2016 voit émerger une tendance forte, celle de la Réalité Virtuelle, une technologie avec un potentiel énorme qui pourrait disrupter de nombreux secteurs. Passage en revue de quelques applications, en particulier dans le champ de la formation, avec Pascal Malotti, Directeur conseil et marketing chez Valtech France.
Quel est l'état actuel de la réalité virtuelle ? Va-t-elle se répandre rapidement ?
Pascal Malotti : La réalité virtuelle est dans sa phase de démarrage : Il faut compter environ 10 ans pour créer un écosystème cohérent autour d'une nouvelle technologie. Chez Valtech, nous élaborons des prototypes autour de ce sujet, comme nos collègues canadiens qui travaillent pour la marque Thermador, revendeur de cuisines haut de gamme. Ils ont imaginé une série de vidéos conçues en mode Réalité Virtuelle, à visualiser sur les points de vente, afin de permettre aux clients de s'immerger complètement dans leur future cuisine.
Pour les marques, la Réalité Virtuelle permet d'abord de réinventer l'expérience utilisateurs, autour de l'émotion, par le biais d'expériences ludiques et pédagogiques. A travers ces dispositifs immersifs, les consommateurs se projettent dans un univers innovant, qui peut orienter leur perception vis à vis de la marque, des produits et faciliter leur choix d'achat. (démo vidéo)
Quels sont les secteurs pour lesquels la réalité virtuelle sera un enjeu important ?
Pascal Malotti : Certains secteurs vont avancer plus vite que d'autres, car leur business est directement lié aux développements des technologies de Réalité Virtuelle. Aujourd'hui, on en parle surtout dans le secteur du jeu vidéo et du cinéma, des écosystèmes dont les liens avec les systèmes immersifs sont évidents. A Amsterdam vient d'ouvrir une première salle de cinéma en Réalité Virtuelle. Mais de nombreux autres secteurs vont prendre le sujet à bras le corps… c'est le cas de la santé par exemple. Mark Zuckerberg disait récemment qu'il était convaincu que nous serions bientôt en capacité de réaliser des opérations chirurgicales à distance, grâce à la réalité virtuelle.
Quels sont les freins à l'émergence de la réalité virtuelle dans notre quotidien aujourd'hui ?
Pascal Malotti : Le marché de la réalité virtuelle n'est pas encore mature en termes de contenus. L'écosystème va mettre du temps à se stabiliser. Certains acteurs importants n'y sont pas encore présents, Apple notamment. On a pu se rendre compte que, si en 2016, l'approche était axée sur la découverte et pédagogie, elle sera concentrée sur les «POC» (Proof of Concept) l'année suivante.
La réalité Virtuelle est très dépendante du développement du matériel qui y est associé, et qui est en train de se mettre en place autour de la technologie. Et l'écosystème est très disparate : entre le Google Cardboard à 29 dollars et le casque Gear de Samsung à 99 dollars, ou encore l'Oculus Rift qui vaut 6 fois plus !
La Réalité Virtuelle est la prochaine révolution… elle va modifier nos modes de vie et pénétrer notre quotidien. Petit à petit, nous sortons du gaming pour arriver à des enjeux industriels, dont le but est de rendre cette technologie accessible à tous, matériellement et financièrement.
Vous avez souligné ces expériences ludiques et pédagogiques que permet la Réalité Virtuelle… On peut imaginer qu'elle jouera un rôle croissant dans le secteur de la formation ?
Pascal Malotti : Outre une utilisation commerciale de la réalité virtuelle par les marques, la pertinence de cette technologie comme nouveau vecteur d’apprentissage et de formation professionnelle est en effet avérée. Airbus forme ainsi ses salariés aux nouveaux process d’assemblage des avions de cette manière. Il en est de même pour le géant français du transport gazier, GRT gaz, qui a mis au point un poste de distribution de gaz totalement fonctionnel (ouvertures de vannes, vérifications de la pression et recherches de pannes) dans un univers virtuel.
Certaines opérations, impossibles à réaliser en situation réelle pour des contraintes de sécurité, peuvent ainsi être enseignées sans risque. Cet argument a d’ailleurs convaincu les autorités militaires : norvégiens, britanniques, américains… tous utilisent les casques de réalité virtuelle pour l’entraînement des soldats. Au Royaume-Uni, l’armée s’est également équipée de casques Oculus Rift pour la formation de médecins militaires, afin d’optimiser la gestion des secours sur le terrain. La pertinence de ce support comme méthode pédagogique de formation des équipes est en passe de devenir une nouvelle norme. Pour l’heure, il s’intègre progressivement dans chaque secteur d’activité.
Propos recueillis par Michel Diaz
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