Si le bitume qui existe à l’état naturel a été exploité dès l’antiquité, il est essentiellement aujourd’hui un sous-produit issu du raffinage du pétrole en carburant. Attention à ne pas le confondre avec le goudron (propriétés similaires) issu du charbon, très cancérigène. La réussite, si l’on peut dire, du bitume tient à ses qualités : il est imperméable, élastique et possède un grand pouvoir agglomérant qui résiste au vieillissement et à l’usure. Utilisation : 90% de la production mondiale passent dans les routes, le reste dans les toitures (son pouvoir d’imperméabilisation). Un produit moderne donc, objet de R&D et de normalisation.

D’où l’intérêt de ce MOOC : un cours qui se déroule sur 4 semaines, balayant l’ensemble du cycle de vie du bitume étudié à travers 35 vidéos de 5 à 10 minutes chacune (anglais, sous-titré français/anglais). On y apprend les détails de la composition et des propriétés physico-chimiques, la production, les additifs, les normes, le marché, l’exploitation, le recyclage et les nombreuses batteries de test dont l’impressionnant carrousel de l’IFSTTAR (Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux). C’est un des points forts de ce MOOC, que d’étudier chaque étape de façon approfondie. Le découpage est intelligent, et le rythme plutôt facile à suivre à raison d’une heure environ de vidéo hebdomadaire. Il est possible de régler la qualité des vidéos pour en adapter le visionnage sur ordinateur ou smartphone. Notons au passage que Coursera - la plateforme sur laquelle est diffusée le MOOC - dispose d’une application très performante pour suivre les MOOCs sur smartphone : je n’ai rencontré aucune difficulté à suivre ce cours quand j’étais en train de me déplacer.
 
Bémol : la multiplication des intervenants - une vingtaine, provenant de différents secteurs - n’est pas d’un grand apport pédagogique, en particulier quand ces experts de contenus ne sont pas à l’aise avec l’exercice, ce qui est particulièrement flagrant ici, certains francophones peinant à lire leur texte en anglais ! Au reste lire un texte devant une caméra n’est pas le meilleur moyen de communiquer sa passion. Évaluation et examen classiques : QCM à la fin de chaque semaine, quizz final en fin de quatrième semaine. On regrettera d’être obligé de payer le certificat (44€) pour passer l’examen final. D’autant que les autres points forts de l’approche MOOC manquent aussi à l’appel : aucune animation ni réponse apportée aux MOOCer, malgré la présence de 24 modérateurs dans le forum de discussion ! Le sujet étant tout de même assez ardu / spécifique, on aurait aimé de l’interaction.
 
Bref, un sujet au départ assez peu avenant (le bitume), mais qui mérite d’être connu… et dont le cycle de vie se révèle tout à fait intéressant. Ce MOOC - une aventure de 4 semaines - devrait même être une sorte de bagage minimum pour toute personne en lien avec les réseaux routiers. Soufflons à ses concepteurs que les vidéos (plutôt que des images ou dessin, comme c’est actuellement le cas) pourraient aussi servir à montrer de réels exemples de fonctionnement d’une usine de production, d’exploitation sur les routes, autoroutes ou même les toits… Comment on teste, comment on produit du bitume avec des algues, comment se passe le recyclage… Prochaine évolution du MOOC ?

Sébastien Beaune