Quels événements et tendances ont marqué le secteur de la formation professionnelle en 2015 ?

Jean Wemaere : L’année 2015 est marquée par l’entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2014 qui apporte des changements profonds pour notre secteur. Elle invite les entreprises à inscrire le Capital humain au cœur de leur performance en consacrant la formation professionnelle comme un investissement et non une dépense fiscale contrainte. C’est un changement profond que la FFP contribue à accompagner en valorisant les impacts économiques et sociétaux de la formation professionnelle. Côté individus, la mise en place du Compte Personnel de Formation répond à une ambition également forte : permettre à chacun, quel que soit son statut et sans nécessaire aval de son employeur, de bénéficier de formations certifiantes dont il aura lui-même l’initiative.

Quelles en ont été les conséquences pour les organismes de formation et leurs salariés ?

Jean Wemaere : La mise en œuvre de la réforme a engendré des difficultés pour notre secteur. Les organismes de formation ont constaté un ralentissement de l’activité de formation professionnelle notamment au premier semestre 2015, ainsi qu’une accélération forte de la dégradation des marges. La FFP avait alerté dès mai 2014 sur ce risque et souligné les conditions de succès de la réforme. Fortement mobilisés, nous avons obtenu des assouplissements en permettant notamment l’inscription des formations langues au CPF. Mais nous continuons à défendre des mesures concrètes qui permettraient de renforcer l’investissement des entreprises et des individus dans la formation professionnelle, au service de leur compétitivité et de leur employabilité. 

Quelles sont en particulier les conséquences de la transformation digitale de la formation sur l’offre des adhérents de la FFP et leurs relations avec les entreprises ?

Jean Wemaere : La transformation digitale des entreprises est incontestablement une tendance qui ne peut que s’accélérer. Cet impact de la transition numérique a encore été souligné récemment par Bruno Mettling dans son rapport «Transformation numérique et vie au travail ». Le Directeur Général Adjoint d’Orange y insiste sur « la nécessité de faire de la formation continue le moteur permanent de l’innovation et de l’agilité dans toutes les entreprises ». L’offre de formation évolue elle aussi et les organismes se sont déjà adaptés pour répondre à la demande grandissante du marché de multimodalité (Blended-Learning), d’instantanéité et de nomadisme.  Les adhérents de la FFP sont déjà plus de 2/3 à avoir mis en place des solutions blended learning ou distancielles et misent sur la Recherche et le Développement pour continuer à innover (Cf. Observatoire Economique de la FFP).  

Quelle place pour les organismes de formation de la FFP, sur un marché de la formation où une nouvelle concurrence fait irruption (les universités avec les MOOC, des réseaux sociaux, etc.)  

Jean Wemaere : La FFP s’est bâtie sur une conviction forte : c’est la pluralité de l’offre de formation qui garantit sa qualité et son innovation, et donc sa capacité à répondre aux besoins des individus et des entreprises. Vous constaterez d’ailleurs que les membres de la FFP ont des statuts différents, qu’ils soient associations ou sociétés commerciales. Ce que nous veillons à garantir en revanche, c’est la concurrence saine et loyale entre les prestataires de formation continue. La formation professionnelle est un marché économique à part entière, régi par les règles de la concurrence. L’offre de formation privée, qui couvre 75% des besoins en formation dans notre pays, est tout à fait en mesure de répondre à l’entrée de nouveaux acteurs compte tenu de son expertise dans le développement des compétences professionnelles et de sa proximité avec le monde économique.

Propos recueillis par Michel Diaz