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Le social learning au service de l’apprentissage collaboratif, par Geoffroy Lahon-Grimaud
02 JUIN 2016 / pratiques
La plupart des professionnels de la formation sont familiers du modèle d’apprentissage dit « 70-20-10 », selon lequel la plupart d’entre nous tirons nos apprentissages : 70% de nos expériences de travail, autrement dit « sur le tas », 20% des interactions informelles avec nos collègues et autres interlocuteurs professionnels, 10% de formations structurées, qu’elle qu’en soit la forme…

On constate sans surprises que de plus en plus d’entreprises cherchent à tirer parti du Social Learning pour encourager leurs employés à apprendre les uns des autres et à collaborer pour co-construire des savoirs, des pratiques et des compétences. Nous tenterons ici de cerner le concept de Social Learning pour en dégager les bénéfices, voire comment il peut être exploité au mieux au sein des organisations et en tirer quelques bonnes pratiques pour encourager l’apprentissage collaboratif.

Social Learning : Définition

Pour faire simple, le Social Learning revient à apprendre par et avec les autres. Une telle expérience peut se vivre aussi bien en ligne – au travers des outils bien connus propre aux médias sociaux ou aux forums par exemple – que hors ligne aux cours de groupes de discussions, de conférences ou encore autour de la machine à café. Il n’est donc pas lié par définition à une activité en ligne et à l’utilisation des environnements « Sociale Media » mais les perspectives ouvertes par l’internet social depuis près de 20 ans* placent le Social Learning sur un terrain très largement numérique qui englobe plus qu’il n’exclue les activités d’apprentissage informel « off-line ».

Quels sont les ingrédients qui permettent l’apprentissage collaboratif en ligne ?

Les plateformes sociales ont permis de populariser et de standardiser un certain nombre de fonctionnalités telles que le « like » (soit un vote permettant de qualifier un contenu), les commentaires, les posts (et leur agencement dans les fils triés par catégories), les messageries instantanées («ou « chats »), les groupes de discussion, les wikis, les conférences vidéo etc. Ces outils permettent de bâtir des communautés virtuelles basées sur une approche semi-structurée qui laisse libre cours à l’esprit de collaboration tout en guidant l’apprentissage par une hiérarchisation et une organisation dynamique des ressources. En s’appropriant de tels outils, ces communautés seront en mesure d’animer des forums de partages d’idées et d’opérer une sélection des ressources qui leur sont les plus utiles au sein d’un « Knowledge center ».

Quels liens entre les medias sociaux et le Social Learning ?

Les médias sociaux fournissent les technologies de base pour connecter les individus en fonction de différents critères d’affinité. Nous les utilisons tous à différents degrés pour garder le contact avec nos proches, entretenir notre réseau professionnel et partager nos réflexions, nos coups de gueule, nos coups de cœur. Mais les possibilités offertes ne s’arrêtent pas là et peuvent être mises au service du partage et de la co-construction de savoirs, qui est une autre façon de définir le Social Learning. La clefs pour porter les simples échanges au niveau de l’apprentissage réside dans la façon dont on encourage la participation de chacun.

Comment le Social Learning aide les gens à se former ?

D’après les travaux de Mason et Rennie**, on peut dénombrer 4 bénéfices majeurs de ces contenus appréhendés par les apprenants par le prisme les outils sociaux en ligne :

  • Les apprenants disposent d’outil leur permettant de s’impliquer dans la construction d’une expérience propre plutôt que d’absorber passivement des contenus pré-existants dans une logique définie.
  • Le contenu est sans cesse requalifié voire réactualisé par les utilisateurs plutôt que d’attendre l’intervention souvent couteuse d’un expert en la matière.
  • Les nouveaux outils incorporent souvent nativement les supports nécessaires à l’apprentissage et au travail en équipe (mises en relation qualifiées, édition de profils, tutos, faq, support, qualification de contenu, environnement de commentaires, systèmes de badges et de classements etc.)
  • Les espaces de partages contribuent massivement à l’intérêt que les jeunes générations portent à ces communautés. Au-delà des contenus dont ils sont les véhicules, ils constituent « par essence » un facteur d’assiduité et de motivation des apprenants.

La médaille a-t-elle un revers ?

Sans revers, pas de médaille mon bon Monsieur ! Mais plutôt que de revers, il faudrait parler de contraintes, celles qu’impose la structuration «lâche » de l’approche collaborative et l’existence des espaces de liberté nécessaire à l’éclosion d’un démarche informelle. Ainsi est-il difficile de déterminer la valeur ajoutée exacte du Social Learning et le temps nécessaire pour que cette démarche ne génère un impact réel en termes de productivité. C’est surtout vrai si l’on ne questionne pas le bien fondé des KPI qui sont habituellement utilisés dans le cadre de dispositifs de formation structurés et balisés de longue date.

Mais de quoi se plaint-on au juste ?

  • La multiplicité des externalités positive du Social Learning est telle (incrémentales, comportementales, organisationnelles…) que – oui en effet – leur mesure devient plus complexe***.
  • Selon le niveau de maturité de vos apprenants, il est également vrai que la démarche qui consiste à dépasser les logiques de l’apprentissage individuel pour apprendre de façon collaborative peut prendre du temps ; Le temps d’une adaptation nécessaire à une nouvelle attitude plus active vis-à-vis des savoirs et de leur construction.

Et les bonnes pratiques alors ?

Chose promise, chose due. Les pratiques qui suivent devraient vous aider à transformer vos projets de formation orientés « social » en succès :

Créer un environnement où les apprenants peuvent être répartis dans des groupes distincts. Cela aidera à :

  • Répartir les tâches de « problem solving » afin que les petits écueils particuliers soient réglés rapidement pour permettre ensuite de s’attaquer collectivement à des projets et des enjeux plus larges et clarifiés.
  • Préserver des environnements restreints pour favoriser l’expression de la créativité.
  • Former des groupes de travail temporaires pour avancer sur des problématiques précises de votre business.
  • Disposer d’un environnement précis et reconfigurable en fonction des besoins.

Encourager les apprenants à constituer une base documentaire collaborative plutôt que de se reposer sur une assistance extérieure.

On touche là au bénéfice comportemental induit par le Social Learning au-delà même de la nature des contenus. Insuffler un esprit d’équipe et une cohésion entre les apprenants en :

  • Encourageant la participation de tous.
  • Incitant chacun à s’approprier les enjeux définis par l’entreprise.
  • Poussant sans cesse le développement de la communauté.
  • Favorisant une motivation indispensable à toute démarche d’apprentissage.

Comment utiliser efficacement le Social Learning ?

Les usages et les bénéfices des médias sociaux sont variés. En voici quelques-uns à utiliser en priorité pour favorise le succès des initiatives de Social Learning :

  • Ils peuvent servir d’auxiliaires efficaces à la formation traditionnelle en y ajoutant des discussions et des partages d’expériences.
  • Ils peuvent servir à développer de façon insoupçonnée les savoir et les compétences acquis sur un mode formel par l’encouragement à se les réapproprier par le biais de la génération de contenu tiers, la recension, la reclassification, la redécouverte sous différents angles, la multiplication des modes d’accès, la relecture corrective ou critique…
  • Ils peuvent aider les apprenants à constituer un environnement d’apprentissage personnel propre directement au service de leur travail. Cela passe par l’encouragement à référencer des ressources utiles trouvées sur des blogs, des forums, Youtube ou des sources qualifiées telles que Wikipedia sur la base de problématiques données. Cette activité de curation de contenu devient alors une activité de création de contenu en soi.
  • Ils aident à constituer des communautés de pratique pour des groupes tels que les nouvelles recrues, les parties prenantes d’un projet donné, les équipes opérationnelles, les métiers etc.
  • Ils facilitent la constitution de bases de données structurées à partir d’outils pourtant informels. L’utilisation de ressources collectées par le Social Learning permet de croiser des ressources d’une grande variété et contribue à trouver des solutions concrètes que la formation traditionnelle peine à faire émerger.
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