C’est bien connu : la stratégie est un art d’exécution. Elle ne consiste pas à répondre au Pourquoi (quoique), mais vient après, pour répondre aux "comment". Des questions pouvant différemment être regroupées, pour ne pas perdre de vue que leurs réponses interagissantes doivent être en cohérence. Après, il ne restera plus qu’à s’engager !
Pourquoi le Digital Learning ? Si ce n’est pas la principale question à laquelle la stratégie cherche à répondre, elle ne peut toutefois être esquivée. Elle pose en effet une interrogation en termes d’enjeux. Pour résumer : les entreprises veulent passer au Digital Learning parce que la formation traditionnelle ne suffit plus à former tout le monde, à former souvent, à former très rapidement, et à former de façon aussi individualisée et engageante que possible, le tout pour un niveau d’homogénéité et de localisation convenable et au coût le plus faible. Contextes, marchés, métiers, organisations, cultures, valeurs, ces enjeux pourraient se décliner à l’infini : il n’y a pas deux entreprises identiques, il n’y a pas deux “sets” d’enjeux identiques.
Le Digital Learning, comment ? C'est la question au cœur de la stratégie, nettement plus complexe que celle du pourquoi. Comment réaliser la promesse du Digital Learning, celle que l’entreprise aura décidé pour elle-même, ses métiers et ses collaborateurs ?
Simplifions : un dispositif Digital Learning correspond à un ensemble de composants — contenus, services, plateforme — parfaitement intégrés et aptes à tenir cette promesse. Mais cela correspond aussi à un corpus de processus — conception, production et diffusion des contenus, gestion, évaluation des résultats.
Pour construire ce dispositif, il faut partir des futurs consommateurs –les collaborateurs, les métiers– tout savoir de leurs besoins et de leurs attentes et savoir le temps qu’ils passent sur le terrain (agences, usines… tout établissement hors le siège social).
Le reste viendra ensuite relativement naturellement : le design des offres de contenus et de services qui vont servir au mieux le terrain, le design des processus permettant de fabriquer et de déployer ces offres ; enfin les évolutions des missions et des compétences de l’équipe formation pour mettre en œuvre ces processus. Viendra enfin le retour d’expérience, pour ajuster les offres et les processus aux résultats de la formation. Avec la cerise sur le gâteau : les nouvelles compétences de l’équipe formation lui permettent d’imaginer de nouvelles offres, d’innover pour répondre plus efficacement aux attentes des clients internes ou externes.
Composants, processus : ces deux angles (complémentaires) de la stratégie Digital Learning amènent leur propre lot de questions. D’abord de quoi parle-t-on ? Une des premières bonnes pratiques à mettre en route est l’établissement d’un glossaire (pour qu’en effet tout le monde parle la même langue). Ensuite, surviendront les questions sur le « comment » –comment évaluer les résultats, comment choisir la plateforme, comment engager les collaborateurs dans leur formation, comment optimiser les coûts sans nuire à la qualité, comment impliquer les managers, comment produire les contenus… Au bas mot 50 à 100 questions qu’il importe de rédiger clairement - bien poser la question, c’est avoir la moitié de la réponse.
Mais bien que très utile, ce travail ne suffira encore pas… L’étude préalable importe, mais elle n’est pas un simple exercice de style. Elle ne doit pas s’éterniser. Le stratège Digital Learning s’engagera par la suite rapidement dans le processus, car c’est l’action qui lui permettra de vérifier l’adéquation de la construction d’ensemble aux exigences du terrain. Lesquelles viendront en retour amender la stratégie. C’est une autre leçon du terrain : la roadmap Digital Learning doit être régulièrement mise à jour - annuellement a minima, pour se synchroniser avec la transformation digitale de l’entreprise et les innovations valables de l’offre.
Michel Diaz
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