La FFP vient de publier son observatoire économique 2015… Les organismes privés font état d’un chiffre d’affaires stable en 2014 et sont inquiets pour 2015… On pourrait s’attendre à connaître déjà les résultats 2015 et les perspectives 2016, mais c’est ainsi : les statistiques de formation vont au rythme ancien, qui empêche de voir l’urgence des décisions à prendre. Année 2014 stable pour les 500 adhérents de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP), avec 3,2 millions d’apprenants formés, pour un peu plus de 1,7 milliards de chiffre d’affaires cumulé. 500 organismes de formation, c’est évidemment une goutte d’eau dans l’océan des entreprises possédant un numéro de déclaration d’existence (70.000 entend-on parfois), mais la FFP réunit les plus représentatifs, le chiffre d’affaires moyen par adhérent étant de 3,5 millions d’euros. On comprend que l'institution soit l’un des interlocuteurs privilégiés du nouveau plan visant à former 500.000 demandeurs d’emploi, et que Jean Wemaere, son Président, puisse assurer les pouvoirs publics de la capacité des organismes de formation privés à relayer ce plan. Autre indication importante : 97% des adhérents sont engagés dans une démarche qualité (OPQF, NF, ISO) : la Réforme de la formation professionnelle est passée par là, et ses dispositions sur la certification qualité.
Si l’évolution des taux de marge ne donnait pas d’inquiétude en 2014 (stable ou en hausse : 58%), il n’en sera sans doute pas de même en 2015 à en croire les prévisions de l’observatoire, 16% seulement des organismes de formation prévoyant une marge en hausse. Autre question posée pour 2015, celle des opportunités portées par la Réforme de la formation professionnelle. Opportunité pour développer le e-learning ? 8% des adhérents se disent non concernés ; surprenant… On pourrait donc encore échapper à cette diversification ? 50% pensent par ailleurs que cette opportunité est faible ou plutôt faible, inquiétant ? On est tenté d’administrer une petite piqûre de rappel : 10 opportunités de la Réforme, pour l’offre et la demande. Lucidité en revanche sur la mise en place du CPF, dans lequel 31% seulement des organismes de formation voient une opportunité plus forte, voire forte. La montée en puissance du dispositif fin 2015 pourrait toutefois rendre le sourire aux pessimistes.
Si les opportunités de la Réforme ne sont pas vraiment au rendez-vous, on ne peut en dire autant de l’impact qu’elle a eu sur l’adaptation de la stratégie commerciale (78% impact fort ou plutôt fort), sur celle de l’offre de formation (idem), et dans une moindre mesure sur la politique de prix (53%), à mettre en relation avec la baisse des marges, car on imagine bien que l’influence de la Réforme sur les prix ne va pas dans le sens que souhaiteraient les adhérents !
Ces chiffres intéressent ; dommage cependant qu’ils concernent ce qu’on pourrait qualifier de “lointain passé” rapporté à l’accélération générale induite par la transformation digitale des entreprises, des usages et des attentes apprenantes. Les technologies d’enquête permettent aujourd’hui des études quasiment en temps réel : rien n’empêche, c'est une suggestion, que la FFP dispose d’un observatoire trimestriel pour prendre le pouls d’un secteur en pleine tempête et faciliter la prise de décision comme l’alerte des pouvoirs publics.
Michel Diaz
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