponses, la question précisait « car le numérique s’installe dans tous les secteurs d’activités »… Aucune raison d’y échapper, en quelque sorte, puisque tous les secteurs sont concernés de proche en proche ; on aurait pu attendre de la formation qu’elle anticipe, au contraire, et qu’elle aide les autres secteurs à se transformer ; ce n’est pas la posture qu’elle aura choisie.
La formation digitale à distance est-elle une « approche pédagogique susceptible de convenir à terme à tous les apprenants » ? 76% des responsables et 77% des formateurs (tir groupé) répondent « Pas du tout d’accord » ou « Plutôt pas d’accord ». La plupart des professionnels de formation, y compris ceux spécialisés dans la formation digitale, répondraient de même à une question mal posée, car les dispositifs de formation actuellement utilisés en entreprise marient formation digitale à distance et formation présentielle (elle-même plus ou moins digitalisée : « formation digitale en salle »).
Des raisons d’être optimiste maintenant : 22% des formateurs interrogés participent à la création de produits e-learning et cela leur plaît ; 54% n’y participent pas mais cela leur plairait ! De fait le e-learning n’est plus aujourd’hui l’affaire des seuls concepteurs pédagogiques multimédia : les formateurs savent qu’il existe des outils et des méthodes permettant aux experts de contenu (dont ils sont) de créer des modules de qualité sans en passer par l’apprentissage d’un langage abscons. Cette ouverture d’esprit s’appuie bien sûr sur leur constat que la digitalisation de la formation aura un très fort impact (10%) ou un fort impact (58%) sur leur compétences.
Balle dans le camp de la FFP ? On pourrait le croire : les formateurs désirant avancer dans cette voie, leurs organisations syndicales vraisemblablement aussi (certaines, comme la CFDT et la CFTC, ayant digitalisé leur propre centre de formation)… aux organismes de formation de mobiliser ces bonnes énergies !
Michel Diaz
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