Pour Paul Laverdure et Christine Da Silva (respectivement Directeur Général et Responsable Ingénierie Pédagogique, Nouvelles Donnes Formation), l'innovation c'est bien… mais s'assurer de la bonne complémentarité des diverses modalités d’apprentissage c'est mieux, en n'oubliant pas de placer l'apprenant au centre du système construit pour répondre à ses attentes.
La technologie ne répond pas à tous les besoins
La formation professionnelle trouve, dans l’essor de la technologie, de nouvelles ressources pédagogiques pour moderniser l’apprentissage. Néanmoins, l'usage de ces outils se heurte souvent, au sein des entreprises, à des contraintes qui viennent annuler les bénéfices technologiques. Faut-il priviléger le collectif ou l'individuel, le digital ou l'humain, le présentiel ou le distanciel… ? Aucune de ces possibilités ne saurait répondre seule, tant les problématiques rencontrées s’avèrent diverses. On peut juste constater que, d’une manière générale, les apprenants parviennent difficilement à se former seuls, qu'ils retiennent peu d’informations et qu'ils s’ennuient souvent dans les formations en présentiel.
Au-delà de la dificulté à choisir l'approche de formation la plus pertinente, les entreprises sont confrontées à de véritables problématiques d’effectif. Trois injonctions en partie contradictoires se croisent alors : il faut former un grand nombre de personnes, il faut individualiser les formations pour une meilleure assimilation - mais, paradoxalement, les budgets dédiés aux formations (qui conditionnent leur bonne mise en place) s’amoindrissent. Quant à la question-clé de l'individualisation, si la formation collective est propice au développement de la collaboration et à l'émergence d’un esprit d’équipe, elle trouve tout de même ses limites dans une forme de standardisation qui vient contraindre les apprentissages individuels.
Réconcilier digital et humain autour d’un maître mot : la complémentarité
On peut rémédier à ces problèmes de diverses façons : coaching personnalisé, accompagnement individuel, évaluations récurrentes, co-construction de la formation avec l’apprenant ou learning by doing (apprentissage par l’action) par exemple.
On peut aussi utiliser le micro-learning (une tendance forte), c'est-à-dire des séquences de formation de trente secondes à trois minutes faisant intervenir une multiplicité de supports (texte, image, son), notamment pour gagner l'attention de l'apprenant sur des nouveaux éléments / connaissances.
On peut aussi mettre la technologie à contribution, pourvu qu'on évite le "tout technologique", qui parviendrait d'autant moins à retenir les apprenants qu'il proposerait une réponse standardisée, débouchant sur une lassitude grandissante des apprenants, comme on peut le constater fréquemment. C'est que la technologie ne saurait exclure l’humain ; au contraire les deux doivent se conjuguer, tout comme les formations présentielles avec les formations en ligne, le collectif et l’individuel, avec ou sans digital.
Notre constat de formateur : c'est leur complémentarité qui donne tout son sens à ces nombreuses modalités d’apprentissage, par exemple : des séances individuelles conviendront aux apprenants qui ont besoin d'une attention particulière, tandis que l’option collective, par le biais de groupes de niveau, pourra être adaptée aux principales attentes de chacun, avec une taille modulable selon le besoin d’interaction et de personnalisation inhérent à la teneur de la formation. Une heure d’un cours personnalisé, basée sur l’apprentissage par l’expérimentation, est plus efficace que dix heures de cours collectifs et standardisés. Face aux nouveaux défis que la digitalisation apporte dans les processus de formation professionnelle, un facteur est prépondérant dans le choix des modalités d’apprentissage : l’apprenant et ses besoins doivent être au cœur de sa formation.
Paul Laverdure, Christine Da Silva
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